Bonsoir à tous. C’est une joie pour moi de me retrouver au milieu de vous. C’est maintenant devenu traditionnel, à peu près au moins une fois par an. Et donc, ce soir, nous avons un sujet très important à étudier, qui concerne les racines juives de l’Église.
Je voudrais d’abord commencer cette réflexion par une parole de mon Professeur de Nouveau Testament quand j’étais à Jérusalem. A l’Université, il y a bien longtemps de cela, j’ai eu le privilège d’étudier le Nouveau Testament avec un Professeur Juif. Et cet homme, qui aimait provoquer ses auditeurs, notamment quand il avait affaire à des chrétiens, avait l’habitude de dire ceci :«l’Église, c’est une réalité juive». Alors évidemment, c’était quelque chose qui choquait. Souvent, ça choquait, et pourtant, c’était une évidence. C’est quelque chose qui ne devrait pas nous choquer et le fait justement, qu’un certain nombre de gens pouvaient être choqués par une réflexion de ce type, montre à quel point justement, nous nous sommes éloignés des racines véritables de l’Église.
Or, dans le monde évangélique – je suppose que la plupart d’entre nous, nous réclamons du monde évangélique d’une manière ou d’une autre- l’Église ancienne que l’on appelle l’Église primitive, (je n’aime pas cette expression parce que primitive ça veut dire qu’elle n’était pas très évoluée, que nous sommes beaucoup plus évolués qu’elle, alors je préfère employer l’Église ancienne ), l’Église ancienne est le modèle auquel on s’efforce de revenir. Et lorsque l’on me demande parfois d’intervenir, il y a un sujet qu’on me demande assez souvent : C’est de parler de l’Église et d’Israël. Et quand je commence à m’exprimer sur ce sujet, je commence par dire ceci :
que le problème est mal posé. Et, quand on pose mal un problème en mathématiques, eh bien on est sûr d’avoir une mauvaise solution. Et là, dire l’Église et Israël, c’est présenter deux entités différentes : Israël, c’est-à-dire les Juifs et l’Église, c’est-à-dire, les Chrétiens et quand nous disons les Chrétiens, nous disons essentiellement les non-Juifs. On oppose donc par cette expression :« l’Église et Israël », « les Juifs et les Chrétiens ».
Alors évidemment, on sait très bien qu’il y a parfois dans les églises chrétiennes ceux que l’on appelle, soit des Chrétiens d’origine juive, soit des Juifs convertis. Mais, quand on emploie une de ces deux expressions, c’est pour dire : ces gens-là étaient Juifs et maintenant ils sont devenus Chrétiens. ça veut dire, ils ont cessé d’être Juifs. D’une certaine manière, nous disons, ils sont devenus non-Juifs, ils sont devenus Chrétiens, ça veut dire ils ne sont plus Juifs du tout. Et on considère aussi – alors là je pousse un peu loin encore – que les deux parties de la Bible, que nous désignons par Ancien Testament et Nouveau Testament, sont aussi deux entités absolument différentes.
L’Ancien Testament, ça c’est pareil, c’est une expression que je n’aime pas et que je n’emploie pas, d’abord parce qu’elle n’est pas biblique,jamais le Nouveau Testament, ni Jésus ni les Apôtres n’ont employé cette expression, en tous cas pas dans ce sens-là, et par conséquent ce qu’on appelle l’Ancien Testament ce qui veut dire : c’est dépassé, nous n’avons plus rien à voir avec l’Ancien Testament maintenant, d’ailleurs il y a des Pasteurs qui me disent: « moi je ne prêche sur l’Ancien Testament, je prêche que sur le Nouveau. » Et il y a des Chrétiens qui disent : « moi, je ne lis jamais l’Ancien Testament. Voilà. c’est dépassé, c’est caduc, on n’a plus rien à faire avec l’Ancien Testament, parce que l’Ancien Testament ça concerne Israël et le Nouveau Testament ça concerne l’Église. »
Or, quand nous lisons le Nouveau Testament, eh bien nous nous rendons compte que presque à chaque page, il est question ou d’Israël, ou des Juifs, ou de coutumes, de réalités qui sont typiquement juives. Il est très intéressant de constater que bien que le Nouveau Testament soit tellement rempli de ce qui concerne le Peuple d’Israël, le fait que ce Peuple soit omniprésent dans les pages du Nouveau Testament n’interpelle en aucune manière les Chrétiens. Et, quand on lit le Nouveau Testament, on le lit comme si Israël en était totalement absent. Et ça justement aussi, ça nous prouve à quel point nous sommes devenus schizophrènes, si j’ose dire, quand nous lisons la Parole de Dieu.
Alors justement, nous voulons essayer de faire abstraction de tous ces a priori, de toutes ces grilles de lecture, de toutes ces approches justement qui sont totalement anti-bibliques, pour nous poser la question :
Qu’est-ce que la Bible nous dit ?
Qu’est-ce que la Bible nous dit dans l’Écriture et aussi dans le Nouveau Testament ? Si nous voulons lire le Nouveau Testament sans le moindre a priori, il y a une première constatation que nous allons faire : Jésus et les Apôtres étaient Juifs. Jésus est né en Juif, Il a été circoncis à huit jours comme le sont tous les enfants Juifs, Il a grandi en étant éduqué dans les choses du Judaïsme comme tous les enfants Juifs jusqu’à nos jours. A l’âge de 12-13 ans, Il a fait sa Bar Mitzvah comme le font tous les jeunes gens Juifs. Jésus a gardé la Torah, bien que parfois on prétende qu’Il l’a abolie, Il a dit exactement le contraire. Il a dit :
« Je ne suis par venu pour abolir, mais pour accomplir ».
Et vous savez, quand on parle de ce texte, il y a des choses tout à fait savoureuses qu’on lit dans les commentaires chrétiens. Ah on nous dit par exemple : oui Jésus a accompli la Torah, c’est vrai, mais Il l’a accomplie pour que nous n’ayons plus besoin de le faire. Et quand Il a dit : « Tout est accompli » sur la Croix, ça veut dire Il a aboli la Torah. Or, qu’est-ce que nous dit Jésus ?
« Aussi longtemps que le ciel et la terre subsisteront, il ne disparaîtra pas de la Torah un seul iota, un seul trait de lettre ».
Est-ce que le ciel et la terre existent-ils encore aujourd’hui, deux mille ans après que Jésus a dit que « tout est accompli » sur la Croix ?Alors si le ciel et la terre existent encore aujourd’hui, ça veut dire que la Torah est encore valide aujourd’hui, selon ce que nous dit Jésus. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Jésus. Jésus n’a pas abolit la Torah.
Jésus est mort comme un Juif, Il a été enterré comme un Juif. Toute sa vie, Jésus a vécu une vie juive et jamais, en aucune manière, Il ne s’est séparé du Judaïsme.
Jésus n’est pas le fondateur du Christianisme, Jésus n’est pas venu pour fonder une nouvelle religion, Il est venu pour accomplir ce qu’il y avait dans le Judaïsme. Et si on lui avait dit qu’Il était venu pour créer une nouvelle religion différente du Judaïsme, Il aurait protesté. Aujourd’hui, tous les exégètes et tous les Chrétiens un peu conséquents sont bien d’accord pour reconnaître que Jésus a été pleinement Juif, de sa naissance jusqu’à son dernier souffle. Mais il y a un autre personnage qui est aussi central dans le Christianisme, c’est Paul. Et avec un certaine vision théologique qui date d’une école Allemande, qu’on appelle l’école de Tübingen, eh bien on considère aujourd’hui que s’il est vrai que Jésus a été pleinement Juif et qu’Il a vécu une vie Juive, Paul, lui, est le véritable Fondateur du Christianisme et il a séparé le Christianisme de ses racines juives et il en a fait une religion autonome. Et c’est la raison pour laquelle, on sous-titre par exemple la rencontre de Paul avec Jésus sur le chemin de Damas, le sous-titre suivant : conversion de Paul. ça veut dire qu’à partir du moment où Paul se tourne vers Jésus, il cesse d’être juif et Il devient Chrétien!
Or justement cette approche de la personnalité de Paul a semblé tellement convaincante, que c’est aujourd’hui peu ou prou ce que prônent la plupart des églises. Mais quand nous lisons ce que Paul lui-même déclare, nous nous rendons compte qu’il n’en est rien. Jusqu’à son dernier souffle, Paul protestera de sa Judaïté : « je suis Juif. » Et dans son procès, notamment, qui nous est rapporté à la fin du Livre des Actes, que ce soit devant le Sanhédrin, que ce soit devant les gouverneurs Romains, devant lesquels il va comparaître, Phélix et Phestus, que ce soit devant le roi Juif Agrippas II, il va dire : « je suis Juif ». Non pas « j’étais Juif », mais « jusqu’à aujourd’hui je suis Juif. »
Dans ses Épîtres aussi il le rappelle. Il dit : « Sont-ils Juifs ceux qui sont de faux apôtres ? Moi aussi je le suis. Moi, circoncis le huitième jour, de la race d’Abraham, de la tribu de Benjamin, Hébreux né d’Hébreux, etc… ».
Alors vous allez me dire : il dit ces choses pour les relativiser, peut-être, mais il les dit et c’est une actualité. Paul ne renie pas et ne répudie pas son Judaïsme, il l’assume. Et non seulement Paul revendique son Judaïsme, mais il va encore plus loin, et là je vais peut-être vous choquer, Paul était Pharisien et jusqu’à son dernier souffle, il se revendiquera Pharisien. Et je dirais, il est fier d’être Pharisien. Et devant ses juges en particulier, je l’évoquais tout à l’heure, Paul rappellera qu’il est Pharisien. Devant le Sanhédrin, il dit : « Je suis Pharisien » . On dira peut-être c’était tactique, admettons-le, mais en tous cas, il reconnaît qu’il est Pharisien. Et plus tard, devant Agrippas aussi, il rappellera qu’il est Pharisien. Là aussi, comme il le dira plus tard, c’est vrai que, en comparaison de ce qu’il a reçu en Jésus-Christ, ces choses-là sont secondaires, mais tout en étant secondaires, elles sont néanmoins une réalité.
Paul, son pharisaïsme transpire de chacun des pores de sa peau, de chacune de ses lettres, de chacune des lignes des lettres qu’il écrit. Quand on connaît un petit peu l’histoire des Pharisiens, on voit comment Paul raisonne en Pharisien. Il a exactement les méthodes d’exégètes qui sont celles des Pharisiens. Et, au centre de la foi Pharisienne, il y a un élément qui est aussi au centre de notre foi Chrétienne, la foi dans la résurrection des morts. La foi dans la résurrection était la pierre de touche du pharisaïsme. Et lorsqu’il résume la foi évangélique, Paul dira : « Je vous ai annoncé ce qui est l’essentiel de l’Évangile, le Messie est mort pour nos péchés selon les Écritures et Il est ressuscité selon les Écritures ». Et quand il voulait résumer l’Évangile, il disait :
« Jésus est ressuscité ».
Ça, c’est le centre de la foi évangélique et ça, c’est une doctrine pharisienne. Ce qui veut dire que notre Christianisme, et là je continue de vous choquer, je le fais exprès, notre Christianisme est fondé sur la foi pharisienne. Parce que notre Christianisme, c’est aussi l’assurance de la résurrection des morts. Peut-être c’est aussi que dans notre tradition latine, nous l’avons un peu oublié ça. Et, comme le disaient des frères grecs, ils me disaient: » vous les latins, vous insistez trop sur la mort de Jésus et pas assez sur la résurrection. Or, sans la résurrection, la croix n’est qu’un lamentable échec. » Il ne faut jamais mentionner la mort de Jésus, sans mentionner aussi sa résurrection. Et là encore une fois, nous sommes au cœur de la foi pharisienne.
Il y a quelques années de cela, eh bien justement, cette réalité de la foi pharisienne de Paul est quelque chose aussi que les exégètes et les chercheurs modernes sont en train aussi de découvrir. Paul, lui-même, n’a jamais non plus, ne s’est jamais séparé de la foi Juive et non plus de la Torah Juive. Et le problème qu’est le nôtre, c’est que bien souvent nous ne comprenons pas Paul. Nous ne comprenons pas Paul, parce que nous ne comprenons pas justement ce qu’est la foi d’Israël. Et les Réformateurs, sur lesquels aussi s’appuie cette conception qu’est la nôtre, celle de la Torah, eux-mêmes n’ont pas toujours compris ce que Paul voulait dire quand il parlait des œuvres de la Torah, nous aurons l’occasion d’en reparler. Mais je voudrais préciser ceci, c’est que, lorsque nous regardons le Livre des Actes ou même les Épîtres, les Épîtres de Paul, nous constatons que Paul a vécu une vie Juive, ça veut dire qu’il a gardé les commandements de la Torah, même après, entre guillemets, « sa conversion ». Et c’est ainsi que nous retrouvons Paul à la fin de son Ministère, à la fin du Livre des Actes, quand il revient de son troisième voyage missionnaire à Jérusalem, et là, il se rend vers Jacques, vers Pierre, vers les principaux apôtres et ces apôtres lui disent à peu près ceci : « Tu vois frère (nous aurons l’occasion de revenir sur ce texte), Tu vois frère, combien nombreux sont ceux qui ont cru parmi, justement, les Pharisiens et tous sont zélés pour la Torah ».
Voyez-vous, le zèle pour la Torah et la foi en Jésus-Christ, n’était pas quelque chose qui apparaissait incompatible à ce que Paul appelle les Piliers de l’Église, de l’Église de Jérusalem. Et, continuent ces deux hommes : « Par contre on entend dire de toi, Paul, que tu enseignes que Jésus a aboli la Torah de Moïse et que par conséquent les Juifs ne doivent plus circoncire leurs enfants, ni pratiquer ce qui est, justement, la loi d’Israël. Nous, nous savons bien que c’est faux, nous savons bien que tu ne te comportes pas de cette manière, mais ce sont les bruits qui courent à ton sujet. Alors justement, pour faire taire ces faux bruits qui courent sur ton compte, écoute, on te propose une chose : nous avons ici des hommes qui ont fait un vœu, qui arrive au moment de purification, et par conséquent voilà, tu vas, si tu es d’accord avec ce qu’on te propose, tu vas participer à cet acte de purification, selon les préceptes qui sont ceux des Rabbins, en payant le plus justement de cette purification et en offrant les sacrifices qui sont convenus, ainsi TOUS sauront que toi aussi tu te comportes en observateur de la Torah ».
Et Paul le fait !
Là aussi, il y a de grands débats et ça gêne beaucoup les exégètes qui prétendent que Paul s’est affranchi de la Torah. Alors, on trouve des explications savoureuses : En fait Paul, quand il est revenu de son troisième voyage, il était déprimé et il s’est laissé embobiné par les Apôtres et il a fait quelque chose qui était contraire à ses convictions. D’ailleurs, c’est tellement vrai, que cela ne lui a pas réussi, parce que à l’issue de cette affaire, il a été arrêté. Quand nous regardons la personnalité de l’Apôtre Paul, nous nous rendons compte que Paul n’était pas un homme qui avait un caractère dépressif, c’est le moins qu’on puisse dire. Avec tout ce qu’il a subi dans sa vie, il avait des raisons d’être déprimé, il ne l’a jamais été. Et même à la fin de sa vie, il était encore plein de joie et plein d’espérance.
Deuxièmement, Paul était un homme de convictions et ce n’était certainement pas quelqu’un que l’on aurait conduit à faire quelque chose qui était contraire à ses convictions. Par conséquent, si Paul a offert ces sacrifices, c’est parce qu’il pensait qu’il devait le faire. Et, effectivement, Paul s’est comporté en observateur de la Torah. Vous allez me dire, oui mais il y a des moments où Paul s’affranchit de ces choses, d’un certain nombre de préceptes et puis, il y a les Épîtres, l’Épître aux Romains, l’Épître aux Galates … N’anticipons pas, on aura l’occasion de revenir sur ces choses. Effectivement, ce sont des choses difficiles à comprendre et Pierre aussi nous le rappelle. Il nous dit : « qu’il y a, dans les Paroles de notre bien-aimé frère Paul, des choses qui sont difficiles à comprendre, dont les personnes mal affermies tordent le sens pour leur propre ruine, comme elles le font justement comme pour le reste de l’Écriture ».
Par conséquent aussi, le Christianisme de Paul, qui n’existait pas à cette époque-là, s’inscrit dans la droite ligne du Judaïsme. Et si l’on avait dit à Paul qu’il était le Fondateur d’une nouvelle religion, alors il aurait été très étonné et il aurait certainement lui aussi protesté. Pour lui, ce que nous appelons son Christianisme, n’était rien d’autre que l’aboutissement de son Judaïsme et, ce que nous appelons le Christianisme était pour Paul en réalité LE véritable Judaïsme. Le Professeur …., dont je vous parlais tout à l’heure, avait cent pour cent raison de dire que le Christianisme est une religion Juive.
Paul n’était pas quelqu’un qui a cherché à rompre avec le Judaïsme et c’est tellement vrai, qu’il est toujours resté en contact avec son Peuple. Bien sûr il y avait un débat entre lui et son Peuple. Il avait un point de désaccord, mais ce point de désaccord n’était pas suffisamment fort pour que Paul rompe avec le Judaïsme et qu’il crée, à côté du Judaïsme, une religion à part. D’ailleurs, comme je vous le disais il y a un instant, à l’époque du Nouveau Testament, à l’époque des Actes jusqu’à la fin du 1er siècle, le Christianisme n’existait pas, et,le mot CHRÉTIEN, n’a été donné que par des gens qui étaient extérieurs à l’Église et ceci en signe de dérision, comme nous le voyons dans le Livre des Actes où il nous est dit que c’est à Antioche que pour la première fois les disciples ont été appelés « Chrétiens ». Comment appelait-t-on à l’intérieur de l’Église ancienne, comment appelait-t-on le mouvement de Jésus ? Eh bien ! La Bible nous le dit. Le Livre des Actes nous le dit à plusieurs reprises. C’est simple, on appelait ça : la VOIE, le CHEMIN. Vous savez, Jésus Lui-Même a dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». Et Paul dira, devant le roi Agrippas :
« Je te confesse que je sers le Seigneur, selon la VOIE de ce qu’ils appellent une secte ».
ça veut dire que le Christianisme appartenait à ces différents mouvements, qui étaient très nombreux à l’intérieur du Judaïsme de cette époque.
A cette époque, le Judaïsme n’était plus monolithique. J’ai parlé des Pharisiens tout à l’heure. C’était non pas le groupe le plus nombreux, mais en tous cas le plus influent, le plus populaire au sein du Peuple. Le Nouveau Testament nous parle des Saducéens, nous connaissons tous aussi bien entendu cette expression : Depuis 1947 on a retrouvé un autre groupe très important, qu’on appelle les Esséniens. Il y avait aussi les Zélotes, il y avait les Sicaires. Bref, il y avait de nombreux groupes qui, tous, se réclamaient d’Israël, tous se voulaient Juifs, tous se reconnaissaient comme Juifs, mais avaient des approches différentes de l’interprétation de la Parole de Dieu. Et chacune de ces Écoles de pensées s’appelaient « une VOIE ». En hébreu ça se dit une ALAHA. Et chacun servait Dieu selon la ALAHA qui était la sienne et qui peut-être était différente de l’autre. (ALAHA veut dire : une interprétation).
La Torah est unique, mais il y a des interprétations diverses et chaque Rabbin avait un peu sa propre manière d’interpréter l’Écriture. On suivait donc la Parole de Dieu selon la ALAHA (interprétation) de Rabbi Untel. En suivant la ALAHA de Rabbi Untel, c’est-à-dire que nous suivons la ALAHA du Rabbin ou la VOIE de tel ou tel Rabbin. Et parmi ces différentes VOIES, parmi ces différentes ALAROTH qu’il y avait dans le Judaïsme de l’époque de Jésus, eh bien, il y avait l’enseignement, la ALAHA du Rabbin Jésus de Nazareth.
Il y avait ce qui était devenu aussi la ALAYA du Rabbin Saul de Tarse. Le Christianisme en tant que tel n’existait pas.
Par contre, ce qui existait, c’était l’Église.
Je voudrais, avant de vous parler de l’Église, vous dire encore un mot à ce sujet. Je résume ce que nous avons conclu jusqu’à présent :
– Le Christianisme est une religion Juive,
– C’est une réalité Juive,
– Jésus n’a jamais eu l’intention de créer une nouvelle religion
– Et aucun des Apôtres, ni même Paul n’a jamais eu cette intention, ça c’est une certitude.
Par contre, un Pasteur avec lequel je parlais il y a maintenant bon nombre d’années, me disait : oui, c’est vrai, tu as raison, Jésus était Juif. Mais, depuis sa résurrection, Jésus n’est plus Juif, Il est Universel. Or, on peut répondre à cela, ne serait-ce que par bien des versets bien sûr, mais par un texte très intéressant que nous trouvons dans le Chapitre 1 de l’Évangile de Luc, ce que l’on appelle l’Évangile de l’enfance.
Lorsque l’ange Gabriel est conduit à intervenir chez Marie sa mère, qui évidemment n’est pas encore sa mère, c’est une jeune fille, elle est vierge, fiancée et l’ange lui annonce qu’elle va devenir la mère du Messie.
Et Marie pose la question à l’ange : « Mais, comment cela se ferait-il puisque je ne connais pas d’homme ». Et l’ange lui répond : « Le Saint-Esprit viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. Et voilà, Il sera grand et l’Éternel lui donnera le Trône de David son père, Il régnera sur la Maison d’Israël à perpétuité ».
« Le trône de David son père » ? c’est quoi le trône de David son père ? C’est le trône de Saint-Pierre à Rome ? C’est le trône de la Reine d’Angleterre, qui est soi-disant installé au-dessus d’une pierre qui était celle sur laquelle était installé le trône de David, en sorte que la Reine Elizabeth est descendante en quelque sorte du Roi David ? C’est le trône du Roi d’Espagne qui, parmi les nombreux titres qui sont les siens a aussi le titre du Roi de Jérusalem ? NON, bien sûr.
Maintenant, deuxième question : quand donc Jésus s’est-Il assis sur le Trône de David son père ? Quand donc Jésus a-t-il régné sur la maison d’Israël ?
PAS ENCORE. Par conséquent, cette réalité est encore à venir. Et lorsque Jésus reviendra, ça ne sera pas en tant que Christ Universel, ça veut dire une espèce de manifestation de l’homme, des Droits de l’Homme, le Messie des Droits de l’Homme, hein ! c’est un peu ça.
Mais justement, Il sera le ROI d’Israël, qui s’assoira sur le Trône de David et qui RÈGNERA sur la MAISON d’Israël. Ce Roi qui régnera sur la Maison d’Israël, pensez-vous qu’Il puisse être autre chose que Juif ?
Bien sûr que non. Jésus est Juif, non seulement pendant son Ministère terrestre, mais il est actuellement Juif dans le ciel et Il reviendra en tant que Messie Juif et Il régnera en tant que Messie Juif, non seulement sur la Maison d’Israël, mais aussi sur toutes les nations de la terre.
Il est très intéressant de noter que, lorsque les Mages se rendent à Jérusalem, ils posent la question :
« Où est le Messie, le Roi des Juifs qui vient de naître ? » Et c’est en tant que Roi des Juifs qu’ils l’adorent. Et voyez-vous, lorsqu’il nous rapporte cet épisode, Matthieu veut nous dire quelque chose de très intéressant. Il nous dit :
« Pour être sauvées, les Nations sont amenées à reconnaître que Jésus est le Roi des Juifs ».
Et cette expression « le Roi des Juifs », elle était, aussi inscrite sur la Croix, sur le Titulum, ça veut dire que ça indiquait la condamnation de Jésus et c’était écrit « Le Roi des Juifs », en 3 langues : en Hébreu, en Grec et en Latin, ça veut dire dans toutes les langues du monde ancien. Et c’était une manière de nous dire : les évangélistes ont cette manière Juive de nous dire, c’est-à-dire par le Midrash, par des allusions, non pas directement, vous savez, la méthode juive d’enseigner c’est autant par ce qui est dit, que par ce qui est non-dit. Il y a le dit et le non-dit. Et on enseigne aussi par des allusions, on appelle ça en Hébreu [?]…Et les évangélistes nous font exactement ça.
Matthieu, le plus Juif de tous les évangélistes, quand il nous parle de toutes les Nations qui viennent adorer Jésus à la crèche et puis finalement sur la Croix, qui est un message universel, nous dit ceci : « Les Païens pour être sauvés doivent reconnaître que Jésus est le Roi des Juifs et doivent se prosterner devant Lui comme le Roi des Juifs ».
Tout à l’heure, il y avait une sœur qui m’a dit quelque chose qui m’a fait bondir. Elle m’a parlé d’un certain Pasteur auquel on demandait : mais quel Dieu adores-tu ? Il avait répondu : « en tous cas, sûrement pas le Dieu des Juifs. » ! C’est typique. Si tu n’adores pas le Dieu des Juifs, tu adores une idole et tu commets le pire des péchés que l’on puisse commettre, l’idolâtrie.
Et si ton Jésus n’est pas le Roi des Juifs, il est aussi un faux Messie, il est un faux Dieu et c’est aussi une idole.
Voyez-vous, pour pouvoir être associé au salut, les Païens ont besoin de reconnaître que Jésus est le Roi des Juifs. Et je reviens à ce que nous disions en commençant, l’Évangile, le Christianisme est une religion Juive. ça peut nous choquer, ça peut nous déplaire, mais c’est quelque chose qui est indiscutable.
Maintenant je continue et je disais tout à l’heure que, à l’époque biblique, le Christianisme n’existait pas, mais par contre l’Église existait. Et maintenant justement, nous allons parler de l’Église. L’Église, notre frère y a fait allusion tout à l’heure, Jésus n’en a parlé que deux fois en tout et pour tout, en tous cas des paroles qui nous sont parvenues de Lui. Une première fois, au moment de la déclaration de Pierre : « Tu es le Messie et le Fils du Dieu Vivant ». Et Jésus lui a dit : « Sur cette Pierre (ça veut dire sur cette affirmation que tu viens de confesser, et non pas sur toi Pierre, mais sur ta déclaration que je suis le Messie, le Fils du Dieu Vivant, d’ailleurs Messie ça ne peut pas être chose que le Roi d’Israël) eh bien je bâtirai mon Église ».
Ça c’est la première mention de l’Église dans le Nouveau Testament.
Voyez-vous, c’est très intéressant parce que, encore une fois quand nous disons « Jésus-Christ, » nous sommes pas non plus très conscients de ce nous disons. Pour beaucoup de gens, JÉSUS-CHRIST, « Jésus », c’est Son prénom et « Christ » c’est Son patronyme, comme moi je m’appelle Jean-Marc THOBOIS. Surtout en Espagne, vous avez beaucoup de Messieurs qui s’appellent Jésus. Vous avez Jésus Rodriguez, puis vous avez Jésus Christos, Jésus-Christ. En fait, Christos en Grec, c’est la traduction de Mashia, le Messie. Et Messie c’est une abréviation. C’est une abréviation de Méler Ha Mashia, « le roi qui a été oint ».
Quand nous disons « Jésus-Christ » , que disons-nous ? Jésus est le Roi qui a été oint. Voilà ce que nous disons et nous ne le savons même pas. Et quand nous disons Jésus le Roi qui a été oint, de quel Roi s’agit-il ? Celui qui s’assoira sur le Trône de David dont nous avons parlé tout à l’heure, ça veut dire le ROI des JUIFS. Et quand nous disons nous, les Païens, Jésus-Christ, nous disons exactement ce que les Mages ont dit quand ils sont venus à la crèche et qu’ils ont dit :
« Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ? ».
Nous disons JÉSUS est le ROI d’Israël. Voilà ce que nous disons lorsque nous disons JÉSUS-CHRIST. Alors maintenant, quand vous le direz, j’espère que vous vous en souviendrez. Par conséquent « Je bâtirai mon Église » signifie que cette Église fait partie du judaïsme.
Deuxième passage où apparaît le mot Église, c’est dans le grand discours de Jésus sur la vie en communauté.
Il parle de la conduite à tenir dans l’Église vis à vis des pécheurs. Et Il dit ceci : « Si ton frère a péché, tu le reprends entre toi et lui seul, s’il ne t’écoute pas, alors tu prends deux ou trois témoins, s’il n’écoute pas les deux ou trois témoins (qu’est-ce que tu fais ?) tu le dis à l’Église et, s’il n’écoute pas l’Église, il sera pour toi comme un païen ou comme un publicain ». Alors, il est assez difficile de comprendre et de réaliser ce que Jésus entendait exactement par cette expression. Mais en tous cas, ce qui est certain, c’est qu’Il parlait d’une communauté et de la communauté des disciples. Et la communauté des disciples, telle qu’elle apparaît par exemple après la résurrection, et notamment lorsque ses disciples au nombre de 120 sont rassemblés dans la chambre haute au moment de la Pentecôte. Eh bien, il y a une première constatation que nous allons faire. Bien sûr, l’Église naît ce jour-là, ça c’est une évidence. Le Jour de la Pentecôte est l’Acte de Naissance de l’Église. Il y avait 120 personnes dans la chambre haute et parmi eux, il y avait des femmes et il y avait la mère de Jésus. Et, ces gens-là, c’est une chose très intéressante, ils étaient TOUS JUIFS, par conséquent, encore une fois, nous revenons à notre affirmation : l’Église est une RÉALITÉ JUIVE. C’est pourquoi quand nous disons : « Israël et l’Église », c’est comme si nous disions: » Israël, c’est les Juifs » et « l’Église c’est les non-Juifs, » eh bien, en tous cas, ce n’était pas cela au commencement. C’est une évidence. Tout le monde est obligé de l’admettre.
Au moins pendant 10 ans, difficile de faire, comment dirais-je, un compte exact de la durée qui sépare ce qu’on appelle la Pentecôte, la première Pentecôte, de la Pentecôte des Païens, c’est-à-dire de la descente du Saint-Esprit sur Corneille, n’est-ce pas, ce sont « des Païens qui sont avec lui (Corneille) dans sa maison », (vous lisez ça dans le Chapitre 10 du Livre des Actes) mais jusque là, l’Église a été une réalitéexclusivement Juive. Pendant 10 ans au moins, disons entre 10 et 20 ans, pendant toute la première partie de son histoire, l’Église a été composée uniquement de Juifs. Et composée de Juifs qui vivaient une vie Juive, qui fréquentaient assidûment le Temple, nous dit le Livre des Actes, et qui aussi, bien entendu, respectaient les Fêtes, le Sabbat et tout ce qui découle justement du fait de vivre une vie Juive.
Les choses changent effectivement après la conversion de Corneille. Cette conversion de Corneille, c’était quelque chose de tout à fait caché, si j’ose dire, dans le Plan de Dieu et dans le Calendrier Divin. Et les Apôtres, Pierre d’abord, en est le premier surpris. Pierre et tous les autres Apôtres, s’étaient gardés d’aller prêcher l’Évangile aux Païens. Vous allez me dire, ils aurait peut-être dû prendre un peu plus au sérieux ce que Jésus avait dit à ce sujet. Il est vrai que, dans Ses adieux à Ses disciples avant Son Ascension, Jésus leur avait donné ce que nos frères anglo-saxons appellent « La Grande Commission » :
« Allez dans le monde entier prêcher la Bonne Nouvelle à toute créature. Allez, faites du sein des Nations des disciples, de toutes les nations faites des disciples et enseignez-leur à garder tout ce que Je vous ai enseigné et tout ce que Je vous ai prescrit ».
Voilà ! Donc Jésus ordonne, justement, à Ses disciples, d’aller vers les Nations. Jésus Lui-Même pendant Son Ministère ne l’a pas fait. Et lorsqu’Il a envoyé Ses disciples pour une 1ère mission, Il leur a dit : « N’allez pas vers les Païens, ni dans les bourgs des Samaritains, mais allez plutôt vers les brebis perdues de la Maison d’Israël ». Et vous vous souvenez quand cette femme Cananéenne, vous savez cette femme non-Juive, Le prie d’intervenir en faveur de sa fille qui est possédée par un démon, Jésus répond :
« Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la Maison d’Israël ». Jésus n’avait pas beaucoup d’estime pour les Païens, les Païens s’imaginent qu’à force de redites, de vaines redites, ils seront exaucés. Le frère qui n’a pas écouté justement l’admonestation de l’Église sera alors, pour ses frères, comme un Païen ou comme un Publicain. Païen, c’est-à-dire un non-Juif. Pourtant, Jésus a su que les Païens allaient accepter Sa Parole et allaient être sauvés, allaient accepter Son Évangile. Nous voyons justement, lorsque Jésus fait des reproches aux villes dans lesquelles Il avait fait la plupart de Ses miracles, Il dit : « Malheur à toi Chorazim ! Malheur à toi Bethsaïda ! Car si les miracles qui avaient été faits au milieu de toi, l’avaient été dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu’elle se seraient repenties ». Et par conséquent, Jésus a su, Jésus savait par une révélation du Saint-Esprit et par la toute connaissance qui était la Sienne, que les Païens, qui étaient méprisés par les Juifs à cette période-là, eh bien, seraient finalement plus ouverts à Son Évangile que ne le serait Son propre Peuple.
Nous retrouvons aussi une parole du même ordre quand Il fait allusion à Ninive. Il dit, voilà : « Les hommes de Ninive se lèveront avec ceux de cette génération au dernier jour et la condamneront, parce qu’ils se sont repentis à la prédication de Jonas et voici, il y a ici plus que Jonas ». « La Reine du Midi, la Reine de Séba se lèvera avec les hommes de cette génération et les condamnera, parce qu’elle est venue des extrémités de la terre, pour voir la sagesse de Salomon et il y a ici plus que Salomon ». Là aussi Jésus laisse entendre par ces paroles que Son Évangile prêché parmi les Païens aura davantage de succès que si cet Évangile est prêché parmi les Juifs, parmi Ses propres compatriotes.
Par conséquent, Jésus a envisagé cette union des juifs et des Païens dans cette entité que nous avons appelé l’Église.
Revenons à la « Grande Commission ». Jésus, donc, dit maintenant qu’Il a terminé Sa mission, Lui, Jésus, sa mission qui, comme nous l’avons vu, n’était que d’aller au-devant des brebis perdues de la Maison d’Israël. Il dit : « Maintenant, allez jusqu’aux extrémités de la terre ». Il dit la même chose aussi à Ses disciples dans le Livre des Actes, chapitre 1er, quand les disciples lui demandent : « Rabbi, est-ce en ce temps-là que Tu rétabliras le royaume d’Israël ? ». Et Jésus répond :
« Ce n’est pas à vous de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de Sa propre autorité, mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit venant sur vous et vous serez Mes témoins à Jérusalem, en Judée, en Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre ».
Très intéressant de noter que, dans ce texte, Jésus établit un ordre de priorité. Un ordre de priorité que nous allons retrouver constamment, notamment chez Paul : pour le Juif d’abord. Paul rappellera ceci : « l’Évangile est d’abord pour le Juif et ensuite seulement pour le Grec ». La méthode d’évangélisation de Paul était exactement celle que Jésus a définie. Il allait d’abord prêcher l’Évangile à ses coreligionnaires Juifs et ce n’est que dans un deuxième temps qu’il prêchait l’Évangile aux non-Juifs.
L’Évangile est d ’abord pour le Juif.
« Vous serez Mes témoins à Jérusalem, en Judée, en Samarie (auprès de gens qui sont à moitié Juifs, disons les choses comme ça) et seulement, dans un troisième temps, aux extrémités de la terre ».
Quand Jésus a demandé à Ses disciples d’aller prêcher l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre, Il n’était évidemment pas sans être conscient des conséquences qu’allait avoir cette prédication aux Païens. D’abord, nous l’avons vu, parce qu’Il était conscient que cet Évangile aurait davantage de succès chez les Païens qu’il n’en avait eu chez les Juifs et deuxièmement, parce que les Païens évidemment étaient plus nombreux que les Juifs. Donc Jésus était parfaitement conscient que, à partir du moment où l’Évangile serait annoncé aux Païens, eh bien en allant jusqu’aux extrémités de la terre, en l’espace de quelques décennies, le nombre des Païens dans l’Église serait supérieur à celui des Juifs.
À partir du moment où les Païens seraient plus nombreux dans l’Église que les Juifs, qu’allait -t-il se passer ?
Deux choses : premièrement, une déjudaïsation de l’Évangile (c’était le prix à payer pour que l’Évangile atteigne les extrémités de la terre. Jésus était parfaitement conscient de ce phénomène) et, deuxièmement, que les Juifs qui étaient à l’intérieur de l’Église allaient perdre la direction de l’Église au profit des païens, et que les païens allaient prendre le pouvoir dans l’Église. Jésus a pris ce risque et ce risque était inhérent, c’était la condition sine qua non pour que l’Évangile atteigne les extrémités de la terre et que les Païens également soient sauvés.
Un dernier point et j’en aurais fini pour ce soir : Ce moment où l’Évangile va s’ouvrir aux Païens arrive précisément au moment de la conversion de Corneille. Moment, encore une fois, auquel l’Apôtre Pierre n’était pas véritablement prêt et le Seigneur est obligé de le préparer à cet événement, au travers de cette fameuse vision que nous connaissons tous, que nous lisons dans le Livre des Actes, au chapitre 10 : cette fameuse vision des animaux. Pierre, qui a faim, a une vision où il voit une grande nappe avec toutes sortes d’animaux, des animaux impurs et le Seigneur lui dit par trois fois : « Lève-toi Pierre, tues et mange ». Et Pierre répond aussi trois fois : « Seigneur, non Seigneur, jamais rien de souillé et d’impur est entré dans ma bouche ». Le Seigneur lui répond : « Ce que Moi j’ai déclaré pur, toi ne le déclares pas comme souillé ».
Pierre s’interroge : mais quel est le sens de cette vision ? Il ne comprend pas. C’est à ce moment qu’arrivent les envoyés de Corneille qui l’invitent à venir, en lui racontant que lui-même Corneille, le Centurion Romain, a eu une vision et que l’ange lui a demandé de faire venir Pierre. Pierre comprend alors que le Seigneur lui a donné cette vision, exactement à cause de cela. Quand il entre chez Corneille, il déclare ceci :
« Vous savez qu’il est interdit à un Juif de manger avec des Païens et d’entrer dans la maison d’un Païen. Mais Dieu m’a appris à ne considérer aucun homme comme souillé ou impur ». ça veut dire que Pierre interprète la vision qu’il a eue. Contrairement à une certaine exégèse qu’on trouve dans le milieu Chrétien, Dieu n’a pas voulu enseigner à Pierre que, maintenant qu’il était Chrétien, il n’était plus soumis à la loi Juive, et qu’il pouvait manger du porc, du lard et du cochon et tous les animaux impurs, mais tout simplement qu’il ne devait pas considérer comme impur ou souillé quelque homme que ce soit. Parce que, effectivement, dans la tradition pharisienne la plus stricte, pas dans tout le Judaïsme, mais dans la tradition pharisienne la plus stricte, un Païen était un homme potentiellement impur. Car un Païen était un homme qui vivait dans l’immoralité, qui était censé vivre dans l’immoralité. Par conséquent, entrer chez un Païen, c’était risquer de contracter une impureté rituelle, au contact de ce Païen impur. On appelait ça « l’impureté de Tuilage », ça veut dire: entrer sous le toit d’un Païen, c’était risquer de se rendre impur. On ne pouvait pas savoir si le Païen était impur, mais vous ne pouviez pas savoir non plus s’il ne l’était pas. Donc, pour éviter tout risque, on évitait tout contact avec les Païens.
C’est la raison pour laquelle le centurion, qui invite Jésus à venir guérir son serviteur , souvenez-vous, quand Jésus est en chemin pour venir chez lui, lui dit : « Ne prends pas la peine d’entrer sous mon toit, parce que moi je suis un Païen. Et en principe, toi Jésus qui es un Juif, tu n’as pas le droit de rentrer chez moi, mais dis un mot et mon serviteur sera guéri ».
Si vous ne connaissez pas les coutumes Juives, vous ne pouvez pas comprendre les détails du Nouveau Testament.
Donc, Pierre n’aurait pas dû rentrer chez Corneille. Mais, par la fameuse vision des animaux, Dieu lui a enseigné qu’il pouvait le faire et qu’aucun homme n’était souillé et impur. Vous savez ce qui se passe alors: la Pentecôte descend aussi sur ces gens-là.
Mais Pierre ensuite doit expliquer devant les frères de Jérusalem, ce qui lui est arrivé. Pierre n’était pas né de la dernière pluie et il était bien conscient, évidemment, qu’il allait avoir des reproches. Alors il avait pris la précaution de prendre avec lui des témoins qui pouvaient aussi confirmer ce qui s’était véritablement passé dans la maison de Corneille. Effectivement, je vous ai dit que, quand Pierre revint vers les frères de Jérusalem, ces derniers lui firent des reproches en lui disant :
« Tu es entré dans la maison de Païens et tu as mangé avec eux. Non seulement tu es entré chez eux, mais tu as fait pire que ça, tu as mangé avec eux ».
Nous aurons l’occasion de parler de ce que représente le fait de manger avec quelqu’un dans la Bible, c’est pas banal, c’est pas anodin, ça. Pour nous maintenant, avec l’âge du Fastfood et tout ce qui s’ensuit, on n’accorde plus trop d’importance à ça. Mais manger avec quelqu’un, ça veut dire qu’on est en pleine communion avec lui. Manger avec un Païen, ça veut dire que tu es en communion avec un Païen, tu le considères comme un égal, tu le considères comme un frère. Et les disciples de Jérusalem, tous Juifs Chrétiens disent : « Pierre, là tu es en faute, tu es allé manger avec ces Païens ». Alors Pierre leur explique ce qui s’est passé.
Il nous est dit : « Quand ils eurent entendu ses explications, ils se calmèrent ». ça veut dire qu’auparavant, ils n’étaient pas calmes ! Ça a chauffé pour Pierre. Vous voyez, là, nous avons eu un tournant décisif : l’Église, composée exclusivement de Juifs jusqu’à cette époque, s’est ouverte aux non-Juifs. Et les non-Juifs, des Païens, ont été agrégés à l’Église. Les Païens faisaient partie de ces exclus, exclus de la communauté d’Israël vers lesquels Jésus était allé. Jésus, comme nous l’avons dit tout à l’heure, était envoyé vers les brebis perdues, ça veut dire qu’Il allait en priorité vers les Publicains, les Prostituées, les gens de mauvaise vie, les Péagers et tout ce que vous voudrez. Pourquoi ? Parce que justement, Il voulait les réintégrer dans la communauté d’Israël, parce que le Messie est un rassembleur, dans la tradition Juive. Cette attitude, justement, était absolument contraire à celle des Pharisiens.
J’ai dit tout à l’heure que le Christianisme était une religion Pharisienne, mais elle en diffère aussi. Vous allez dire : « Ouf !!! Je suis bien content de savoir que je ne suis pas un Pharisien« . Mais les Pharisiens, eux, étaient des gens qui voulaient se séparer des pécheurs. ça veut dire que les pécheurs étaient impurs, alors on se séparait d’eux. Comment manger avec un Péager, avec un Publicain, se laisser toucher par une Prostituée comme Jésus le faisait ? ça, pour un Pharisien, c’est un scandale. Mais Jésus allait en priorité vers ces gens-là, parce qu’Il disait :
« Ce sont les malades qui ont besoin du médecin et pas les bien portants. Je suis venu appeler non pas au salut les justes, mais les pécheurs, à la repentance»
Finalement, la démarche des Apôtres d’aller vers les Païens était de la même nature que celle de Jésus. Parce que, pour les Pharisiens, les Païens aussi étaient des exclus. Ils étaient au même rang que les Publicains, les Prostituées, les gens de mauvaise vie. Et par conséquent, c’était dans la logique du message de Jésus, que d’intégrer les Païens aussi dans cette Église…
Nous commençons peut-être à nous rendre compte un tout petit peu plus de ce qu’est l’Église.
L’Église, c’est le rassemblement en un seul Corps des Juifs et des Païens qui ont cru en Jésus.
C’est pourquoi il est faux de dire : Israël, c’est les Juifs et l’Église, c’est les Chrétiens, ça veut dire les non-Juifs. L’Église, c’est Israël qui a cru, c’est le reste d’Israël qui a cru et le reste des Païens qui ont cru, car tous les Païens non plus n’ont pas cru, n’est-ce pas ? Malheureusement ! Nous sommes un reste parmi les Païens et ces deux entités, comme ça a été le cas dans la maison de Corneille, sont rassemblées en une seule réalité, en un seul corps.Elles ont été toutes les deux réconciliées par le sang de Jésus. Elles ne sont plus deux, elles sont un et maintenant elles sont sur un pied de totale égalité. Elles sont dans une situation de parfaite communion, même si, nous l’avons dit tout à l’heure, il continue à avoir une priorité pour le Juif.
Le Juif est le frère aîné et par conséquent, l’Évangile c’est d’abord son héritage à lui, mais il n’y a pas de supériorité, il y a une priorité, mais il n’y a pas de supériorité.
Alors je termine, pour notre introduction de ce soir, en rappelant ce que j’ai dit tout à l’heure et que j’espère vous avoir démontré : l’Église, le Christianisme est une religion Juive et, qui plus est, une religion Pharisienne et par conséquent, les racines Juives de l’Église, elles sont inséparables de son existence et de son être. Et si vous coupez l’Église de ses racines Juives, c’est comme quand vous coupez une fleur : Pendant quelque temps encore, eh bien vous avez l’impression qu’elle est en pleine forme et puis, en l’espace de quelques heures, quelques jours, elle va se faner, elle va mourir, elle va disparaître.
Quand on a voulu couper l’Église de ses racines juives, nous aurons l’occasion de voir demain que dans l’histoire, ça été le plan des Pères de l’Église en particulier, eh bien est arrivé ce qui est arrivé.
Toutes les déviations de l’Église, toutes les errances, toutes les divisions, la première des divisions justement étant celle d’avec le Peuple d’Israël. Et finalement le marasme, la crise dans laquelle se trouvent les églises aujourd’hui est le résultat justement de cette coupure.
Alors encore une fois, ça ne signifie pas que nous devons redevenir Juifs, nous aurons l’occasion d’en reparler, mais il s’agit de savoir d’où nous venons. Il faut juste savoir ce que nous sommes et finalement, le Christianisme, c’est le Judaïsme adapté pour les Païens que nous sommes. ça nous aurons l’occasion de le voir demain.
Jean-Marc THOBOIS
Très bien expliqué! je crois qu’on vit dans les temps prophétisés par Jérémie : un temps de démolition des mauvais fondements, des fausses doctrines et un temps de reconstruction, donc un retour à la source, “aux racines”, c’est-à-dire aux racines juives de l’Eglise!
Jérémie 1: 10 : “Regarde, Je t’établis aujourd’hui sur les nations et sur les royaumes, pour que tu arraches et que tu abattes, pour que tu ruines et que tu détruises, pour que tu bâtisses et que tu plantes.”
Shalom,
Je dis Amen à cet enseignement du frère Thobois !
Quelques remarques cependant :
Comme le fait remarquer le frère sur d’autres choses et comme vous le savez certainement
Ancien et Nouveau Testament : très mauvaise traduction ! Elohim est il mort pour parler de Testament ? Non ! La bonne traduction est Première ou Ancienne Alliance pour l’AT et Nouvelle Alliance pour le NT.
Traduire “kehila” par Eglise porte aussi à confusion car depuis plusieurs années on entend dire : je vais à l’Eglise en parlant du lieu de réunion… hors la bonne traduction de kehila c’est communauté, assemblée, et de + la kehila c nous, le corps du Mashia’h, ce n’est pas un bâtiment !
Je cite : – Le Christianisme est une religion Juive.
Je ne suis pas d’accord avec ces étiquettes de judaïsme, christianisme … je ne considère pas pratiquer une religion. Pour moi L’adhérence/foi n’est pas une religion .. Je ne suis pas une “chrétienne” mot qui ne v plus rien dire!, je suis “une suiveuse de la voie”.
Je cite : Et si ton Jésus n’est pas le Roi des Juifs, il est aussi un faux Messie, il est un faux Dieu et c’est aussi une idole.
Yahshoua (Yah sauve) n’est pas le Père. Il est écrit :
1 Corinthiens 8.6. Mais pour nous il n’est qu’un seul Elohîms,
le père, de qui tout est, et nous sommes à lui,
et un seul Adôn, Iéshoua‘, le messie, par qui tout est, et nous par lui. v A.Chouraqui.
UN SEUL ELOHIM : LE PERE
UN SEUL ADON/SEIGNEUR YAHSHOUA, à la gloire d’Elohim le Père.
Annonce de Iohanân/Évangile de Jean 4.23. Mais l’heure vient, c’est maintenant, où ceux qui se prosternent en vérité
se prosterneront devant le père dans le souffle et la vérité.
Oui, le père cherche ceux qui se prosternent ainsi.
DEVANT LE PÈRE…
Dans le shalom 🙂
Chère Dorven,
Merci pour votre copieux, intéressant et généreux mail.
Le sens foncier du mot religion est à l’origine: être relié à….
Etre relié à D.ieu c’est donc fatalement et idéalement suivre la voie. Ce qui rejoint le sens profond du mot Thora, la voie. En étant conduit par la puissance du Rouah hakodesh et le respect absolu de la Parole, on suit la voie et l’on est correctement “religieux”, relié à notre Adonaï.
La où cela devient ambigu c’est lorsque l’on dit se relier à D.ieu pour être en fait relié à des concepts d’hommes qui parasitent ou même falsifient la parole, la pensée, la Loi de D.ieu en édifiant un EDIFICE RELIGIEUX D’HOMMES. Ce qu’en dit Thobois et que nous disons aussi depuis longtemps est éloquent à ce sujet.
C’est ce qui me fait dire à de nombreuses personnes interloquées que je hais la religion (sous l’angle que je viens de décrire comme fausseté) mais ADORE EN ESPRIT ET EN VERITE CE QUI ME RELIE A D.IEU.
Il m’arrive même de dire que Lénine avait partiellement raison en disant que la religion est l’opium du peuple…
Meilleur shalom!
Haim Goel