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Bénédiction du Père, bénédiction des pères / Extrait N° 7 : Après y avoir rencontré mon ami le pasteur Hoover et son épouse, je séjourne deux jours dans la maison d’accueil de Tom et Cathy, tous deux missionnaires américains. Après une longue soirée de discussion et de prière et une nuit de sommeil, nous nous retrouvons le lendemain longuement attablés. Cathy est le genre de personne débordante d’énergie, mais hyperactive. Il y a là l’indice de quelque chose qui ne va pas. Au reste, Cathy et son mari sont deux êtres merveilleusement engagés pour le Seigneur dans des conditions bien difficiles, au Moyen-Orient.

By 20 juillet 2021LECTURE QUOTIDIENNE
Chapitre 5

Tel Aviv

Après y avoir rencontré mon ami le pasteur Hoover et son épouse, je séjourne deux jours dans la maison d’accueil de Tom et Cathy, tous deux missionnaires américains. Après une longue soirée de discussion et de prière et une nuit de sommeil, nous nous retrouvons le lendemain longuement attablés. Cathy est le genre de personne débordante d’énergie, mais hyperactive. Il y a là l’indice de quelque chose qui ne va pas. Au reste, Cathy et son mari sont deux êtres merveilleusement engagés pour le Seigneur dans des conditions bien difficiles, au Moyen-Orient.

Nous sommes attablés, et Gabriella Marcum, une femme d’intercession avec laquelle je me suis entretenu quelque peu concernant cette bénédiction des pères que je ressens être une clé pour ces temps, me fait remarquer (et c’est le Saint-Esprit qui le lui montre)  que cela lui fait curieusement penser au chapitre 4 de Malachie, verset 5 et 6 :

« Voici, Je vous enverrai Élie, le prophète, avant que le jour de l’Eternel arrive, ce jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur de pères à leurs enfants, et le cœur d’enfants à leurs pères, de peur que Je ne vienne frapper le pays d’interdit. »

Merci Gaby, car tu m’as donné la dernière pièce du puzzle qui allait me permettre de construire un puissant message que l’on retrouve au chapitre 6 de ce livre.

Mais la conversation roule vers d’autres rivages et notamment tous les types de manifestations nouvelles enregistrées au sein du mouvement charismatique aujourd’hui (le vin nouveau, Toronto, la pluie d’or et toutes ces choses). Cathy révèle sa nature profondément inquiète (pour des raisons qui n’ont au fond rien à voir avec ces manifestations) et lance à la cantonade des questions. Pour elle, il y a des positions et des vécus qui se développent d’une façon tellement extrême aujourd’hui dans l’Église qu’elle en ressent une grande insécurité. Elle s’adresse alors à Gabriella qu’elle connaît beaucoup plus qu’elle ne me connaît, avec cette question : « Qu’y a-t-il de D.ieu dans tout cela, Gabriella ? »

Grande question. Et qui pourrait répondre à cela aujourd’hui en quelques mots et avec une entière assurance ? Gabriella ouvre sa Bible et tente de répondre à l’attitude véhémente de son commensal. Mais son début d’explication ne fait qu’accroître la perplexité, la véhémence et l’inquiétude de Cathy.

C’est alors que Gabriella se tourne vers moi, tout en s’exprimant ainsi : « Eh bien, Cathy, adresse-toi à Haïm, il est serviteur de Dieu. Il aura peut-être une meilleure réponse à te donner. » Cathy de tourne vers moi et je ressens l’Esprit de Dieu me parler tout doucement. Je m’exprime selon ce qu’il me suggère :

« C’est un vain débat que nous avons là, car du point de vue des besoins et donc de la stratégie divine pour le salut des hommes, les choses sont très différentes aujourd’hui d’un coin de la planète à l’autre. Dieu agit donc différemment ici ou là. Ne portons pas de jugement hâtif. Personnellement, je ne me suis jamais rendu à Toronto car je n’y étais pas appelé, et depuis des années, je vis des expériences à mon sens bibliques, en ce qui concerne la puissance de Dieu. Il y a une forme d’idolâtrie à vouloir participer aujourd’hui à tout ce qui est nouveau. Je me défie de cette attitude et d’un certain esprit de consommation en matière spirituelle. J’ai rencontré quelques spécialistes en matière du ‘ tout vu’, et je ne les ai pas trouvés plus particulièrement spirituels pour autant.

Personnellement, je me contente de suivre le chemin que m’indique le Seigneur. Cela  implique évidemment quelquefois  que l’on soit beaucoup plus un gardien des portes qu’un homme battant la campagne. Je suis donc incapable de porter un jugement sur bien des choses que l’on voit aujourd’hui. Et puisque j’en suis incapable, je m’abstiens. Mais il me semble Cathy, si tu me permets de te le dire, que tu es fondamentalement assez angoissée. »

Un certain calme survient tout à coup, car l’Esprit de l’Eternel vient de faire mouche. «Et la racine de ton angoisse, Cathy, ce n’est pas cette diversité qui peut paraître inquiétante, aujourd’hui dans l’Église. La racine de ton insécurité, c’est l’absence de bénédiction paternelle dans ta vie. » Les larmes viennent dans les yeux de Cathy. Tom, son mari, et Gaby sont tout à fait silencieux et attentifs. « C’est exact, admet Cathy, dans un souffle mêlé de larmes. C’est exact. » « Cathy, veux-tu que je prie pour toi et que je pose sur ta vie cette bénédiction paternelle qui t’a manqué jusqu’à aujourd’hui ? » Cathy : « Oui… »

La suite, vous la devinez. Prière pour Cathy, pour Tom et pour Gaby, un long temps de prière avec des larmes, des guérisons et bien d’autres choses.

Dans les heures qui suivent, je rentre à Jérusalem. Il me reste deux ou trois jours avant de partir pour la France. Dans la chambre, chez mes amis Tate, à Jérusalem, j’ai vaguement commencé à remplir mes sacs de voyage en prévision du retour tout proche vers la France, quand je suis appelé au téléphone. C’est Gaby Marcum qui m’appelle depuis Tel-Aviv. Gaby, Tom et Cathy ont été à ce point touchés et bénis par cette bénédiction des pères que Gaby a contacté à Tibériade la responsable d’une œuvre qui s’occupe d’adolescents et de jeunes Juifs orphelins ou en difficulté grave (délinquance, etc.). Ces adolescents proviennent pour la plupart des pays de l’Est. Beaucoup ont vécu des tragédies inracontables. Si mes souvenirs sont bons, certains venaient de Tchétchénie. Chez ces jeunes, le déficit paternel est énorme. La responsable de l’organisation s’est laissée convaincre et Gaby m’informe qu’elle souhaite que je vienne déposer cette bénédiction paternelle sur les épaules de ces jeunes. Je connais à présent avec quelle puissance D.ieu accompagne cette prière et je n’ai donc aucune hésitation quant au principe. Le problème est que nous sommes à quelques heures du Shabbat et qu’il me reste un seul bus pour franchir la distance de Jérusalem à Tibériade. L’autre problème est que nous sommes en pleine Intifada (comme le dit pudiquement ou hypocritement la presse internationale, c’est-à-dire qu’en fait nous sommes en guerre avec les Arabes des Territoires).

L’autobus qui doit me conduire de Jérusalem à Tibériade effectue la plus grande partie de son parcours dans ces fameux territoires. Le voyage promet d’être épique et il le sera : autobus bondé de soldats armés jusqu’aux dents, je suis l’unique civil. Un des voyages les plus étonnants de mon existence. Univers surréaliste d’un autobus voyageant la nuit dans un nuage de poussière car, à hauteur de Jéricho sur la route de Beth Shéan, nous sommes détournés. Un peu plus loin les Arabes semblent avoir tiré sur des véhicules. Nous sommes donc détournés vers une route de l’armée qui longe la frontière jordanienne.

Voyage surréaliste, vous disais-je, dans un énorme chaos de poussière qui nous enveloppe de toutes parts, mais pour moi, présence évidente du Seigneur à mes côtés. Et je suis entouré d’une cinquantaine de jeunes gens en armes et hypertendus car au dehors, à tout instant, l’incident menace d’éclater. Étonnant paradoxe : un homme se rend à Tibériade pour apporter la bénédiction des pères à des orphelins, entouré d’autres grands adolescents qui vont on ne sait où, faire la guerre.

Arrivée à Tibériade. Je fais connaissance avec le frère et les sœurs qui vont m’héberger, quelque part sur les hauteurs de la ville. Une grande villa et une vue magnifique sur le lac de Tibériade. Gaby me téléphone et m’annonce que, ce soir même, elle viendra me visiter avec une autre sœur et un de ces jeunes en difficulté. (Nous l’appellerons Sergueï pour ne pas dévoiler son vrai prénom). Sergueï est un de ces jeunes venus d’Ukraine, je crois. Une région particulièrement dévastée. C’est un jeune déboussolé qui a apparemment connu toutes les expériences que quelqu’un de son âge ne devrait jamais connaître.

Sergueï a connu le pire et il pose évidemment des problèmes très sérieux à son entourage, particulièrement sur le plan des mœurs, en ce moment. Le problème est très sérieux et il faut trouver une solution rapidement si l’on veut éviter un énorme gâchis pour un de ses proches. En bref, Sergueï a des tendances inacceptables vis-à-vis de sa propre sœur.

Me voici face à ce jeune, assis en face de moi avec tout le désarroi d’une jeunesse perdue mais aussi toute l’arrogance et la rébellion élevées au niveau du style comme toujours à cet âge-là quand il n’y a pas eu de père. Les deux sœurs expliquent à Sergueï que je suis un serviteur et que l’Éternel m’a envoyé avec une bénédiction particulière.

Face aux yeux du jeune homme, je me sens soudain terriblement démuni. Mes cinquante-deux ans me paraissent en un instant d’une inutilité absolue, face au regard moqueur, quasi méprisant de ce jeune. Son regard en dit long et il exprime en quelques mots la pensée suivante : « Pour qui te prends-tu, étranger ? Tu n’es pas mon père. Quelle place prétends-tu prendre dans ma vie avec ta bénédiction ? Je ne t’aime pas. » Je me sens véritablement impuissant.

Les deux sœurs sermonnent quelque peu Sergueï et lui racontent à nouveau la même histoire. Je pense intérieurement que nous allons droit vers l’incident, que Sergueï va se fâcher et partir, mais lorsque les deux sœurs lui demandent s’il accepte finalement la prière, Sergueï semble se résigner de mauvais gré, mais se résigne quand même, peut-être soucieux de ne pas blesser ses deux mamans improvisées d’un soir.

Je m’approche alors et, les mains posées sur ses épaules, les mots viennent : « Sergueï, beShem Yeshoua HaMashiah (au nom de Jésus le Messie), je relâche sur toi ma bénédiction paternelle. Je t’établis sur la terre des hommes comme un père établit son propre fils. Par la puissance de Dieu, j’ouvre la route de ta destinée. Je relâche sur toi mon héritage paternel, comme je le ferais sur la vie de mes propres fils. » D’autres paroles plus personnelles viennent encore, guidées par le Saint-Esprit. (Qu’elles demeurent à jamais dans nos cœurs, Sergueï !)

Sergueï, calme, se retire avec ses deux mamans ou ses deux grandes sœurs d’un soir. Le lendemain, Gaby m’informe. Sergueï le rebelle, le désespéré, Sergueï le pervers, s’est réveillé rempli d’une joie sans mesure, pleinement conscient que quelque chose vient de remplir sa vie comme jamais. Quelque chose comme un sentiment d’appartenir enfin à la race des hommes ayant droit à leur place sur la terre. Sergueï a été radicalement bouleversé et transformé sans s’y être même attendu, par cette bénédiction de père. Et, bien entendu, Sergueï a fait part de son témoignage à treize ou quatorze adolescents qui vivent la même détresse et la même solitude que lui.

Gaby me suggère que je communique cette bénédiction à tout ce groupe d’adolescents sans tarder, dès le lendemain matin.

Il est dix heures, dix heures trente, le lendemain, lorsque nous finissons notre thé ou notre café et ils arrivent par petits groupes. Tatouages, piercings, énormes semelles compensées, jeans et pulls moulants pour les jeunes filles, désespérance camouflée sous des airs de machos bravaches pour les uns, allures provocantes, maigreur des corps qui racontent déjà tous les échecs, tous les désastres, malgré les dix-huit ou dix-neuf ans pour les autres. Une jeune fille d’à peine vingt ans semble en avoir vingt de plus. Elle est là, silencieuse au milieu de la pièce, son enfant sur les genoux. Ils viennent d’un peu partout : Russie, Ukraine, Tchétchénie, Ex-Yougoslavie.

Une jeune fille de quinze à seize ans, en particulier, m’émeut au-delà de tout. Le contraste avec ses compagnons et compagnes est évident. Comment est-elle arrivée là ? Tant d’innocence, de grâce et de pureté… et tout son être pousse le même cri : « Je veux sauver mon innocence, ma pureté. » Un papillon dans un champ de mines et un décor de barbelés. Elle vient de Russie. Ils sont tous juifs ou à demi juifs.

Je me retrouve ainsi « encerclé » par une bande d’adolescents dans une atmosphère très similaire à celle qui régnait autour de Sergueï avant que je ne prie pour lui. Des sentiments très divers dans tous les cœurs, de la réserve, de la méfiance et, ici et là, de la moquerie, voire du mépris, du défi, dans certains yeux.

Je ressens à nouveau, comme hier soir face à Sergueï, la profonde futilité de mon existence. Pour ces enfants, je ne suis qu’un banal étranger de cinquante-deux ans. Qu’ai-je à leur apporter puisque tout nous sépare ? Âge, culture, position sociale… C’est ce que je lis dans leurs yeux. Ah ! La terrible franchise de la jeunesse ! Je passe là quelques secondes difficiles, mais c’est tant mieux pour le développement de mon humilité.

Mon cœur de père reprend le dessus et le flot du Saint-Esprit coule librement. Je les observe l’un après l’autre et je discerne leurs besoins, leurs désirs, leur tragédie camouflée. Poussé par l’Esprit, je leur raconte l’histoire d’Élisabeth de Miskolc. Et là, je fais mouche, ou plutôt le Seigneur fait mouche.

À peine ai-je entamé le témoignage et ai-je prononcé le mot « père » une ou deux fois, que les regards se tournent vers moi, brillants, et l’on y lit tout et son contraire : la soif, la colère, la frustration, la rébellion, mais aussi l’appel puissant et nostalgique vers un père absent.

Parlez de père à la plupart des hommes, des femmes aujourd’hui, (pas seulement à des orphelins), et vous verrez l’attention grave ou émue que vous déclencherez. Je ne suis pas loin de croire que nous sommes quasiment six milliards d’authentiques orphelins sur la terre aujourd’hui.

Je ne vous décrirai pas la suite, ce serait trop long, et cela a pris des heures. Mais chacun dans cette bande d’adolescents s’est retrouvé dans mes bras, avec des torrents de larmes et une bénédiction extraordinaire répandue avec une onction non moins extraordinaire sur chacune des vies.

Seul un jeune homme particulièrement macho a beaucoup résisté. Eh oui, on peut même refuser de se laisser aimer par le Père qui nous a créés.

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