En Israël, la police présente de nouvelles règles sur l’ouverture du feu suite aux émeutes à Jérusalem

Le roi Abdallah II de Jordanie a annoncé dimanche que “la mosquée Al-Asqa est un lieu de prière musulman qui ne se partage avec personne” lors d’une réunion à Amman avec les membres du Parlement jordanien suite aux violences qui ont éclaté à Jérusalem, selon le journal israélien Haaretz.

“Je le dis clairement, il n’y aura pas de partage ou de division [de l’esplanade des Mosquées, Mont du Temple pour les Juifs ndlr]”, a déclaré le roi jordanien.

Lors de cette réunion à propos des récentes violences à Jérusalem, le roi Abdallah II s’est adressé aux membres du Parlement israélien. Il a demandé : “Que cherche Netanyahou par ces actes? Veut-il que tout explose?”

Le roi jordanien a affirmé suivre de près les développements dans la capitale israélienne et a indiqué qu’ils feront l’objet des discussions des pays de l’ONU lors de la prochaine Assemblée générale des Nations Unies.

En outre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou va convoquer une nouvelle réunion dimanche avec des hauts fonctionnaires pour évoquer l’escalade des violences à Jérusalem, rapporte Haaretz.

A cette occasion, la police israélienne présentera ses propositions concernant les changements de règles inhérentes à l’ouverture du feu sur les lanceurs de pierres et de cocktails Molotov à Jérusalem-Est et sur le reste du territoire israélien.

Le bureau du Premier ministre a déclaré que le projet de nouvelles consignes de tir avait été approuvé par le procureur général Yehuda Weinstein. Selon le texte, les forces de police seront désormais autorisées à utiliser des balles réelles, lors d’incidents qui représentent un danger pour les civils, ainsi que contre les assaillants qui jettent des pierres et des bombes incendiaires.

Le projet fait une distinction entre les consignes de tir lors de manifestations et celles qui s’appliquent aux incidents appelés “terrorisme populaire”. Un haut fonctionnaire au bureau du Premier ministre a déclaré que le procureur général a autorisé l’utilisation par la police de fusils Ruger à Jérusalem-Est.

La rencontre de dimanche réunira notamment le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan, la ministre de la Justice Ayelet Shaked, le ministre des Transports, Yisrael Katz, le procureur général, des responsables du Bureau du Procureur de l’État et des responsables sécuritaires.

Des responsables de la police doivent également présenter leur plan pour contrer l’escalade des violences à Jérusalem. Il doit comprendre notamment des mesures telles que le déploiement de forces spéciales à Jérusalem, le renforcement des forces présentes dans des quartiers de Jérusalem-Est, ainsi que la poursuite du travail de renseignement et d’enquête menée par une force spéciale du Shin-Bet.

Par ailleurs, le ministère de la Justice a transmis un avant-projet de loi qui imposera des amendes aux parents des mineurs qui lancent des pierres ou des bombes incendiaires.

Le gouvernement, quant à lui, a l’intention d’imposer des peines plancher aux émeutiers, qui se rendent coupables de jet de projectile dangereux.

En ouverture de la réunion, Benyamin Netanyahou a condamné les allégations de dirigeants arabes et dignitaires musulmans selon lesquelles Israël serait responsable des derniers affrontements à Jérusalem

“Je voudrais signaler quelque chose concernant le Mont du Temple. Israël est déterminé à maintenir le statu quo. Nous n’avons pas changé le statu quo”, a-t-il insisté

Il a précisé qu’Israël ne cherchait pas à empêcher la prière musulmane sur le Mont du Temple, ni à détruire les mosquées.

“Cette incitation à la haine est le fait des Frères musulmans, du Mouvement islamique en Israël, du Hamas, et malheureusement est impulsée avec la participation active de l’Autorité palestinienne”, a condamné Netanyahou.

Jérusalem et la Cisjordanie ont été vendredi et samedi le théâtre d’affrontements entre forces de sécurité israéliennes et émeutiers palestiniens après un appel à une “Journée de la colère” lancé par le Hamas et le Djihad islamique et les récentes déclarations du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, suite à une série d’incidents sur le Mont du Temple.

En tout, 27 émeutiers palestiniens ont été arrêtés à l’occasion de ces affrontements.

Des députés arabes israéliens à Amman

Par ailleurs, une délégation de cinq membres du parlement israélien, issus de la Liste arabe unie s’est rendue à Amman pour s’entretenir avec le roi Abdallah II au sujet des tensions autour de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem.

La délégation se rendre ensuite à Istanbul où elle rencontrera le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Selon certains analystes israéliens, les tensions à Jérusalem, qui, pour la première fois ont conduit à des tirs de roquettes depuis Gaza sur Sderot et Ashkelon, éclatent à un moment opportun pour de nombreux responsables arabes.

Amos Harel du quotidien Haaretz explique ainsi que pour diverses raisons, les incidents sur le Mont du Temple bénéficient à l’Autorité palestiniene.

Jérusalem-Est étant entièrement sous contrôle israélien, celle-ci ne peut pas être considérée comme responsable des violences.

Les incidents fournissent surtout une bonne toile de fond pour le discours que le président de l’AP Mahmoud Abbas prononcera à la fin du mois à l’Assemblée générale de l’ONU.

Le dirigeant palestinien a promis une bombe dans ce discours : il se pourrait ainsi que les Palestiniens renoncent officiellement aux Accords d’Oslo.

Les tensions sont également bénéfiques au Hamas, dont les problèmes sont de plus en plus nombreux dans la bande de Gaza.

La frustration de Gazaouis autour de la détérioration des conditions de vie, en particulier la multiplication des pannes de courant, ont alimenté une importante vague de protestation contre le Hamas et l’Autorité palestinienne.