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EHAD-UNITE de Haïm Goël / Extrait N°4 : Bangui, Centre-Afrique…

Bangui, Centre-Afrique…

 

C’était une grande joie pour moi de retrouver mes frères d’Afrique, car leur foi spontanée est pour nous l’occasion d’expériences spirituelles que nous vivons bien moins souvent, il faut l’avouer, sur le champ de mission en Europe : miracles, guérisons, paroles de connaissance, baptêmes dans le Saint-Esprit. La puissance de D.ieu était en action chaque jour. Au terme de ce séminaire, je fus invité dans une famille de bien-aimés. Ceux-ci souhaitaient une aide spirituelle. Le chef du foyer m’expliqua qu’il tenait une position clé du point de vue social et qu’il était membre fidèle, avec son épouse, d’une église locale. Il était néanmoins en butte à un problème sérieux. Deux ou trois de ses enfants arrivés à l’âge de l’adolescence, bien qu’élevés chrétiennement et ayant fréquenté l’église, menaient depuis plusieurs semaines, plusieurs mois peut-être, une vie bien peu digne d’enfants de D.ieu, courant les soirées dansantes, découchant, etc.

 

Le frère m’avoua être à bout de ressources, ayant tout essayé en vain. Il était avec son épouse totalement perplexe et incapable d’apporter une explication au comportement de ses grands enfants. Je me mis à prier intérieurement, m’attendant à recevoir une parole de connaissance qui aurait révélé une quelconque accointance, involontaire même, avec les puissances des ténèbres. Ceci est assez commun hélas chez nos frères d’Afrique. La société africaine traditionnelle est construite sur des critères totalement différents des nôtres et la « sécurité sociale » de cette société reposait jadis sur les apparences de pouvoir et de puissance greffés par trois axes essentiels : la richesse matérielle, le nombre d’épouses et le blindage occulte.

 

Je m’attendais donc en priant intérieurement à trouver une trace dans ce domaine, mais très étrangement, la voix du Saint-Esprit restait en moi complètement silencieuse et au bout de quelques minutes, alors que le frère continuait à m’exposer pour la deuxième ou troisième fois ses déboires, espérant une solution au problème, je me sentis désespérément vide, incapable d’émettre une parole quelconque.

Nous étions tous extrêmement tendus et touchés. Je devinais de plus en plus le désarroi de cet homme et le fait de n’avoir aucune réponse me mettait encore plus mal à l’aise.

Je m’apprêtais à lui avouer mon désarroi, lorsque l’Esprit de D.ieu me parla clairement deux fois : « Enseigne-le sur le rôle de l’époux, sur la position et sur l’attitude qui en découle. Enseigne-le sur ce que tu viens de découvrir ! » Il ne fut pas aisé pour moi de le faire, car c’était apparemment lui parler de quelque chose qui, dans son esprit, n’avait rien à voir avec les problèmes immédiats auxquels il était confronté. Je le fis néanmoins. Quelle ne fut pas ma surprise de voir cet homme se lever dans un premier temps, les larmes aux yeux puis se jeter à genoux devant son épouse en implorant son pardon car, dit-il : « Jamais un instant, ma femme, depuis que je te connais, je n’ai songé à tes besoins. Jamais un instant, je n’ai tourné mon coeur et mes regards vers toi pour t’apporter bénédiction, bonheur, sécurité. Je t’ai épousée, il faut que je te l’avoue, par intérêt car tu étais la fille d’un notable…»

 

L’homme était prostré aux pieds de sa femme. Pour ma part, j’étais sidéré d’une réponse aussi rapide après seulement quelques instants de conversation et d’une opération si foudroyante de l’Esprit de D.ieu dans un domaine aussi délicat et rendu tellement complexe dans la plupart de nos vies par des générations et des générations d’errements, de mauvaises mentalités et l’enchevêtrement inextricable des frustrations réciproques chez tant de couples, l’orgueil aidant.

Au cours de cette visite, j’étais accompagné d’un tout jeune pasteur africain. Il fondit en larmes à son tour car très jeune marié, il se jeta au sol, à plas ventre et il exprima spontanément devant D.ieu que sa vie de couple était un enfer depuis le premier jour jusqu’à aujourd’hui. En guise de dialogue il imposait à son épouse sa volonté…en la battant. Ainsi avait-il reçu son héritage culturel dans ce domaine. Ces deux hommes manifestèrent une repentance profonde et m’avouèrent avoir perçu par l’action du Saint-Esprit, très clairement, que le problème se situait à leur niveau avant tout. Ces hommes s’étaient reconnus comme initiateurs de la vie dans le domaine du couple. Initiateurs via l’ordre divin, pour la paix, le bonheur et la justice, ou initiateurs du malheur et de la destruction et d’un pandémonium de frustrations par le biais de conceptions falsifiées par Satan et reçues par toute la race humaine à travers la chute d’Adam et Eve, le premier couple.

 

Je rentrai en France. Quelques semaines plus tard, le père de famille africain, le père des jeunes gens dissipés, me fit connaître une chose merveilleuse : sans avoir dit un mot à ses enfants, ayant mis fin à toutes réprimandes, mais s’étant attaché à adopter l’attitude d’un mari biblique, bénissant son épouse, il avait créé un climat de sécurité et de vérité dans son foyer. Là où il y avait le vide était venu le plein et, tout naturellement, ces jeunes qui découchaient à la recherche (inconsciemment peut-être mais très réellement) d’une famille biblique, rentrèrent chez eux définitivement.

 

Il me fallut bien des semaines, des mois et des mois, pour laisser D.ieu m’enrichir complètement de ce que je venais de découvrir. Je laissai l’Esprit de D.ieu continuer son oeuvre, c’était la seule chose à faire, car je réalisai n’avoir rien compris et tout devoir découvrir de A à Z dans ce domaine délicat. Je redescendais de l’autre côté de la montagne après avoir tenté vainement par mes propres forces de grimper pendant des années l’autre versant.

 

Ce que je découvris alors était stupéfiant. Le vrai bonheur était là, à ma portée. Peu à peu, je goûtai la joie noble, la légitime fierté qu’il y a à aimer pour elle-même, exclusivement, celle que D.ieu nous a confiée, à l’entourer de soins jaloux, d’attentions dictées par l’Esprit pour l’aider enfin à franchir cette distance qui la séparait de moi du fait jadis de la crainte inexprimée presque inconsciente face à cet homme confus, incompréhensible et aveuglé, cet homme que j’avais été pendant tant d’années sans même pouvoir l’admettre.

 

La distance entre mon épouse et moi diminua au fil des jours et tous les aspects de notre relation s’en ressentirent. Quelque chose d’enfantin, de pur, de libre, s’installa entre nous et je réalisai combien D.ieu m’invitait à goûter un sentiment nouveau très, très particulier, que j’avais méconnu jusque-là ou que j’avais oublié dans mon enfance en « grandissant » : aimer. Aimer au point de donner sa vie s’il le faut pour l’autre, aimer au point de vivre avec une joie, une jubilation, un désir inextinguible de mourir pour l’autre, pour la bien-aimée.

 

Je rejoignais peu à peu les profondeurs de la Parole de D.ieu en Ephésiens 5 : 25, lorsqu’elle annonce : « Maris, aimez vos femmes comme Christ a aimé l’Eglise en se livrant pour elle ». Il y a, mes frères, un secret dans ces paroles, un secret que l’Esprit de D.ieu a mis en réserve, un trésor caché, une perle rare, un fruit d’un goût exquis, une vérité qui ennoblit et qui élève. Cette vérité, c’est l’amour inconditionnel qui s’exprime dans un don total de soi, joyeux, volontaire. Lorsque l’Esprit de D.ieu aura accompli son oeuvre dans ton coeur, mon frère, tu ne pourras t’expliquer, tu ne pourras expliquer à autrui la puissance majestueuse qui te poussera à vivre ces choses, mais tu y trouveras le plus grand des bonheurs.

La plupart d’entre nous avons une conception totalement fausse de l’amour. Lorsque nous lisons l’Evangile de Matthieu au chapitre 16 : 25, notre nature craintive, charnelle, non régénérée, nous fait voir ces choses comme frustrantes, lorsque Jésus nous dit : « Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera ».

 

Tout notre être, malgré la promesse contenue dans ces Paroles, reste le plus souvent en deçà de cette Parole, avouons-le, conservant jalousement cette vie pour en jouir le mieux possible. Il y a un grand mystère positif dans la croix et nous ne le goûtons pas. Jésus a souffert au-delà de tout ce qui est permis, mais j’ai la conviction qu’en même temps Jésus a connu ensuite une joie très particulière, un bonheur inexprimable, qui fit partie de Sa résurrection et de Son éternité royale. Car Jésus a aimé, et aimer ainsi coûte tout, et aimer ta femme comme Christ a aimé l’Eglise, mon frère, te coûtera tout, mais tu y trouveras quelque chose d’indéfinissable qui ressemble en bien plus beau à du bonheur, tu y trouveras ton statut d’homme fait, ton unique « royauté ».

Tu y trouveras une source de liberté prodigieuse, tu rentreras dans tes droits d’héritier, tu deviendras, comme Christ a reçu un droit royal sur l’univers entier, le roi dans ton foyer. Cela sans que tu n’aies plus jamais besoin d’en douter ou de le faire savoir.

Tu la verras alors s’approcher de toi et te livrer le plus profond de son être. Elle le fera joyeusement, attirée par cette noblesse et cette grâce mystérieuse qui commenceront à se dégager de toi, parce que l’Esprit de D.ieu en toi aura agi, aura fait Son oeuvre et que l’Esprit de D.ieu est plein de noblesse, de distinction, de classe, de don.

L’Esprit de D.ieu veut distribuer une onction royale sur les vrais époux. Tu verras alors Eve, ta compagne, venir se placer sous ta protection, ce qu’elle désire le plus, sous ton bras, à ton côté, à l’endroit exact d’où elle fut tirée jadis dans le jardin d’Eden.

 

Jésus a aimé les couples et a accepté de souffrir pour eux aussi. C’est pourquoi c’est à ce même côté qu’Il a été frappé pour toi, mon frère, et de ce côté a jailli du sang, quelque peu, et de l’eau. Le sang, ici, est un type du don de soi. En Christ, en Yeshoua, l’Oint de l’Eternel, prends aujourd’hui par la foi cette capacité de te donner invariablement à ta bien-aimée, à rester toujours calme, disponible, humble et détaché face à toutes ses petites incohérences apparentes de comportement.

Elle a besoin de ta couverture spirituelle, ton amour inconditionnel pour retrouver son identité d’épouse. Patiente avec elle, elle le mérite bien après tant de siècles passés loin de toi, l’homme.

L’eau a coulé du flanc de Jésus, c’est aussi l’eau de la Parole dont il est question dans Ephésiens 5 : 26. Deviens le pédagogue dans ton foyer, deviens le directeur spirituel et intellectuel de ta demeure. Non pas d’une manière docte et ridicule, mais tout naturellement en laissant ta nature se modeler à l’aune des enseignements de cette Parole et en transmettant alors ce que tu auras toi-même expérimenté à ton épouse, aux tiens.

 

Rends-la spectatrice émerveillée de tes progrès. Rends-la « jalouse » de toi, mon frère. Qu’elle puisse discerner en toi la marque d’un mystère profond et originel, puisqu’en Eden tu fus créé avant elle.

 

Un jour, dans notre maison, alors que j’avais quitté mon bureau, ex-lieu de refuge et de démission, pour aller en plein milieu de mon travail, sur une suggestion du Saint-Esprit, saluer et bénir ma bien-aimée, ce qui la surprit beaucoup, deux de nos fils, ignorant tout de ma démarche mais ressentant à distance qu’un air différent commençait à se répandre chez nous, bondirent hors de leur salle de jeux, en nous lançant des regards admiratifs. Ils savaient que quelque chose de grave et de joyeux tout à la fois venait de se passer ces temps derniers, et c’est alors que mon épouse, rejetant les casseroles qu’elle avait à la main pour éponger avec son tablier l’humidité de ses mains, vint vers moi d’un air résolu. Elle planta ses yeux dans les miens et me dit sur un ton mi-interrogatif, mi-admiratif, des paroles superbes, que je ne puis retranscrire, par pudeur, ici. Mais celles-ci ressemblaient furieusement à ces paroles mystérieuses qui m’avaient si longuement interpellées, durant des années, dans la bouche de Sara parlant à Abraham : « Mon seigneur ! »

 

 

 

 

 

 

 

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