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Craignant l’agression russe, la Lituanie demande des conseils à Israël / JSS NEWS

By 15 juin 2015Lève-toi !

Publié le : 14 juin 2015

Au cours des dernières années, tandis que le mécontentement international à l’égard de la politique d’Israël grandit, la compagnie israélienne de danse “Bat Sheva” a reçu une part considérable de menaces de boycott. Mais les sonnettes d’alarme des militants du BDS ne se sont manifestées nulle part et leurs cris stridents ont été remplacés par un tonnerre d’applaudissements cette semaine, lors de la représentation de la compagnie au théâtre national de Lituanie à Vilnius. Parmi les spectateurs, la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite applaudissait avec enthousiasme, au côté de l’ambassadeur israélien.

Dalia Grybauskaite  ©Wikimedia

Alors que le mouvement du BDS déploie ses ailes et que l’Union européenne lance des avertissements à Israël, l’atmosphère dominante en Lituanie était totalement différente. Cette semaine, en s’adressant à un groupe de journalistes israéliens à Vilnius, de hauts responsables du gouvernement lituanien ont fait l’éloge “du grand nationalisme d’Israël et son enthousiasme à vouloir se défendre”, pour reprendre les paroles de Juozas Olekas, ministre lituanien de la Défense. Linas Linkevicius, ministre des Affaires étrangères a pour sa part qualifié les relations entre les deux Etats de “meilleures que jamais”. “Nos relations sont très bonnes, et deviennent de plus en plus intensives”.

En tant que pays dont la communauté musulmane est extrêmement petite, la Lituanie n’évoque pas la question palestinienne dans son discours, et le terme de “colonie” ne fait pas partie de son lexique. De cette manière, tandis que les autres pays européens préparent de nouvelles initiatives, désinvestissant leurs fonds de pension des banques israéliennes, le gouvernement lituanien cherche à attirer l’investissement d’Israël, ainsi qu’à accroître la coopération entre les deux Etats. Des relations diplomatiques ont été instaurées après l’indépendance de la Lituanie dans les années 1990, et l’ambassadeur israélien aux pays baltes siégeait à Riga jusqu’à cette année, où une ambassade d’Israël a été ouverte à Vilnius. Les relations dans les domaines de l’agriculture, de la biotechnologie et des produits pharmaceutiques sont en expansion, et le tourisme se renforce, avec plus de 14.000 Israéliens qui se sont rendus en Lituanie l’année dernière, soit le double depuis 2013.

Avec moins de 3 millions d’habitants, et des échanges bilatéraux de seulement 70 millions de dollars par an (soit 62.17 millions d’euros), la Lituanie n’est certainement pas le pays le plus important pour Israël. Mais son rôle est très significatif d’un point de vue international, aussi bien en tant que membre de l’Union européenne que de l’OTAN, sachant que Vilnius est l’un des amis les plus proches de Jérusalem sur l’une des scènes les plus hostiles, à savoir l’ONU.

En octobre 2011, la Lituanie faisait partie des 14 pays à avoir voté contre l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO, et en novembre 2012, elle s’est abstenue lors du vote pour l’amélioration du statut diplomatique de la Palestine. Ces derniers mois, en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité,Vilnius a défendu avec dévouement le droit d’Israël à se défendre lors de la guerre de l’été dernier à Gaza, et s’est abstenue à la résolution palestinienne à l’ONU en décembre dernier. Vilnius n’a pas non plus rejoint ses 16 autres homologues européens, ministres des Affaires étrangères à envoyer une lettre en avril, appelant à accélérer l’initiative d’étiqueter les produits en provenance des Territoires.

“Nous essayons de nous servir de notre position dans chacune des organisations afin de monter nos bonnes intentions”, a affirmé le ministre des Affaires étrangères Linkevicius. “La position indéfectible de la Lituanie est de soutenir une solution à deux Etats, mais à notre avis, seules des négociations directes entre Israël et les Palestiniens peuvent résoudre le conflit. Nous ne sommes pas des spécialistes dans la région, mais nous pensons qu’il faut éviter toute mesure unilatérale, et nous ne consentirons jamais au boycott”.

Amir Maimon, l’ambassadeur israélien à Vilnius explique que le secret est que “le gouvernement lituanien considère Israël en tant que modèle de petit pays qui se bat pour son existence, aussi bien dans le domaine économique que sécuritaire”. Vilnius, qui se préoccupe de plus en plus d’une éventuelle agression de la Russie dans la région, a augmenté récemment son budget de défense, et tente de contrer des tentatives de cyber-attaques et de violations d’espace aérien. “L’habilité d’Israël à affronter les menaces sécuritaires a une grande valeur pour eux”, indique Maimon. Le ministre de la Défense Olekas est d’accord, et a d’ailleurs influencé le gouvernement à réintroduire le service militaire obligatoire en Lituanie, considérant les méthodes de l’armée israélienne comme exemplaires. “Nous avons besoin d’expertise, Israël est l’un des meilleurs pourvoyeurs d’experts” a-t-il affirmé.

Avec cette admiration pour l’armée israélienne, et la question palestinienne qui n’est pas à l’ordre du jour, la Lituanie semble le pays rêvé du Premier ministre israélien qui, par coïncidence ou non, est d’origine lituanienne. Netanyahou n’est pas le seul, la Lituanie fut l’un des principaux centres des Juifs d’Europe de l’est, et la communauté “Litvak” a atteint des positions importantes en Israël. Le président Reuven Rivlin parle souvent de son lien ancestral au “Gaon de Vilna” (Génie de Vilna, ndlr), l’un des premiers savants juifs du XVIIIe siècle. L’ancien président Shimon Peres, ainsi que l’ex Premier ministre Ehud Barack ont eux aussi des origines lituaniennes, comme plus de 200.000 autres Israéliens.

Netanyahou non plus ne se sentirait pas dépaysé avec les positions du gouvernement lituanien. Depuis la chute du bloc soviétique, le principal allié de la Lituanie, qui lui fournit de l’aide économique et militaire n’est autre que les Etats-Unis. Mais les Lituaniens semblent préférer le prédécesseur du président Obama, George W. Bush, qui a fait pression pour admettre le pays en tant que membre de l’OTAN en 2002, et les a aidés à acquérir des missiles de défense. La présidente Grybauskaite, aussi connue sous le nom de “dame de fer” pour son charisme, a refusé de rencontrer Obama en 2010 parce qu’elle s’opposait à un traité sur les armes, conclu entre les Etats-Unis et la Russie. Bush, de son côté, est cité sur une plaque de la mairie de Vilnius. “Celui qui considère la Lituanie comme un ennemi, peut aussi considérer les Etats-Unis comme tels”.

Les officiels lituaniens qualifient l’agression russe de menace existentielle, une rhétorique essentielle qui rappelle celle de Netanyahou vis-à-vis de l’Iran. Après le récent traumatisme de la Géorgie, de la Crimée, et des offensives d’Ukraine, la Lituanie a demandé à l’OTAN d’accroître sa présence militaire et de prouver sa volonté de défendre les Pays Baltes, le gouvernement est particulièrement préoccupé par ce que les officiels appellent « une campagne de falsification et de manipulation » pour discréditer la Lituanie, via la télévision russe diffusée dans le pays.

Les forces spéciales armées du département de la communication, qui rassemblent 20 personnes, maintiennent l’effort de la Lituanie pour contrer la « propagande hostile ».

Alors que les dirirgeants lituaniens s’enorgueillissent de l’héritage juif de Litvak, l’attitude du gouvernement envers l’Holocauste, au cours de laquelle plus de 95% des Juifs ont été assassinés, a été critiquée par des groupes juifs.

La période sombre de l’Histoire durant laquelle la Lituanie était « coincée » entre les Soviétiques et les nazis, et de ce qu’en rapportent les habitants, donne le sentiment que la complicité des Lituaniens avec les nazis a été minimisée, et qu’une équivalence inapporpriée entre les communistes et les crimes nazis a existé.

Les représentants de la communauté juive, qui sont aujourd’hui environ 6.000, soutiennent le fait que le gouvernement a fait d’énormes efforts pour enseigner l’Holocauste.

En 1995, le président de la Lituanie a présenté ses excuses officielles devant la Knesset, pour le rôle qu’ avait joué son pays dans l’Holocauste; il assiste également chaque année à la cérémonie officielle commémorative Paneiri en mémoire des victimes de l’Holocauste.

Une loi a récemment été adoptée pour compenser la perte des biens de la la communauté juive, ainsi qu’un amendement reconnaissant les sauveurs des Juifs comme des combattants de la liberté.

Cependant, l’ambassadeur Maimon a déclaré qu’il y avait « encore beaucoup à faire pour préserver et honorer le passé juif du pays ». « De l’obscurité à la lumière », a résumé le ministre des Affaires étrangères, « nous espérons quitter une période de méfiance mutuelle et de faits sombres, pour une nouvelle ère d’or ».

Par Tal Shalev – i24News – JSSNews

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