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Comment le Mossad s’est procuré les 100 000 documents sur le programme nucléaire iranien / Dreuz

PUBLIÉ PAR JEAN-PATRICK GRUMBERG LE 1 MAI 2018
Netanyahu présentant les archives nucléaires iraniennes
© Amos Ben Gershom/ GPO

Dans la soirée du lundi 30 avril, nous annoncions que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a tenu une conférence de presse exceptionnelle, en anglais, au cours de laquelle il a fait une révélation explosive : le Mossad s’est procuré 100 000 documents secrets sur le programme nucléaire iranien.

Voir notre article d’hier ici : Explosif, le Mossad a volé 100 000 documents à l’Iran.

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Plus tard dans la nuit, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a certifié l’authenticité des documents, et a déclaré qu’une grande partie de ces renseignements étaient nouveaux pour les experts américains.

Pompeo, qui s’est rendu en Israël dimanche et a rencontré le Premier ministre Binyamin Netanyahu, a été informé sur le matériel, a-t-il dit aux journalistes dans son avion.

« Nous connaissons l’existence de ce matériel depuis un certain temps, et nous en avons discuté hier lorsque nous étions ensemble », a déclaré M. Pompeo, qui occupait le poste de directeur de la CIA avant d’être nommé secrétaire d’État.

Mais la question que tous nous nous posons est évidente : comment le Mossad a-t-il pu entrer en possession d’un tel trésor d’informations sur le secret le mieux gardé d’Iran, son programme nucléaire qui est supposé n’avoir jamais existé ?

Netanyahu a déclaré lors de sa conférence de presse que « Peu d’Iraniens savaient où se trouvaient [les documents], très peu. Et aussi très peu d’Israéliens. »

Alors comment le Mossad, qui certes a la réputation d’être l’une des meilleures agences d’espionnage au monde, a-t-il su ?

Comment a-t-il réussi à savoir procurer une demi-tonne de documents top secret (55 000 pages et 183 CD Rom) dans un pays extrémiste, fermé et sous contrôle du régime totalitaire des mollahs iraniens.

Une partie de la réponse vient de parvenir au New York Times, qui publie ce matin le témoignage d’un haut responsable israélien, qui a parlé sous couvert de l’anonymat pour discuter la mission secrète.

Ce dernier a déclaré que le service de renseignement du Mossad a découvert l’entrepôt où étaient stockés les documents en février 2016, et a placé le bâtiment sous surveillance depuis lors.

Netanyahu a décrit l’entrepôt comme étant, « de l’extérieur, un entrepôt qui n’a l’air de rien, un entrepôt abandonné » :

« Mais à l’intérieur, poursuit Netanyahu, il contenait les archives secrètes du nucléaire iranien, enfermées dans d’énormes coffres-forts » :

« Les agents du Mossad se sont introduit dans le bâtiment une nuit de janvier dernier », a déclaré l’agent israélien au NYT, « ont retiré les documents originaux et les ont ramenés clandestinement en Israël la même nuit ».

Il s’agit de « l’une des plus grandes réussites d’Israël en matière de collecte de renseignements », a déclaré l’officiel Israélien.

L’opération a été si parfaite, que « les responsables iraniens ignoraient que les documents avaient été retirés [de l’entrepôt], et ils n’ont appris l’infiltration que quelques mois plus tard », a rapporté le quotidien israélien de centre gauche Yediot Ahronot ce mardi matin.

M. Trump a été informé de l’opération par le chef du Mossad, Yossi Cohen, lors d’une visite à Washington en janvier dernier, a déclaré le responsable israélien au NYT. Il a attribué le retard dans la publication du matériel au temps qu’il a fallu pour analyser les documents, dont la grande majorité était en persan, les authentifier pour être certain qu’il ne s’agissait pas de leurres – les Iraniens sont de grands joueurs d’échecs – destiné à tromper l’ennemi.

Un ancien haut responsable des services de renseignement israéliens a déclaré que les documents récoltés sont importants parce qu’ils révèlent que le programme nucléaire iranien « est un projet beaucoup plus vaste » que quiconque le pensait, et qu’ils prouvent que les Iraniens étaient « sur une voie claire vers la bombe ».

L’Iran a peur

Il y a quelques jours, le ministre des Affaires étrangères du Qatar Mohammed bin Abdulrahman Al Thani a appelé à la demande des Iraniens à des pourparlers directs entre les États-Unis et l’Iran, a rapporté l’agence iranienne Azad News Agency. Cette demande n’est étrangère ni à la découverte de la disparition de leurs archives sur leur programme nucléaire entre les mais des Israéliens, ni aux frappes américaines en Syrie, et probablement plus que tout, au fait que les pressions de Trump ont fait plier le dictateur communiste nord-coréen qui vient de s’engager à renoncer à son programme nucléaire. Mais sans l’aide de la Corée du Nord, l’Iran n’est pas seul capable de mettre au point l’arme nucléaire, et l’abandon par Kim-Jong un est un désastre pour les ambitions de domination iranienne au Moyen-Orient et leur promesse de destruction d’Israël d’ici 20 ans.

Les liens de plus en plus étroits entre le Qatar sunnite et l’Iran chiite ont conduit à un conflit diplomatique permanent entre la riche nation du Golfe et les puissants États arabes à majorité sunnite, dont l’Arabie saoudite qui traverse une révolution profonde que les observateurs attentifs feraient bien de regarder avec un œil neuf au lieu de rester figés sur le paradigme des années Obama, l’Égypte, le Bahreïn et les Émirats arabes unis, qui cherchent un rapprochement stratégique avec Israël en réponse à la menace iranienne.

L’Iran menace Israël de se venger, et ironie, se prend les pieds dans le tapis de prière en déclarant que les révélations de la conférence de presse de Netanyahu était « enfantines » et « ridicules ».

Le vice-ministre de la défense Abbas Araghchi a déclaré :

« La présentation enfantine et ridicule de Netanyahu a été planifiée dans la période précédant l’annonce de Trump au sujet de l’accord nucléaire. »

L’Iran veut frapper Israël, oui mais avec quoi ?

Après les frappes israéliennes en Syrie du week-end dernier qui ont détruit 200 missiles iraniens enfouis sous terre et provoqué la mort de 25 militaires iraniens, Rouhani a promis de se venger. Mais comment, avec quoi ?

L’Iran a plusieurs problèmes immédiats.

  1. Malgré son influence et son pouvoir dans la région, les atouts de l’Iran sont éparpillés et n’ont pas la capacité d’affronter Israël de manière conventionnelle. Ses forces aériennes et navales ne sont pas à la hauteur de celles d’Israël.
  2. L’Iran est également limité par deux autres problèmes. Tout d’abord, le président iranien Hassan Rouhani s’est entretenu dimanche avec le président français Emmanuel Macron sur la préservation de l’accord nucléaire iranien. Nous savons que le président américain Donald Trump va certainement refuser de certifier les accords, le 12 mai prochain, car il veut négocier de nouveaux accords. Aussi l’Iran a besoin d’avoir les Français et les Allemands de son côté pour faire pression contre Trump, mais toute mesure de rétorsion de la part de l’Iran ruinera ses chances de maintenir l’accord en place.
  3. Troisièmement, des élections libanaises doivent avoir lieu le 6 mai et l’allié de l’Iran, le Hezbollah, cherche à obtenir plus de sièges au parlement. Par conséquent, l’Iran doit être prudent, car toute mesure contre Israël risque d’avoir un impact important sur ses alliés dans un contexte régional plus large. Si l’Iran exigeait du Hezbollah qu’il lance une attaque sur Israël, cela se traduirait par la destruction immédiate de tout le sud libanais. C’est la certitude que le Hezbollah, que les Libanais verraient alors comme ayant livré une guerre pour le compte de deux puissances étrangères, l’Iran ou de la Syrie, et non dans l’intérêt du Liban, perdrait les élections.
  4. Enfin, en Syrie, l’Iran sait que s’il cause des troubles à Israël, il risque très fortement de s’aliéner la Russie. Aucune des bases militaires iraniennes qui ont été frappées par Israël en Syrie n’ont provoqué de réaction de Poutine, et l’Iran a parfaitement reçu le message.

Un timing bien choisi ?

Le New York Times, qui est puissamment hostile à Netanyahu comme une majorité de Juifs américains, a tenté de prétendre que le timing des révélations de Netanyanu s’explique par le fait que Trump doit prendre dans moins de 15 jours sa décision concernant le maintien des accords nucléaires avec l’Iran.

C’est oublier qu’en octobre 2017, le président Trump a refusé de certifier que l’Iran était en conformité avec les accords, comme il doit le faire tous les 90 jours selon ces mêmes accords. La prochaine date est le 12 mai. Mais cela, le NYT s’est bien gardé de le rappeler à ses lecteurs. Car plus que sa haine de Netanyahu, il est maladivement atteint par le dérangement anti-Trump, dérangement qui s’aggrave au fur et à mesure des succès du Président américain.

Là aussi, la gauche américain se prend les pieds dans le tapis car ils n’arrivent pas à choisir entre leurs arguments contradictoires destinés à sauver la face d’Obama. D’un côté, ils affirment que les déclarations de Bibi sont destinées à convaincre Trump de décertifier les accords, mais de l’autre ils disent qu’il n’y a rien de nouveau dans la présentation de Netanyahu [comprendre : qu’Obama ne savait pas].

« Pour ceux qui ont suivi le dossier iranien, il n’y a rien de nouveau dans la présentation de Bibi « , a écrit Rob Malley, ancien haut fonctionnaire du Conseil de sécurité nationale de M. Obama et membre de l’équipe de négociation avec l’Iran, dans un tweet :

Rob Malley

@Rob_Malley

For those who have followed the Iranian nuclear file, there is nothing new in Bibi’s presentation. All it does is vindicate need for the nuclear deal

But the Israeli prime minister has an audience of one: Trump

And he’s unfortunately unlikely to reach the same conclusion.

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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