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De son enfance à Auschwitz et jusqu’à son arrivée en Israël, témoignage unique d’une Survivante de la Shoah

By 28 janvier 2015Lève-toi !

Eva Lavy n’a pas toujours vécu en Israël et n’a pas toujours été entourée de ses petits enfants. Elle a fait partie de ces millions de personnes qui ont vécu l’horreur de la Shoah et des camps de la mort. Aujourd’hui, quelques jours avant Yom Hashoah et aux côtés de sa première petite fille servant dans Tsahal, elle vous raconte son histoire.

Bonjour, je m’appelle Eva Lavy. Je suis née à Cracovie en Pologne et lorsque j’avais deux ans, laguerre a éclaté. Lorsqu’elle s’est terminée, je n’avais que 8 ans. Durant la guerre, j’ai été contrainte de me déplacer du ghetto de Cracovie à Auschwitz puis en Tchécoslovaquie. Si je suis encore là aujourd’hui à vous raconter mon histoire, c’est grâce à deux personnes : Oskar Schindler et ma mère. En Israël aujourd’hui, je suis mariée, j’ai deux enfants et seulement trois petits enfants ce qui est honteux (dit elle en riant). Ils sont paresseux ! Une de mes petites filles, la première, Anne, est à l’armée aujourd’hui et c’est pourquoi je vais vous raconter mon histoire.

Lorsque la guerre a éclaté, j’étais vraiment une petite fille et je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Je n’ai pas eu d’enfance, je n’ai pas eu de grands-pères et de grands-mères, je n’ai pas été au jardin d’enfants, je n’ai pas été à l’école et j’ai eu une vie vraiment difficile pour une enfant.

La chance que j’ai eu, car j’en ai eu également durant cette période malgré tout, a été d’avoir été inscrite sur la célèbre liste de Oskar Schnidler sur laquelle j’étais la plus jeune. De plus, du début à la fin, j’ai eu la chance d’être aux côtés de ma mère.

Nous avons d’abord été dans le ghetto de Cracovie. Du ghetto, ils nous ont emmenés au camp de travail Płaszów près de Cracovie et c’est là bas qu’a été éditée la liste de Schindler. Ils ont voulu ensuite nous emmenés en Tchécoslovaquie mais suite à un accident, nous avons été transférés à Auschwitz. Nous sommes restés trois semaines dans ce camp de la mort dans des conditions dramatiques et dans la peur de mourir à chaque fois que nous allions près des fours crématoires.

Un épisode particulier a marqué mon passage dans cet enfer. Un jour, tandis que toutes les femmes étaient comme à l’habitude dans ces bâtiments sombres et horribles, une officier nazie s’est approchée de ma mère et lui a dit qu’elle devait m’emmener. Ma mère a commencé à pleurer et à crier. Elle ne voulait pas me quitter. Mais à Auschwitz, ce n’était pas possible de refuser. Ma mère lui demandait où elle allait m’emmener et l’officier lui a répondu qu’elle allait m’emmener dans un bon endroit. Ma mère ne comprenait pas. Un bon endroit ? À Auschwitz ? Comme était-ce possible ? Mais l’officier a promis à ma mère que j’allais aller dans un bon endroit. Et en effet, ils m’ont emmenée dans un endroit très différent d’Auschwitz. Personne ne pouvait y croire. C’était un bâtiment moderne, propre ce qui était rare dans ce camp d’habitude sale et noir. Là bas, il n’y avait que des enfants, bien habillés, propres, qui avaient presque bonne mine. Je ne comprenais pas où je me trouvais, je me suis dit qu’il s’agissait peut être du paradis. Il y avait des dessins aux murs, des jouets, des beaux habits. Les enfants étaient tristes évidemment, car ils étaient seuls, sans leurs parents. C’était en 1944 et nous avions tous très faims. Mais dans cette bulle, ils ne nous ont pas laissés mourir de faim. Un jour, les nazis nous ont appelés pour venir dîner.

Les jours précédents, nous ne mangions presque pas. Une tranche de pain peut être, une pomme de terre qui traînait par ci par là. Ce soir là, ils nous ont servi à dîner et nous avons alors beaucoup mangé. Le lendemain matin, une fois de plus, nous avons reçu un petit déjeuner ! Les nazis étaient si attentionnés que nous pensions que la guerre était peut être terminée. Le midi, une table a été dressée, nous étions vraiment surpris. Nous étions encore mieux habillés. Nous nous sommes assis et sont alors entrés trois ou quatre hommes en civil, souriants et gentils. Chacun d’entre eux s’est assis à côté d’un enfant. Je me rappellerai toute ma vie de l’odeur des pommes de terres qu’ils ont servies pour le déjeuner. Mais nous avions tellement mangé la veille que je ne pouvais plus rien avaler. Je n’avais tellement peu faim qu’une larme a coulé sur ma joue. L’homme en civil assis à côté de moi m’a demandé : “qu’est ce qu’il y a ma petite, tu n’as pas faim ?” Et je lui ai répondu que non, je n’avais pas faim.

Ces hommes étaient en fait des membres de la Croix Rouge. Tous ces beaux habits, cette nourriture, cet endroit existait comme une vitrine mensongère de ce qui se passait à Auschwitz. Des fours crématoires ? Ils n’en n’ont pas vus ! Des beaux enfants, bien habillés, qui se sentent bien et qui n’ont même pas faim, voila ce que les nazis voulaient montrer aux inspecteurs de la Croix Rouge.

Un jour, toutes les personnes inscrites sur la liste de Schindler ont été rassemblées. Un officier nazi a commencé lire les noms et lorsqu’il m’a appelée et qu’il a vu la petite fille que j’étais, il s’est tourné vers Schindler et lui a dit : “tu es tombé sur la tête ! C’est elle la professionnelle en armement ? C’est une petite fille !” Et Oskar lui a répondu que ce n’était pas un problème et qu’il m’avait appris à manipuler une arme très particulière que seuls mes doigts fins pouvaient travailler. Cette scène apparaît d’ailleurs dans le film “La Liste de Schindler”. Nous avons donc réussi à être transférés en Tchécolsovaquie. Là bas, c’était différent et plus facile car Schindler était le responsable et non les allemands.

C’est de ce camp en Tchécoslovaquie que nous avons été libérés. Le jour de la libération, Schindler n’était plus là et nous ne savions pas ce qu’il allait se passer. Tout d’un coup, nous avons vu arrivé à un soldat russe à cheval près du portail. Comme j’étais la plus petite, des gens m’ont donné des fleurs et j’ai couru vers ce soldat. Lorsqu’il m’a vu, il m’a faite monter sur son cheval et nous sommes rentrés ensemble dans le camp.

Dans les années 50, nous avons fait notre Alya en Israël. Je suis allée habiter dans un kibboutz, c’était vraiment incroyable. Je suis ensuite aller à l’école et après le baccalauréat, je suis rentrée à l’armée. J’ai servi dans l’Armée de l’Air. Dans ma famille, nous portons vraiment l’Armée de l’Air dans notre coeur. C’est là bas que j’ai rencontré mon mari. Mon fils a aussi rejoint ce corps de l’armée israélienne.

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Avoir avoir vécu l’horreur des camps, Auschwitz, la mort, la peur, je suis à chaque fois émue lorsque je vois notre armée, lorsque je vois nos soldats, lorsque je vois notre drapeau. J’aime vraiment de tout mon coeur Tsahal. Aujourd’hui, ma première petite fille, Anne, est à l’armée et je suis tellement fière d’elle et tellement heureuse. Tsahal, c’est une des choses que je chérie le plus. J’ai encore deux petits-fils et je suis sûre qu’eux aussi ils feront leur service militaire. Je sais déjà que je serai fière d’eux.

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Lève-toi ! / Etz Be-Tzion
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