Il y a deux mille ans, Titus a détruit le Second Temple et exilé le peuple d’Israël de ses terres pendant 70 générations. Le temps d’un instant nous avons été les maîtres, avec des militaires et une monnaie, avec des prêtres et un temple pour adorer notre Dieu, avec notre propre institution judiciaire et notre régime judéo-hébraïque, et d’un coup nous avons été à la merci de nos hôtes, qui ne nous ont même pas invités à nous intégrer en leur sein.

Nos sages de l’époque (bien plus sages que ceux d’aujourd’hui) se sont demandés ce qui pourrait nous garder unis en tant que peuple en exil.

À l’époque, il n’y avait pas de service public pour estimer la durée de cette période de déracinement et d’errance. Il n’y avait aucun moyen de prévoir la fin de l’exil. Nos sages ont dû munir notre peuple d’un outil pour l’aider à traverser les tempêtes à l’extérieur du Temple, ne sachant pas combien de temps il faudrait pour y revenir.

Les prières juives telles que nous les connaissons aujourd’hui sont issues de cette période de l’exil. Le Temple avait été détruit à une deuxième reprise et nous avons dû créer des rituels et des textes afin de nous garder unis en tant que nation, pour nous donner espoir face au harcèlement des Gentils et pour instiller en nous un but. Cela nous fournissait un point d’ancrage dans un monde où nous n’avions pas de place, où nous étions seulement des invités.

Qu’est-ce qui peut maintenir un Juif en diaspora ? L’espoir de retourner à Jérusalem, de reconstruire le Temple et de rétablir le royaume d’Israël. Même si tout nous en éloignait à ce moment-là. Même si nous étions plongés jusqu’au cou dans la boue de l’exil, des persécutions, des pogroms, de la discrimination et de l’antisémitisme. Même si nous ne pouvions pas voir de lumière ni de salut. Certains d’entre nous étaient complètement désespérés et ne croyaient plus pouvoir s’en sortir. Finalement, certains des exilés ont oublié l’expérience humaine de base de vivre dans sa propre patrie, d’être souverain et maître de son propre pays, et ont développé des troubles mentaux, dont certains d’entre nous souffrent encore d’aujourd’hui.

C’est pourquoi nos sages ont inclus Jérusalem dans tant de nos textes et de nos cérémoniaux. Elle est partie intégrante de la cérémonie du mariage juif au cours duquel le marié brise un verre et promet que, même si c’est le plus beau jour de sa vie, il n’oubliera jamais Jérusalem et jure de s’en souvenir pour l’éternité. Casser le verre symbolise la destruction temporaire de la ville. Jérusalem apparaît également dans la prière après le repas (Birkat HaMazon) : “Aie miséricorde, Éternel notre Dieu, sur Israël Ton peuple, sur Jérusalem Ta ville, sur Sion la demeure de Ta gloire, sur la royauté de la Maison de David Ton oint, et sur la grande et sainte Maison qui est appelée par Ton Nom. Notre Dieu, notre Père”.

Et bien sûr, elle apparaît plusieurs fois dans la prière que nous faisons trois fois par jour. Chaque enfant juif dans le monde peut réciter Jérusalem, même s’il n’y a jamais été. C’est une source d’énergie, une destination rêvée, un aimant pour chaque cœur juif.

Et puis vint Benyamin Netanyahou et, en plein milieu d’une vague de terreur dans laquelle son propre peuple se fait assassiner, il se rend en Allemagne (l’Allemagne de tous les lieux ! Quel terrible choix pour humilier le peuple juif : l’endroit où le plan de le détruire a été conçu) et il déclare fièrement et sans bégayer, comme s’il s’agissait d’un exploit : “les Juifs n’iront pas prier sur le Mont du Temple”.

Qu’est-ce qui vous a poussé, Monsieur le Premier Ministre, à promettre quelque chose qui est à l’opposé de la foi de millions de Juifs dans le monde entier et qui annule des milliers d’années d’histoire ? Nous avons en fait promis et promettons tout le contraire chaque jour. Vous mentez, Monsieur le Premier ministre. L’Allemagne, Amman et le monde entier devraient le savoir : les Juifs vont prier sur le Mont du Temple et vont souhaiter de tout leur cœur la création du Troisième Temple, même si cela ne correspond pas à votre sacro-saint statu quo.

Car les Juifs n’ont jamais cru en ce statu quo. Dieu, notre Seigneur, ne nous a pas promis un statu quo et ce n’est pas ce qui nous a maintenus pendant deux mille ans en exil, bien au contraire : l’espoir que le statu quo empêchant les Juifs de prier sur le Mont du Temple disparaîtra, voilà ce qui nous a permis de survivre loin de notre foyer.

14ème Bénédiction de la Amidah (prière [récitée] debout) ou tefillat la’hash (“prière murmurée”), plus couramment appelée “amida”, un ensemble de bénédictions occupant une place centrale dans les offices de prière du judaïsme.

“Réside dans Jérusalem, Ta ville, comme tu l’as promis ; restaures-y bientôt le trône de David, Ton serviteur, et pour l’éternité, construis-la bientôt, de nos jours. Béni es-Tu Éternel, qui [re]construis Jérusalem”.

17ème Bénédiction de la Amidah

“Et à Jérusalem, Ta ville, puisses-tu revenir […] Béni sois-Tu, bâtisseur de Jérusalem ». « Puissent nos yeux contempler Ton retour à Sion, avec miséricorde. Béni es-Tu, Éternel, Qui ramènes Ta Shekhinah à Sion”.

Karni Eldad est musicienne, mariée et mère de deux enfants, elle réside à Tekoa en Cisjordanie.

[Note d’Etzbetzion : Yeshoua avait prophétisé la destruction de Jérusalem et du Temple en Luc 19.44 : “ils te détruiront, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps où tu as été visitée”. Mais ailleurs il est aussi prophétisé que le Temple sera reconstruit : notamment en Ezéchiel 41 et

Zacharie 6.12 Tu lui diras: Ainsi parle l’Éternel des armées: Voici, un homme, dont le nom est germe, germera dans son lieu, et bâtira le temple de l’Éternel.
	Zacharie 6.13 Il bâtira le temple de l’Éternel; il portera les insignes de la majesté; il s’assiéra et dominera sur son trône, il sera sacrificateur sur son trône, et une parfaite union régnera entre l’un et l’autre.

Il est donc tout à fait légitime que les Israélites désirent monter sur l’esplanade du Temple pour y prier en vue de sa restauration. Par contre, les agressions quotidiennes des musulmans vis-à-vis des Israélites à cet endroit-même sont une image de Satan qui cherche à tout prix à empêcher cette reconstruction qui aura lieu, quoi qu’il fasse. Hélas, le temple où voudra se faire adorer l’Antichrist sera tout d’abord rebâti, comme nous l’enseignent les Ecritures, en vue de séduire un maximum de personnes, mais l’Eternel triomphera et le Seigneur sera adoré dans son Temple.]