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EHAD-UNITE de H.Goël / Extrait N°27

Partons de l’aveu fait par bien des jeunes d’une vie sexuelle particulièrement instable et accédons au descriptif de leur milieu parental. Nous retrouvons vite le schéma parental suivant : père absent, sans relation affectueuse aux enfants, présence sans étoffe – vie familiale rythmée par des conflits parentaux incessants où la mère prend finalement et toujours plus le dessus en faisant du foyer un « empire » domestique où elle règne avec de plus en plus de rigidité.

 

Ne croirait-on pas lire Arthur RIMBAUD décrivant sa mère, « femme rigide comme trente-six administrations à casquettes de plomb ». RIMBAUD, homosexuel, écrivit une oeuvre fulgurante ou perce, au-delà d’immenses dons poétiques, le besoin d’identité (« Une saison en enfer… »)

 

Dans le cadre de ce schéma n°1, et ce n’est pas la moindre des choses, la conversion des enfants, (j’ai envie de dire : le retour des enfants vers le Créateur), se fait presque automatiquement et avec une grande facilité.

Le père est ici l’homme à l’image de D.ieu, restauré en Yeshoua l’Oint ; cette image paternelle, homme brisé volontairement et homme « don de soi », rassure et renvoie de manière crédible à un D.ieu vivant, un D.ieu à la fois bon et exigeant. Ce qui, contrairement à toute la philosophie hédoniste et permissive de notre temps, jusque dans l’Eglise, rassure l’enfant.

Contrairement à ce que nous pourrions croire, le fait d’être extrêmement exigeant avec l’enfant, si cela s’accompagne d’une atmosphère d’amour, est extrêmement rassurant pour lui. L’exigence annonce qu’il y a un futur, car c’est pour former que l’on est exigeant. On ne forme pas quelqu’un s’il n’y a pas de futur. Etre exigeant avec un enfant, c’est lui dire en quelque sorte que l’on connaît qu’il y a pour lui un futur et que l’on est assuré quant à ce futur, puisqu’on l’y prépare. Rien ne peut davantage rassurer un enfant. L’exemple typique d’une famille patriarcale : la famille de Jean-Sébastien Bach. Cet homme était un croyant, et tout porte à croire qu’il était né de nouveau. Ses fils, dont nous pouvons penser qu’ils firent la même expérience, produisirent dans la lignée du père une musique de qualité exceptionnelle qui élève encore aujourd’hui.

 

Un autre exemple : Léopold Mozart, qui n’était pas, selon toute vraisemblance, un homme né de nouveau et que nous devons donc appeler un païen. Mais l’extraordinaire regard identitaire qu’il projeta sur ce fils Wolfgang Amadeus, dont il perçut très tôt, par conséquent, le talent extraordinaire, nous laisse une oeuvre sublime. Quel dommage que Léopold Mozart n’ait vraisemblablement pas été un chrétien authentique. Mais, de par son comportement, il démontre que D.ieu a vraiment voulu que l’homme soit le responsable qui tente de transmettre Le plan.

 

N.B. : Il est fréquent que certain pères « païens » soient infiniment plus en accord avec le modèle biblique qu’une multitude de pères « chrétiens ».

 

 

 

NOTES PERSONNELLES :

 

 

A la lumière de ce qui vient d’être exposé, je jette ici quelques notes pour situer, décrire

1 – la famille dont je suis issu.

2 – mon propre couple, ma famille.

 

Chapitre 9

 

Le foyer non biblique

 

 

Pendant que nous sommes retirés dans un village perdu des Alpes de Provence, Elishéva, mon épouse, et moi, pour la mise en forme de ce petit livre, nous sommes conduits de temps à autres à ouvrir notre radio pour écouter les informations. Le premier soir de notre arrivée ici, nous avons saisi quelques bribes de conversation entre un journaliste et son invité, un sociologue en prise directe avec la réalité des banlieues et leur violence. Avec intérêt, nous avons écouté son point de vue lorsqu’il a évoqué les racines du problème et, bien qu’ayant parlé de toutes sortes de maux, qui constituent des passerelles d’engrenage pour la délinquance et la violence jusqu’au meurtre, bien souvent aujourd’hui (drogue, chômage, alcoolisme, rupture de tous les tabous, liquéfaction de tissu social, etc.), il a osé toucher du doigt le problème de base : l’absence de communication, le vide relationnel à l’intérieur des couples, le vide relationnel parents – enfants, la démission des pères et les mères possessives. Selon ce sociologue, chez les jeunes délinquants des cités dortoirs qui ne supportent pas frustration et contradiction, on trouve effectivement en arrière-plan « pères absents et mères possessives ».

 

Nous avons perçu à travers ses propos que la démission des pères était devenue pour les couples un mode de faire. Il y a une culture de la démission, aujourd’hui, qui a installé un nouveau « mode d’être non relationnel » à l’intérieur d’un nombre incalculable de foyers. Les couples d’un côté, bien que responsables de cellules familiales, pratiquent un style de vie hédoniste et égoïste, prônant par exemple l’infidélité conjugale comme une liberté, un droit. Les enfants, de l’autre côté, sont éduqués dans le mensonge au sens le plus profond. On leur offre une liberté totale ou presque, sous prétexte de les « responsabiliser ». Ceci pour mieux protéger la liberté d’adultes égoïstes, en fait.

 

Jetons à présent un coup d’oeil au schéma n°2.

C’est peu ou prou le schéma de tant de familles aujourd’hui. La relation mari et femme n’est pas établie de manière biblique. Pour typifier l’homme démissionnaire que nous avons ici, nous l’avons dessiné regardant dans une toute autre direction que la direction de son foyer. Ceci est lourd de significations diverses.

La valeur du don de soi en tant que choix délibéré, qui peut seul donner un sens à sa position d’époux et de père, n’est pas encore montée à son esprit. En quelque sorte, il est resté enfant.

 

Tant d’hommes (et de femmes), lorsqu’on les observe bien, sont restés enfants, ou tout au plus adolescents. Mais dans quelle direction cet homme démissionnaire regarde-t-il ? Dans une direction opposée à celle de ses responsabilités, en tous cas. Cet homme aime s’évader. On le retrouve sur les places publiques en Italie, ou dans notre Midi de la France. Ce n’est pas le soleil qui l’y attire : il fuit le plus souvent son foyer (oh ! sans tambours ni trompettes nécessairement…).

Sa fuite n’est pas obligatoirement le fruit d’une dispute, d’un désaccord passager, elle est inscrite au plus profond de lui-même. « Il est mal dans sa peau. »

 

Ailleurs, sous d’autres cieux, il fuira son foyer pour rejoindre le bord des rivières et y pratiquer seul le sport docile de la pêche. A quoi rêve-t-il ? Vers quel passé mythique la rivière qui coule en amont et qui passe à ses pieds le fait-elle rêver ? Tout au fond de lui-même, il a les yeux de l’âme plongés dans son passé, à la recherche inconsciente de ce père qui, dans sa mémoire, ne se présente trop souvent que sous la forme d’un trou d’ombre, une redoutable absence, une démission.

 

Alors, pour compenser ce manque, il évoquera peut-être, sous des formes diverses (rêveries, fantasmes…) le souvenir de cette mère, elle bien présente, trop présente qui, du fond de sa détresse d’épouse délaissée, s’est dressée un jour au coeur du foyer pour tenter de combler le vide laissé par l’absent.

Pourquoi chercher ailleurs, se dira notre pêcheur à la ligne, puisque dans le souvenir se dresse et se dressera sans doute longtemps encore l’image de cette femme devenue pilier central du foyer : la mère ? Cette mère qui, à force d’avoir compensé l’immense absence de l’époux, du père, aura pris aux yeux de ses enfants le statut d’unique source de bien-être (ou de mal être).

Dans le coeur de la plupart des hommes, la mère a ainsi été élevée au rang de quasi divinité, insensiblement de l’enfance à l’adolescence et puis à l’âge adulte.

 

Voici donc notre « petit garçon », marié et père de famille, et à son tour, bien sûr, homme démissionnaire, prisonnier du souvenir d’un père absent et de l’image d’une mère trop présente. Le sens de son regard dirigé vers la gauche du schéma est la fuite. Il est prisonnier de son passé, du schéma faux qui l’a conditionné. Il est lié à ce passé, il ne l’est absolument pas à ce qui habite son présent. Et, si ce n’est la canne à pêche, le bistrot ou la place publique des pays méditerranéens, il trouvera la fuite ailleurs : tout peut être utilisé pour la fuite : le travail (Mr. Stakanov), les études, les loisirs (Mr. tout le monde), la drogue, le sexe (Mr. Casanova), l’art (Mr. Gauguin), les passions intellectuelles (Mr. Jean-Jacques Rousseau), … le ministère…

Dans ce schéma, la flèche qui représentait l’influence divine dans le foyer et qui, au quotidien, signifiait dans le schéma n°1 transmission de la vie de l’Esprit, transmission du plan de vie pour le couple et pour la famille (chaque être, chaque couple, chaque famille, chaque nation a dans le coeur de D.ieu une place précise, une oeuvre particulière à accomplir dans l’économie du temps), la flèche qui représentait aussi la création d’identité à tous les niveaux de la personnalité de l’enfant, sous le regard quotidien du père terrestre et dans un dialogue proche avec D.ieu, est brisée.

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