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A propos du Mur. Par Richard Rossin (Europe Israël)

By 3 juin 2014Etz Be Tzion

A propos du Mur. Par Richard Rossin

La visite récente du pape et notamment son détour inopiné mais théâtral par le Mur ou Barrière de Sécurité  a suscité des controverses.  Le Mur a permis à Israël de ne plus vivre dans l’angoisse incessante des  kamikazes arabes qui allant rejoindre les 70 vierges, prenaient la vie de dizaines d’israéliens innocents.

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Voici ce que dit du MUR, le docteur Richard Rossin. Ces lignes ont été écrites l’an passé, mais elle sont toujours d’actualité….

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C’est à Paris, qu’on me demande de me préparer à parler du « mur de séparation » à l’occasion d’un prix littéraire franco-indien à Pondichéry; je suis surpris par cette obsession devenue monomaniaque mono-murale, jusque dans le franco-indien.

Il m’est proposé d’exposer ma réaction parce que ce film ne montre « la souffrance que d’un seul côté ». Il m’est précisé qu’il a été tourné par un Maori, quand je parle de monomanie mondialisée, et sous le prétexte des rappeurs palestiniens, les nôtres n’ont rien à leur envier.

En fait, c’est un tel film de propagande que dès la dixième minute le public a progressivement déserté la salle ne la laissant peuplée que de chaises blanches aussi vides d’êtres que le film d’âme. J’exagère, il restait tout de même le couple habituel de laudateurs fulminant sur « la shoah des oliviers » (sic) !

Et voici ce que j’avais à dire :

Les choses construites ont du sens. Loin dans la mémoire nous retrouvons des murs.

Des murs, de tous temps, furent érigés par des hommes dès qu’ils se furent sédentarisés. Ainsi en fut-il du mur que les Sumérien de Ur bâtirent pour faire face aux incursions agressives des Amorites et qui tomba en 2004 avant l’ère commune. Ainsi en fut-il de la grande Muraille de Chine face aux hordes sauvages des pillards Mongols. Les grandes dynasties cachent souvent des ancêtres pillards que masque le qualificatif conquérants.

Il y eut ainsi des murs construits par des envahisseurs comme le mur d’Hadrien au nord de l’Angleterre face aux irréductibles Scots.

Il y a des murs pour freiner la pénétration et des murs pour empêcher les sorties : les murs de prison et le mur construit nuitamment à Berlin pour éviter aux soviétiques l’erreur fatale de fuir le paradis communiste. Des citoyens étaient donc propriété de leurs gouvernants qui détenaient la vérité pour eux tous, ils étaient enfermés. L’esclavage. Y-a-t-il lieu de s’étonner de ce que les pourfendeurs du mur de sécurité furent les laudateurs du mur de Berlin ?

Des murs de séparation il y en a partout dans le monde, aux USA en regard du Mexique, au Maroc face au Polisario et en Espagne, en France en pleine gare du Nord autour des départs de l’Eurostar…, en Irlande et à Belfast, en Arabie Saoudite en regard de l’Irak et du Yémen, à Chypre construit par les envahisseurs turcs contre les Chypriotes grecs, au Koweït s’isolant de l’Irak, dans les Emirats avec Oman et le Koweït, au Botswana face au Zimbabwe, en Thaïlande pour se protéger des infiltrations islamistes de Malaisie…

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La Thaïlande a annoncé en 2007 son projet d’édifier une barrière physique le long des 75 kilomètres les plus inaccessibles de sa frontière avec la Malaisie. Le but, selon Bangkok, est d’empêcher les « terroristes » de traverser les provinces agitées, à majorité musulmane du sud de la Thaïlande.

Fastidieux, non ? Et la liste n’est pas exhaustive. Il y en avait autour des mellahs et des ghettos.

Et qui se souvient encore de la porte Mandelbaum seul passage à Jérusalem de la séparation alors étanche entre Israël et la Jordanie ? Pratiquement seul le pape Paul VI, retournant vers la vieille ville, put la franchir ?

Fermée perpétuellement, elle séparait les Juifs de leur unique lieu sacré et de leurs cimetières dont les pierres tombales servaient d’urinoir à la Légion Arabe de John Glubb Pacha. Israël était enfermé avec pour seul débouché la mer Méditerranée ; rien de tout cela n’inquiétait personne et personne n’appelait ça un ghetto ou un camp.

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Ah, les murs de la haine et de l’indifférence. Les murs de la haine et de l’indifférence, les vrais murs mûrs. Ils ne sont pas toujours visibles mais distillent toujours leurs poisons par chuchotements. Qui regarde le doigt qui indique l’objet physique sans voir la cause qui le crée ? Sont-ce là des aveuglements utiles ?

J’ai vu et franchi ce mur en allant à Ramallah. Qui voudrait d’une telle laideur dans son panorama ? Qui voudrait sans motivation sérieuse dépenser des milliards pour une telle horreur. A moins qu’il s’agisse de gens différents des autres bipèdes, ontologiquement stupides, méchants et cruels. Est-ce cela que veulent suggérer les pourfendeurs de toute brique ? Ce mur protège des assassins qui finalement ne revendiquent que le droit de tuer au hasard ! Dès lors il ne s’agit plus que, sous n’importe quelle argutie, de choisir une vision de société et un type de rapport aux hommes. Que signifie vouloir laisser libre passage aux assassins ?

Il s’agit du passage de cette ligne d’armistice de l’accord signé en 1949 à Rhodes que d’aucuns s’obstinent à appeler frontière, entérinant ainsi d’ailleurs l’annexion par la Jordanie des antiques Judée et Samarie opportunément rebaptisées Cisjordanie. Une annexion qui ne gênait personne à l’époque, pas même les annexés apparemment. Mais il y avait déjà des appels au meurtre et des attentats qu’on appelait incursions.

Une frontière est le résultat d’un traité qui signe la reconnaissance de l’existence de l’autre. Ce n’était déjà pas d’actualité et j’en veux pour mémoire les fameux trois « non » de Khartoum… C’était le 1er septembre 1967, la Ligue Arabe proclamait entre autre : non à la paix, non à la reconnaissance d’Israël, non aux négociations avec Israël et décidait de l’utilisation du pétrole comme arme diplomatique. Ça a plutôt bien marché.

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Aujourd’hui, depuis que cette séparation d’avec ceux qui ne veulent pas vivre avec des Juifs s’est érigée, la fréquence des attentats meurtriers s’est effondrée (moins 98,5%). Là encore, les victimes d’avant dans les autobus, les marchés, les bars et restaurants et les nouveau-nés égorgés dans leurs berceaux n’intéressaient pas grand’ monde.

Le monde s’était tellement habitué depuis des millénaires à la persécution et au meurtre des Juifs ; une sorte de catastrophe naturelle sans qu’aucun plan ORSEC ne fût jamais développé. Mais ne vous inquiétez pas trop, pourfendeurs du mur, vos héros ont trouvé une parade depuis Gaza : il ne se passe pas de jour sans qu’une ou des roquettes ne s’abattent sur le sud d’Israël dans le silence des médias encore plus assourdissant que l’explosion du missile qui vise Sederot ou une autre ville, une école, un hôpital. Certes les tireurs ne sont guère habiles mais à Sederot il n’y a pas d’embouteillage, il y a des abris.

Donc le mur existe sur cette pseudo frontière et peuvent le passer ceux munis de papiers en règle. Est-ce là une exaction ? Si tel est le cas alors tous les pays la commettent. Qui donc peut passer légalement une frontière sans papiers ? Quel Etat ne vérifie les entrées sur son territoire ?

Au passage il est évidemment tenté de repérer les porteurs d’intentions belliqueuses et les franchissements peuvent prendre du temps. Si vous êtes juif vous attendrez aussi longtemps que quiconque d’autre. N’avez-vous jamais pris un avion et subi ces interminables vérifications sécuritaires ? N’avez-vous pas dû au moins vider vos poches et passer vos sacs aux rayons X ? Ne vous a-t-on jamais supprimé un flacon d’eau de toilette, un coupe-cigare, des ciseaux à bouts ronds, un coupe-ongle ? La faute en est-elle aux Etats, aux compagnies aériennes, aux polices ou bien aux terroristes qui essaiment partout ? Certains auraient donc le droit de se protéger et d’autres pas, même de leurs ennemis déclarés ?

Je dis ennemis, je ne dis pas « Arabes », car 20% des Israéliens sont arabes et ils jouissent évidemment des mêmes droits que tous les citoyens. Pourtant les Européens ont des difficultés à vivre avec 10% de musulmans, les Européens aiment jouer à la paille et l’apôtre. Le fait que des associations israéliennes fustigent les difficultés de passage ne fait que témoigner de la vivacité de la démocratie. Qui a vu, n’importe où ailleurs, des citoyens se lever pour tendre la main aux populations d’une entité ennemie sans encourir les foudres de la justice militaire ? En d’autres lieux on fut fusillé pour moins que ça.

Pourtant encore, le Président de l’autorité palestinienne a déclaré qu’aucun Juif ne serait autorisé à vivre dans la Palestine à venir… il ne démantèlera donc pas le mur.
Et la question lancinante : qui ramasse la donne ? Ceux qui croient entendre la voix de Dieu sont des illuminés potentiellement assassins quand ils veulent imposer leurs hallucinations. L’ennemi c’est la certitude !

Le terrorisme islamique est une maladie mondiale qui atteint l’Europe, les USA, la Thaïlande, l’Indonésie, la Russie, la Chine, l’Afrique, l’Inde, tous les pays. Rappelez-vous le million de morts de la partition de l’Inde en 1949. Voilà des gens persuadés de détenir La Vérité et prêts à tout pour l’imposer partout.

Evidemment tous les musulmans ne sont pas terroristes, loin s’en faut, et l’immense majorité des milliers de victimes, tous les ans, est constituée de musulmans. Tous les musulmans ne sont pas terroristes mais la quasi-totalité des terroristes sont des musulmans à la susceptibilité exacerbée. Il faudra bien un jour se demander d’où cela vient ! Je sais, ce n’est pas politiquement correct, la Raison n’est plus politiquement correcte.

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L’Arabie Saoudite, une des voix majeures à critiquer la barrière de sécurité israélienne, en construit une, en béton, avec caméras de surveillance. Un projet d’un peu plus d’un demi-millilard d’euros sur la frontière poreuse avec le Yemen, afin d’empêcher les infiltrations. Ce qui provoque la colère de plusieurs tribus locales qui affirment que la construction lèse le territoire yéménite de près de sept kilomètres.
L’Arabie Saoudite met également en place une barrière ultra-moderne sur les 900 kilomètres de frontière commune avec l’Irak.

Le problème n’est pas récent, Beaumarchais le suggérait déjà avec talent dans le célèbre monologue de l’acte V, scène 3 de son « Mariage de Figaro » : « Je broche une comédie dans les mœurs du sérail. Auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule: à l’instant un envoyé… de je ne sais où se plaint que j’offense dans mes vers la Sublime-Porte, la Perse, une partie de la presqu’île de l’Inde, toute l’Egypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d’Alger et de Maroc: et voilà ma comédie flambée, pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l’omoplate, en nous disant: chiens de chrétiens! – Ne pouvant avilir l’esprit, on se venge en le maltraitant. »

Quelques lignes plus loin dans le même monologue après s’être interrogé sur la nature des richesses, il conclut : « Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu’ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil! Je lui dirais… que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours; que sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur; et qu’il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. »

Bien sûr, il est triste de voir un mur en devoir de s’ériger. Toute séparation entre les êtres humains est une perte au patrimoine de l’humanité. Toutes les misères sont des drames. Toutes les misères. Alors c’est à la résolution des causes et non à en stipendier les effets qu’il faut atteler nos forces. Et les causes ce sont d’abord les tyrans, les ploutocrates pétroliers, les théocrates et les obscurantistes qui asservissent leurs peuples et leur instillent la haine pour détourner les mécontentements.

Levons-nous pour la liberté des peuples qu’on appelle la démocratie. La démocratie ne se limite pas aux élections qui en sont un stigmate, l’avatar incontournable de la règle du plus grand nombre. La démocratie c’est autre chose : des libertés, des droits et des devoirs pour les citoyens.

Si nous nous élevons, peut-être ne verrons-nous plus de mur s’élever. Bien sûr, c’est une utopie, mais sans ce mur, l’avenir ne devient-il pas lui-même une utopie ? J’aurais aimé qu’il n’y ait pas de barrière de sécurité. C’est une utopie. Mais je préfère qu’il y ait un avenir.

Rien ni personne n’est tout blanc ou tout noir. Alors je m’inquiète lorsqu’on m’assène qu’il y a des mauvais, toujours les mêmes, et des victimes innocentes. Je me demande ce que cache ce qualificatif d’ontologiquement mauvais et m’interroge aussi sur l’innocence ontologique des victimes… je ne crois pas à l’innocence.

J’en ai connu des victimes qui devinrent de splendides tyrans. Regardez l’Iran si démocratique et si libre ! Le pays de Cyrus le grand, le conquérant qui pourtant y abolit l’esclavage six siècles avant notre ère (-539).

L’ennemi c’est la certitude et ce sont les confusions : les êtres et les peuples ou leurs croyances, l’agression et la protection, la démocratie avec les élections, le culte de la mort et la vie, l’imposition de croyances et d’un mode de vie avec la liberté.

Frères humains réveillons-nous et levons-nous pour ceux qui, après nous, vivront et protégeons-nous des déraisons assassines.

En terminant ce texte il me revient à la mémoire ces vers d’Aragon :
« J’écris contre le vent majeur et n’en déplaise
A ceux-là qui ne sont que des voiles gonflées
 »

Et ce propos d’Hillel l’Ancien dont le nom est inscrit au fronton de la bibliothèque Sainte Geneviève place du Panthéon à Paris, parmi les Sages de l’Humanité. Il vivait au premier siècle avant l’ère commune. Le propos est tiré des Maximes des pères : « Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Si je suis seulement pour moi, que suis-je ? Et si pas maintenant, quand ? ». Par moi, il entendait l’Homme.

Et si nous commencions enfin maintenant à être pour nous ?

Richard Rossin est ancien secrétaire général de Médecins Sans Frontières, co-fondateur de Médecins du Monde et du Collectif Urgence Darfour

Richard Rossin
© Primo, 03-03-2013

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