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Elections américaines : les sondages mentent. Voici la réalité

By 30 octobre 2020Le mot du jour
Publié par Jean-Patrick Grumberg le 27 octobre 2020

Washington Times : « Trump est en tête pour l’enthousiasme, Joe Biden est en tête des sondages » (1) – sauf que l’enthousiasme est réel et les sondages sont bidons.

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George Orwell 1984 : « Le Parti vous dit de rejeter les preuves que vos yeux et vos oreilles vous montrent. C’est le commandement le plus essentiel. »

CNN 2020 : « Le Parti vous dit de rejeter que vos yeux vous montrent des foules heureuses pour Trump et des tout petits groupes épars pour Biden, et il vous dit de croire ses sondages, qui vous disent que ces foules sont moins nombreuses que celles de Biden.

Mais la guerre des sondages n’aura pas lieu si vous lisez Dreuz. Car Dreuz ne cherche pas à vous influencer mais à vous informer.

Les sondeurs se rangent dans deux catégories :

  1. Les sondeurs Démocrates – c’est à dire les noms les plus connus de la profession et les plus souvent cités par les médias – qui n’aiment pas Trump, s’étaient trompés en le donnant largement perdant en 2016, et le donnent largement perdant aujourd’hui. D’après toutes nos vérifications, ils ne semblent pas avoir changé leurs méthodes de travail par rapport à 2016. Je peux me tromper, mais comme je suis un homme simple, j’ai des difficultés à faire confiance à des gens, ou des organismes, qui se sont autant trompés en 2016.
  2. Ceux qui ne s’étaient pas trompés, ou pas de beaucoup, en 2016. Rasmussen, Trafalgar, Democracy Institute, et un outsider que personne ne mentionne jamais, le Los Angeles Times, un journal évidement très à gauche, mais que je suis parce que c’est chez moi. Enfin, Helmut Norpoth, un professeur qui ne fait pas de sondages mais des études, a correctement annoncé les résultats des 6 dernières élections présidentielles, et a déduit de ses analyses les résultats de 25 sur 27 dernières élections. Là encore, l’homme simple que je suis a plus tendance à leur faire confiance cette fois, puisqu’ils ont fait leurs preuves. Là encore, puisqu’il reste 8 jours avant l’élection et que nous devons y prêter attention, peut-être que je me trompe du tout au tout, mais je ne crois pas.

Trafalgar Group

Robert Cahaly, PDG de Trafalgar Group : « Trump va gagner »

Robert Cahaly est le PDG de Trafalgar Group, un des rares instituts de sondages, avec la société Rasmussen, qui n’a pas donné des résultats complètement fantaisistes en 2016.

Cahaly vient de déclarer à Rich Lowry, de la respectable National Review, qu’il prédit que Trump va gagner.

Et le fondateur et président de Real Clear Politics Tom Bevan, l’agrégateur qui consolide la moyenne de tous les organismes, a récemment fait l’éloge de la précision des capacités de pronostic de Robert Cahaly, le dirigeant de Trafalgar. Bref.

Pourtant, tous les autres instituts disent que Biden va gagner. Alors…

Pourquoi faire confiance à Trafalgar ?

« Le succès de Cahaly s’est poursuivi en 2018, surtout en Floride », écrit Bevan, le fondateur de RealClearPolitics. « Il a été l’un des rares sondeurs dont les données ont montré que Ron DeSantis a battu Andrew Gillum dans la course au poste de gouverneur de Floride et que Rick Scott a battu le Démocrate sortant Bill Nelson dans la course au Sénat. Le cabinet de Cahaly, le Trafalgar Group, est ressorti des deux derniers cycles politiques comme l’une des opérations de sondage les plus précises en Amérique ».

  • Trafalgar group a été l’un des seuls à prédire la victoire de Trump dans le Michigan et en Pennsylvanie, la victoire présidentielle de Trump, et les résultats des élections de mi-mandat de 2018).
  • « Cahaly a également montré que Trump était en tête en Caroline du Nord et en Floride, qu’il a toutes deux remportées, assurant son improbable victoire 304-227 au Collège électoral » a rappelé Rush Limbaugh la semaine dernière (3).
  • Selon Cahaly, le PDG de Trafalgar, tous les sondages des instituts sont faussés du fait que les électeurs conservateurs ont cinq fois moins envie de répondre aux questions que les progressistes – c’est pire qu’en 2016.
  • Il précise même que la réticence des conservateurs à répondre aux sondages est passée de 4 conservateurs pour 1 progressiste à 5 pour 1 au cours des dernières semaines.
  • Et c’est parce que les gens qui détestent Trump sont heureux de le dire à qui veut bien l’entendre, surtout à un sondeur, tandis que les conservateurs ont toutes les raisons du monde de se taire : crainte pour leur emploi, pour leur sécurité, pour leur anonymat, dans un environnement où les Black Lives Matter et les Antifa sèment la terreur dans les villes, où les partisans de Trump se font agresser s’ils portent une casquette MAGA, et les cas d’employés licenciés, « canceled » pullulent dans les médias conservateurs.
  • Les conservateurs, dit Cahaly, sont réticents à dire qu’ils vont voter pour Trump, parce qu’ils n’ont pas confiance dans les sondeurs – ils savent qu’ils sont Démocrates, et ne sont pas sûrs qu’ils vont garder leur identité secrète.

Les conservateurs s’inquiètent des répercussions sociales telles que la perte de leur emploi ou pire, dit Cahaly.

  • Autre facteur qui n’est pas pris en compte par les instituts, le « biais de désirabilité sociale », explique Cahaly, qui consiste à donner aux enquêteurs des réponses politiquement correctes.
  • Cahaly pense que ce facteur peut être responsable d’une différence de cinq à huit points dans les chiffres réels du scrutin. C’est un écart énorme, que de nombreux enquêteurs, affirme-t-il, n’essaient pas d’atténuer dans leur échantillonnage.

C’est pourquoi il pense que beaucoup de sondages montrant une nette victoire de Biden sont faux.

Son analyse est partagée par Marko Kolanovic, le responsable de la recherche quantitative chez J.P. Morgan. Il pense lui aussi que les électeurs non déclarés de Trump sont importants. Lors d’une interview pour Business Insider, Kolanovic affirmait (5) que :

La tendance de gauche à la « cancel culture » pourrait conduire les électeurs de Trump à être malhonnêtes envers les enquêteurs, en faussant artificiellement les chiffres en faveur de Biden de 5-6 %.

Une étude de CloudResearch confirme sa prédiction, et indique que les électeurs Républicains sont deux fois plus réticents à partager leur préférence que les Démocrates (6).

Democracy Institute

Le 7 octobre, un sondage du Democracy Institute, un des rares organismes qui a correctement prédit le vote de Brexit en Grande-Bretagne et l’élection de Donald Trump en 2016, affirmait que le président Trump est en tête du vote populaire national d’un point.

  • Le Sunday Express/Democracy Institute avait réalisé un sondage auprès des électeurs probables, et lui aussi contredisait la plupart des sondages, montrant Trump à 46 % et Biden 45 %. Mais comme vous le savez, ce n’est pas une élection nationale mais par Etat, sanctionnée par le vote du collège électoral, ou grands électeurs. Et là,
  • Democracy Institute dit que Trump est en passe de remporter 320 voix contre 218 pour Biden.
  • Il est en cela très proche des chiffres du commentateur politique Kevin McCullough, encore que sa prédiction pour l’Etat de New York me semble suspecte – je le précise.

Pourquoi faire confiance à Democracy Institute ?

  • Le « vote timide pour Trump » est plus important cette année… Et ceux qui entrent dans cette catégorie devraient terrifier les Démocrates », explique le président de Democracy Institute, Patrick Basham.

Je le répète, les amis, explique Basham, les sondages, c’est foutu. Ils sont faussés. C’est le bordel.

Soit nous avons raison d’être très sceptiques et la victoire du collège électoral est un raz-de-marée pour Trump, soit les enquêteurs ont raison, et nous nous dirigeons vers Armageddon le jour du scrutin.

Néanmoins, le sur-échantillonnage des Démocrates [ils interrogent tous 5 à 7 % de Républicains de moins que de Démocrates], et le sur-échantillonnage d’électeurs ayant fait des études supérieures [qui reflète le public des deux côtes mais pas la moyenne du pays, et qui votent plutôt Démocrates] et des Républicains de banlieue hostiles à Trump devrait mettre la puce à l’oreille de nombreux observateurs.

La réticence de certaines de ces sociétés à inclure dans leurs échantillons les « électeurs probables » [seule l’opinion des électeurs probables compte, puisque demander leur avis à ceux qui déclarent qu’ils ne vont probablement pas voter n’a aucun sens, si ce n’est de fausser les résultats des sondages] est également suspecte.

  • Un récent sondage Hill-Harris a noté que les jeunes Américains ne sont pas du tout enthousiasmés par cette élection. Ils n’ont pas l’intention de voter.
  • Gallup rapporte que l’intérêt des jeunes pour le vote a atteint son niveau le plus bas depuis 2000.
  • Cela correspond aux résultats de Patrick Basham, dont les résultats des sondage, qui ont été mentionnés dans le Washington Times et Forbes, suggèrent qu’il y aura un million de jeunes en moins qui voteront ce cycle. Les autres sondeurs, eux, n’ont pas réduit le nombre de jeunes dans leur échantillonnage. Et les jeunes votent Démocrate.
  • C’est ainsi que dans le sondage de Basham du 11 octobre (2), qui porte sur un échantillon de 1 500 électeurs potentiels, Trump devance Joe Biden d’un point.
  • Il insiste sur le fait que le « vote timide pour Trump » est très vivant et sera plus important cette fois-ci. Et qui entre dans la catégorie du « vote timide » ?
    • Les femmes blanches des banlieues,
    • Les femmes noires des villes,

« deux groupes qui ont le plus de chances d’entrer dans la catégorie des timides pour le cycle 2020 et qui devraient effrayer les Démocrates », ajoute Basham.

  • Quant à la Floride, un État que Biden est supposé prendre, elle pourrait déjà être hors de sa portée. Basham note que les choses y deviennent plus confortables pour lui. Et d’après de récents sondages effectués dans cet État, il semble que le vent ait tourné en faveur du président.

Rasmussen

Je n’aborde pas le cas de Rasmussen, car il apparaît de plus en plus sur les radars des grands médias. Il s’est hissé dans la cour des grands comme celui qui a donné les meilleurs résultats en 2016, et entre dans ma seconde catégorie, celle des sondeurs à qui l’on peut se fier.

Helmut Norpoth

Le modèle statistique du professeur politologue de l’université Stony Brook de New York, Helmut Norpoth, qu’il appelle le « modèle primaire », a correctement prévu cinq des six dernières élections présidentielles. Il donne à Trump 91 % de chances de gagner, rapporte Forbes ce 22 octobre (4). En 2016, il donnait à Trump 97 % de chances de gagner sur Hillary.

Norpoth n’est pas un professeur Nimbus excentrique.

Norpoth a créé un modèle qui prévoit le résultat d’une élection présidentielle en fonction de la force relative des candidats aux primaires. Appliqué aux élections passées, son modèle a correctement prédit toutes les courses présidentielles depuis 1912, à l’exception de la course Kennedy-Nixon de 1960.

Il a eu raison lors de cinq des six dernières élections, ne manquant que pour Bush-Gore.

Selon le modèle de Norpoth, comme Trump a obtenu 85 % des voix dans le New Hampshire, son plus proche adversaire, Bill Weld, en a obtenu 10 %, alors que Joe Biden n’a obtenu que 8,4 % des voix dans le New Hampshire, le calcul indique une victoire dévastatrice pour Trump.

La légende des sondeurs qui ne se trompent pas

Si vous perdez du temps à lire la prose de la grande presse (et c’est que vous avez du temps à perdre parce qu’ils ne sont pas là pour vous informer), vous lirez de temps en temps des articles de désinformation qui défendent, chiffres en main, les instituts de sondages sur leurs prévisions de 2016.

Comme pour les tours de magie, il y a un truc, mais contrairement aux magiciens, pour qui révéler les secrets enlève tout le charme, je vous explique en deux coups de cuiller à pot comment mes confrères s’y prennent.

Les médias ne citent que les tous derniers sondages des grands instituts, quelques heures avant l’élection, lesquels, plus on se rapprochait du jour fatidique, se resserraient, réduisaient les écarts entre Trump et Hillary, et étaient fatidiquement « pas trop loin » de la réalité.

Ce qu’ils occultent pour vous tromper, et cherchent à vous faire oublier avec ce tour de passe-passe, c’est que pendant les mois, les semaines précèdent l’élection, ils livraient des sondages délirants par rapport au vote – comme aujourd’hui, et ce n’est qu’à quelques heures de l’élection qu’ils resserrent leurs écarts, et se rapprochent de la réalité – après des mois et des mois de propagande.

Los Angeles Times

En 2016, disais-je en introduction, à peu près personne n’a remarqué que le Los Angeles Times, résolument Démocrate dans une ville Démocrate et un Etat Démocrate, avait prédit que Trump gagnerait l’élection. Qui plus est, pendant la majeure partie de l’été et de l’automne précédent le vote, les résultats de ses sondages ont été environ 6 points plus favorables aux Républicains que les moyennes des sondages des grands organismes.

Cette fois, en date du 27 octobre, ils disent que Biden domine Trump par 10,8 points. Si je m’en tiens au même raisonnement, et comme je suis ici pour vous apporter une information honnête comme vous n’en trouvez nulle part ailleurs, je me dois de les mentionner, bien qu’ils contredisent les autres organismes, et donnent plutôt raison cette fois aux sondeurs « main stream ».

Cependant, une remarque a attiré mon attention.

Le sondage de cette année a été ajusté pour aligner la représentation urbaine et rurale sur les pourcentages de population », a déclaré Jill Darling, la directrice du sondage.

https://www.latimes.com/projects/usc-presidential-election-poll-2020/

Le rôle d’un journalisme est de douter. Nous avons là un sondeur Démocrate d’un journal Démocrate dont 100 % du lectorat est Démocrate, donc furieux d’avoir vu leur quotidien de référence annoncer le gagnant Républicain en 2016, et d’autant plus furieux que ce gagnant s’appelle Donald Trump. J’imagine les critiques, les désabonnements, donc les pertes de budgets publicitaires, et les retours de bâton que leur hardiesse de 2016 leur a attiré. J’imagine qu’ils ont probablement décidé qu’on ne les y reprendrait pas. Et cela peut expliquer pourquoi lui, et aucun autre organisme de sondage – sauf si l’un d’eux m’a échappé – a décidé de modifier ses méthodes de sondages en 2020.

Conclusion

Dans un précédent article, j’expliquais – et il me faut le rappeler, que si un sondage porte sur un échantillon de 35 % de Démocrates, 27 % de Républicains, 38 % d’indépendants, et a une marge d’erreur de 4 %, on se retrouve face à trois problèmes jamais évoqués, et un autre sous-jacent…

  1. Les sondages interrogent 8 % de Démocrates de plus que de Républicains, les résultats sont donc faussés de 8 %.
  2. Les Indépendants : ils se rangent dans trois catégories qui ne sont pour ainsi dire jamais détaillées, alors qu’elles peuvent totalement modifier les résultats, vous allez le comprendre rapidement : les sondeurs ne disent pas combien ils interrogent d’Indépendants qui votent Démocrates, d’Indépendants qui votent Républicains, et d’Indépendants qui votent quelques fois Démocrates et quelques fois Républicains.
  3. Les catégories sociales, démographiques : il est très facile de fausser un résultat au bénéfice des Démocrates, en interrogeant par exemple 10 % de jeunes de plus que la moyenne des votants : les jeunes votent plutôt Démocrates. Idem pour les citadins par rapport aux habitants de zones rurales, pour les Noirs par rapport aux blancs, etc.

Voilà pourquoi le grand commentateur politique Mark Levin déclarait récemment : « les sondages sont truqués ! ».

Le principal objectif des faux sondages, explique Levin, est de démoraliser le camp qu’on veut faire perdre.

L’idée est d’inculquer un sentiment d’impuissance et d’inévitabilité afin que les gens commencent à abandonner. Les volontaires commencent à se démobiliser, l’enthousiasme pour l’élection s’amenuise, ce qui affecte le taux de participation.

https://www.toptradeguru.com/2020-polls/mark-levin-the-polls-are-rigged/

Ironiquement, les sondages de Fox News sont parmi les plus terribles ! Ils donnent constamment des résultats déprimants pour les Républicains, qui constituent 80 % de son public.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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  1. https://www.washingtontimes.com/news/2020/oct/18/trump-enthusiasm-edge-over-biden-may-translate-win/
  2. https://democracyinstitute.org/only-one-poll-shows-trump-leading-i-interviewed-the-polls-director/
  3. https://www.rushlimbaugh.com/daily/2020/10/16/your-host-breaks-down-early-voting-numbers-and-tightening-polls/
  4. https://www.forbes.com/sites/jimrossi/2020/10/22/election-odds-shift-poll-skepticism-amid-the-final-debate/#96491b645c08
  5. https://www.forbes.com/sites/jimrossi/2020/10/22/election-odds-shift-poll-skepticism-amid-the-final-debate/#96491b645c08
  6. https://www.cloudresearch.com/resources/blog/election-2020-poll-respondent-honesty/?mkt_tok=eyJpIjoiTWpRd05ERmpZelE1TVRReSIsInQiOiJPc3NcL2VGVFRzMlBwMlg2SWdpK3NGVUdcLzdFQ3NlN3kwZVQ5RGtZNjc4UlBRRVhMUWJcL1Z1Sk0xT1hGdEY0b0ZBWHFsVDJZU2ZpcU9oaTI1NW5YUFBXelwvdjVqSEVubzIyODVMT1RNZHRhM2hMRHU5ZkpjakNuVnJaUGNmR3NYY0kifQ%3D%3D
  7. https://www.latimes.com/projects/usc-presidential-election-poll-2020/

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