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EHAD-UNITE de H. Goël / Extrait N° 55 : En littérature : La littérature universelle est imprégnée à titres divers et en abondance, sous toutes les lattitudes du mythe de la déesse terre-mère ou de la femme-déesse primordiale avec ses développements variés et subtils. C’est à tel point que le lecteur moyen  ou même débutant pourra chercher et trouver aisément. Nous nous contenterons ici de quelques citations ou exemples propres à la francophonie.

By 18 octobre 2021LECTURE QUOTIDIENNE

En littérature :

 

La littérature universelle est imprégnée à titres divers et en abondance, sous toutes les lattitudes du mythe de la déesse terre-mère ou de la femme-déesse primordiale avec ses développements variés et subtils. C’est à tel point que le lecteur moyen  ou même débutant pourra chercher et trouver aisément. Nous nous contenterons ici de quelques citations ou exemples propres à la francophonie.

 

  • Louis Aragon, poète français XXe siècle a dit: « La femme est l’avenir de l’homme ». Jean Ferrat l’a chanté, ainsi que Léo Ferré. Sa relation à Elsa Triolet serait à analyser dans le contexte de cette déclaration du poète et de ce livre. Elsa était bien plus qu’une simple muse pour Aragon. Ferré, lui, féminisera la mort dans une de ses chansons en la nommant « ultime infirmière » et « doux penthotal »… Ferré connut une scolarité honnie en établissement catholique à Monaco mais ne se débarrassa pas des arrière-plans suspects de cette éducation avec addiction à la femme « souveraine ». En cela, la majorité des vedettes de la chanson et de la chansonnette française lui ressemblent de façon variée et subtile et en tant qu’atmosphère générale la chanson française tout autant. Notons Trenet, Brassens, Maurice Chevalier ou Piaf et tant d’autres. Dans le domaine télévisuel,  radiophonique et le discours français quotidien, la référence obsessionnelle à la femme sexuée, idolâtrée ou méprisée, malmenée au nom de la gaudriole imposée est omniprésent. Songeons à l’émission « Les grosses Têtes » qui du fait de son contenu connaît évidemment une longévité exceptionnelle.

 

  • Jean Cocteau: dessinateur, peintre, poète et homosexuel manifesta, sa vie durant, une évidente addiction  à l’élément maternel.

En témoigne l’article suivant signé par Dominique Bona dans le Figaro du 21 juin 2007:

«  Jean Cocteau : Maman bobo !

Dans les 560 lettres qui composent le dernier volume de sa correspondance avec sa mère, on découvre que, malgré le nombre et le prestige des personnalités qui entourent Cocteau, elle reste sa plus sûre confidente.

 

Il l’appelle « ma chérie » ou « chère aimée », moins souvent « chérie », comme une amante. Elle est sa « mie », son « bon ange », ne deviendra que sur le tard sa « Maman chérie ». Il pouvait arriver à Cocteau de lui écrire tous les jours : le dialogue avec sa mère est une constante de sa vie. Loin d’elle, tel un enfant perdu, il quémande son soutien, sa tendresse, ses prières : « Je t’aime », lui déclare-t-il invariablement. Et il signe « Jean » ou « ton Jean », précédé d’un cœur ou, parfois, d’une étoile.

Jamais seul, en vacances à Villefranche, à Piquey, à Pramousquier ou à Villars-sur-Ollon, toujours dans la compagnie nombreuse de ses amis plus ou moins chers, même avec Radiguet dont l’amour le comble, ses pensées vont vers elle : le cordon ombilical ne sera jamais coupé. A lire ces lettres, si fidèles, si nerveuses, qui de 1919 – année de Potomak – à 1938 – celle des Parents terribles – reflètent les états d’âme de l’écrivain, ses penchants païens au bonheur et son incurable et maladive difficulté à être, on pourrait croire Cocteau fils unique. Comme Proust – qui avait pourtant lui aussi un frère -, dans sa relation à sa mère, il est pareillement exclusif, possessif et exigeant.  Eugénie Cocteau se doit de lui rappeler qu’il a une sœur et un frère aîné et que que la réputation de ce dernier, agent de change, ne doit pas être compromise par les frasques du poète.

 

La plus belle part de lumière

 

La mère est pour l’écrivain un soutien financier et moral. A la fois la solidité et la compassion. En bonne chrétienne, cette veuve qui dut élever ses trois enfants seuls (Notez l’absence du père) rappelle son benjamin aux valeurs essentielles : le travail, l’hygiène, la raison. Elle lui envoie des mandats, qu’il sollicite ou qu’elle lui accorde gracieusement, et aussi des chocolats ou de l’Eau miracle, son eau de toilette fétiche, tandis qu’il lui recommande des livres pas trop difficiles à lire – Stendhal, Balzac ou Maurois. Au milieu des personnalités innombrables et prestigieuses évoquées dans ces lettres, de Maritain à Chanel, en passant par Claudel, Kessel, Diaghilev, Milhaud ou Picasso, Mme Cocteau apparaît comme la première et plus fidèle confidente : celle qui écoute, sans se lasser. Celle qui aime et console. Au-delà même du rôle permanent des mères, elle apparaît comme la bonne étoile, la plus belle part de lumière dans le ciel sombre et tourmenté de son fils.

La mort de Radiguet, la dépression effroyable qui s’ensuit,  les médisances, les trahisons des amis, et les tourments de l’écriture – « la moindre ligne me coûte » : sans elle, le poète hypersensible, dont l’âme est « à vif comme une peau brûléeé », n’aurait pu les affronter. Ainsi lui confesse-t-il en plein découragement, en 1926 : « Il faut toujours vaincre la sale bête noire qui me mange le cœur. Ces luttes m’épuisent, mais je veux lutter par amour de toi, de la poésie, de certaines choses qui valent encore la peine. » Lorsqu’elle meurt dans sa maison de retraite de la rue de l’Assomption, en 1943, Cocteau a cinquante-trois ans. Il dépose un poème, à jamais inédit, dans son cercueil pour qu’elle l’emporte avec elle dans la tombe, cet ultime message. »

 

  • Gérard de Nerval et son fameux poème intitulé « El Desdichado »

Je suis le ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,

Le prince d’Aquitaine  la Tour abolie

Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé

Porte le Soleil Noir de la Mélancolie.

 

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,

Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,

La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,

Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.

 

Suis-je Amour ou Phoebus ?… Lusignan ou Biron ?

Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;

J’ai rêvé dans la Grotte où nage la Syrène…

 

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :

Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée

Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

Les Chimères, 1854.

 

Commentaire de Daniel Leuwers (poètes français des 19ième et 20ième siècles – Le Livre de poche): « El Desdichado est pour le poète le lieu d’une interrogation sur son identité. Le « Je suis » initial (v.1) se transforme en un « qui suis-je ? » (v.9). Mais qui sera finalement l’Eurydice sauvée des enfers par Orphée ? La Vierge Marie (« la sainte ») ou quelque « fée » païenne ? La quête de la femme idéale peut-elle cependant suffire à chasser l’angoisse du poète ? »

(Note : J’ajouterai que la portion de poème « le Veuf, – l’Inconsolé, Le prince d’Aquitaine à la Tour abolie » dévoile l’absence du père (symbolisée par la Tour abolie) ressentie comme abandon tragique. Nerval qui écrivit aussi « Les filles de Feu », éloquent, se réfugia dans l’idée d’un salut protecteur qui viendrait de la femme et sans doute d’une certaine façon de la femme enfant. Il en mourut désespéré en se suicidant. C’est l’aile noire de tout le romantisme qui s’exprime là. Romantisme et femme divinisée, salvatrice…. Comme dans le catholicisme où c’est  foncièrement Marie qui sauve, qui est l’ultime recours du désespéré et non Jésus.

 

  • Les surréalistes (poètes, peintres – voyez Magritte, Delvaux,…etc.) ils ont fait de la femme un pivot essentiel, être perçu comme mystérieux, fantasmé, inaccessible, guide du sens dans le rêve (la femme associée à l’ouverture à l’occulte chez Breton par exemple, avec son livre intitulé Nadja), oui, femme inaccessible, rêvée. En cela les romantiques en addiction avec la nature et la femme quasi divinisées les ont précédés en leur ouvrant la porte au final de la quête romantique.)

 

  • Marquis de Sade : écrivain français, XVIIIe siècle. Les déviations classées sous le nom de sadisme doivent leur nom au marquis de Sade (1740 – 1814). Il prétendit dans ses romans obscènes que les plus grandes joies sexuelles pouvaient être ressenties au vu de la douleur d’autrui. Sade était convaincu qu’il n’y avait pas de Dieu, mais bien une déesse : la Nature.

La cruauté humaine qu’il encourageait ne devait pas selon lui être considérée comme un acte personnel, mais comme une manifestation impersonnelle dont on ne pouvait se considérer responsable. Cette opinion ressemble étonnamment à l’affirmation d’Adolf Hitler, prétendant qu’il délivrait les gens d’auto-châtiments malpropres et avilissants dus à une chimère nommée « moralité et conscience ». Concernant Hitler, voyez sous la rubrique « Quelques Nérons modernes » du chapitre 13.

 

  • Qui est véritablement l’Emma Bovary de Gustave Flaubert (célèbre romancier français du XIXème siècle) ? A bien y regarder, au-delà de la saga féministe avant l’heure d’une jeune bourgeoise normande, n’y a-t-il pas dans le personnage d’Emma Bovary une exaltation, un appel, un retour à l’Eve primordiale désespérée et rebelle de la Genèse face à un mari, homme falot?

 

  • Charles Baudelaire (poète français du XIXème siècle), tôt orphelin de père et « fils de sa mère» contre le général Aupick, son trop précoce beau-père. Baudelaire se révolta contre le remariage rapide de sa mère, ce qui le conduira à une vie de dandy dissipateur, un voyage dans l’océan indien qui éveillera son goût de l’exotisme (la fuite élevée au niveau du style) et la vie que l’on sait. Le remariage de sa mère mit en lumière le lien psychique violent qui le liait sans doute à celle-ci. Baudelaire fera finalement de Jeanne Duval, une actrice mulâtresse, sa muse sensuelle dans une idolâtrie charnelle sans frein. Le désarroi existentiel de Baudelaire s’épancha finalement dans un culte de la forme, des sens, dont le canevas inconscient et quasi invisible (Satan sait se camoufler) est… une forme de déité terre-mère. Faut-il signaler le génie littéraire et de critique d’art, mais génie, hélas, ténébreux, du poète ? Une seule phrase de l’auteur parmi tant d’autres, ce sera une note en bas de page dans les Ecrits sur l’Art. Tome 1 : «Goût permanent depuis l’enfance de toutes les représentations plastiques. Glorifier le culte des images, ma grande, mon unique, ma primitive passion ». Il y aurait, à partir de cette simple citation, lourde de sens profond dans l’obscur, matière à un essai d’analyse riche. Baudelaire se rattachait partiellement, par ce qu’il exprimait, au monde sensuel, idolâtre de Caïn « le Fils de la femme-dieu ».
  • On devrait encore citer Marcel Proust et sa relation fusionnelle à la mère et tant d’autres de domaines si divers, Sigmund Freud que sa mère appelait « Mein goldener Sigi » (Mon Sigi en or. Sigi pour Sigismund!) Tout un programme. Pour résumer le tempérament de la mère de Karl Marx, Robert Benayoun explique : « Force matriarcale, tyrannique… ».

 

  • Lou Andréas Salomé, Nietzche, Rainer-Maria Rilke et Freud.

Etrange statut que celui de cette jeune femme d’origine huguenote par son père et de     la noblesse danoise par sa mère qui, par sa beauté rendue par elle-même inaccessible, quasi mythifiée, divinisée, « Votre fille, sa beauté est un diamant! » écrira un admirateur au père de Lou, captiva passionnément des hommes d’une influence éminente tel que Sigmund Freud, le père de la psychanalyse, Nietzche, le poète et philosophe allemand bien connu, ou Rainer-Maria Rilke, le fameux poète et prosateur praguois, auteur, entre autres, des « Elégies de Duino ». Nous savons quelle place primordiale la femme tint dans les recherches, le point de vue et la pratique de Freud. Nous savons aujourd’hui le rôle obscur que joua la sœur de Nietzche (l’ange gardien de sa fin de vie) en tant que trait d’union (falsificateur au passage des écrits de son défunt frère) qui permit aux nazis de récupérer la pensée nietzchéenne à bon compte. Notons que Nietzche abhorrait l’antisémitisme, ce qui joua un rôle dans sa rupture avec Wagner. Il y aurait tant à dire sur Rilke, le poète d’un « certain ineffable ». La place manque, mais notons au passage que Rilke était rosicrucien.

Ainsi, pour ces trois cerveaux qui influencèrent largement notre culture et notre pensée au vingtième siècle, tout tourna, pour une bonne partie de leur existence, autour d’une femme-dieu, d’autant plus déesse qu’inaccessible. Celui qui saisit cela comprend aussi le secret (tout en courbes) de l’art nouveau (l’art 1900) et certains aspects ambigus dans le rapport à la sexualité chez les gens de l’époque. Tout cela est issu de l’Europe centrale et ce n’est pas un hasard si c’est en Europe centrale (à Sarajevo) que fut mis le feu aux poudres pour l’effroyable première Guerre mondiale. Rappelez-vous, quand il y a fascination pour la femme-dieu, le sang ne tarde jamais à couler…

Avec le quatuor Salomé, Freud, Nietzche, Rilke, ne sommes-nous pas tragiquement loin et à l’inverse de cette prophétie biblique propre au Millenium qui vient ?

 

    « – Oracle de l’Eternel. Dresse tes signaux, place tes poteaux. Prends garde à la route, à la voie où tu marches… reviens, vierge d’Israël. Reviens dans ces villes qui sont à toi ! Jusques à quand seras-tu errante, fille rebelle ? Car l’Eternel crée une chose nouvelle sur la terre. La femme recherche l’homme ! » (Jérémie 31 : 21 et 22).

 

Il serait ainsi très intéressant de relever des exemples dans chaque domaine d’expression artistique ou dans l’immense panorama des aspects culturels de notre planète. (Il nous faudrait ajouter au présent livre plusieurs dizaines d’encyclopédies). Nous invitons le lecteur à exercer sa mémoire, sa culture ou sa curiosité…

 

 

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