Si vous voulez en savoir plus sur cette triste affaire qui possède tous les ingrédients d’une erreur judiciaire, voir les liens en bas de page
Le département juif du Renseignement intérieur, le Shin Beth, a de quoi exaspérer le citoyen honnête. Pour traduire mot à mot la formule israélienne, elle coud des sacs ou des dossiers à des gens sans histoires, mais qui ont peut-être la particularité de ne pas raser les murs ou marcher à l’ombre. Si cette unité vous interpelle, ne vous laissez pas impressionner. Elle peut vous balancer en pleine figure qu’elle sait déjà tout sur vous et que vous feriez mieux de tout avouer pour ne pas aggraver votre cas. Si ça vous fait sourire, et si elle insiste de son côté, elle est suffisamment habile et insistante, et peut provoquer chez vous sur le moyen terme une fatigue ou plus exactement un épuisement déstabilisateur qui vous fera douter puis passer pour un amnésique à vos propres yeux. On vous dira, par allusion souvent vague, en essayant de vous faire dire : «Ah bon? Untel et untel?» que vos complices arrêtés eux aussi auraient déjà tout avoué.
C’est ce qui est arrivé au jeune Amiram Ben Ouliel, accusé puis condamné pour le meurtre de trois habitants du village arabe de Douma, en Samarie. Bien que la défense eût contesté la méthode de soutirage des aveux, et que par ailleurs des luttes intestines violentes pimentées de règlements de comptes, fléau bien connu de la société musulmane en terre d’Israël, concernaient les victimes, il est trop tard pour clamer son innocence, et il croupit en prison, condamné en mai 2020 pour une affaire qui remonte à 2015.
D’autres affaires connaissent par contre une fin plus heureuse. Aujourd’hui, l’habitant de Bet-El arrêté la semaine dernière et accusé d’avoir tué un jeune arabe en lui tirant dessus a été lavé de tout soupçon. Mais j’avoue qu’on a eu chaud. Quand le jeune berger juif, Benyamin Ahiméir, le vendredi 12 avril, n’est pas rentré, soit le 4 nissan, 10 jours avant Pessah, des civils se sont joints aux recherches. Il est clair qu’il était préférable d’être armé, vu le nombre de terroristes qui grouillent dans le secteur en dépit de nombreuses opérations périlleuses de Tsahal pour juguler le phénomène. Personne ne chantera ni se s’émouvra pour ce jeune berger, pour cette victime de plus tombée sous les coups des ennemis sanguinaires qui infestent la région.
Aviad Metsari a été arrêté la semaine dernière. Jeudi, le tribunal de police a prolongé sa détention. Il devait rester enfermé jusqu’au début de la semaine, mais lundi, le tribunal a ajouté quatre jours de plus. Le Shin Beth qui l’a d’abord accusé du meurtre d’un jeune musulman de 17 ans dans une expédition punitive a fini par reconnaître qu’en réalité, ce qui était reproché à Aviad, c’était d’avoir refusé de se montrer coopérant et de balancer des noms d’éventuels «complices». Ce n’est que le sang froid de la victime de cette accusation pour ainsi dire de crime rituel et aussi l’opiniâtreté de son avocat, Ariel Atari, qui ont mis fin, grâce à D., à cette parodie de justice. L’avocat n’a pas baissé les bras. Il a mis en lumière dans un premier temps que son client n’avait pas tué cet individu. Quand le tribunal (en fait celui de police et celui du district de Jérusalem ont enfin daigné examiner le dossier du Shin Beth, ce dernier s’est mis à bafouiller qu’ils n’avaient que peu d’informations concernant la victime présumée) s’est mis à émettre de sérieux doutes sur le bien-fondé de la procédure, il s’est avéré que la prétendue victime n’était même pas morte. Mais qu’importe, l’incriminé qui a échappé de justesse à l’erreur judiciaire, pour ne pas dire au crime judiciaire, vit dans les territoires, porte la kippa, compte parmi cette population qui revendique haut et fort, sans baisser les yeux, que la terre d’Israël est notre patrie… Par ailleurs, il fait partie de cette population juive qui n’a pas peur d’eux, et qui circule où bon lui semble dans notre région. L’essayiste israélienne Routy Kotlover disait que vivre au cœur de la terre d’Israël, sur les collines de Judée-Samarie, représente une manifestation permanente pour nos droits chez nous, et n’a rien à envier à ceux qui se déclarent prêts à se coucher sous les tracteurs. Mais voilà, il a subi une privation de sa liberté d’une bonne dizaine de jours, dont un Chabbat en prison.
Déjà, il y a des années, on accusa à Beth-El un père de famille, Zéev L., d’avoir tué quelqu’un dans des circonstances assez semblables. L’unité locale de défense (כיתת כוננות) fut avertie qu’une horde issue d’un village hostile était en route, à pied, pour attaquer notre localité. Les volontaires se munirent aussitôt de leur arme et allèrent à l’encontre de cette foule déferlante. Comme leur seule présence ne fut pas assez dissuasive, ils se mirent à tirer en l’air, ce qui provoqua un demi-tour massif. J’étais en Milouim, et on me mit sous les yeux un journal : «Tiens, ça parle de chez toi». La première page affichait une photo de nos héroïques défenseurs. Zéev tenait son fusil orienté droit devant lui. Il peut paraître ridicule d’accuser quelqu’un sur la base d’une photo dans le journal. Mais Zéev ne se dégonfla pas et surprit les enquêteurs, leur tenant à peu près ces propos :
- On ne voit pas si je tire.
- Vous ne pouvez pas dire que je n’ai pas tiré en l’air mais droit devant moi, parce que c’est sur une montagne, et qu’à gauche le terrain redescend en pente raide.
- Je peux voir la photo du gars qui s’est pris la balle ?
Déjà à cette époque, nous n’avons jamais sur pour finir si la victime avait été sacrifiée par ses proches pour nous accuser, si quelqu’un était mort dans le coin sans relation avec notre affaire, ou si personne n’était réellement mort à ce moment-là.
Quoi qu’il en soit, quand les coups fourrés du département juif ne marchent pas, il suffit d’ordonner des arrestations arbitraires dites administratives, quand Galant, rappelé à la rescousse par Netanyahou aux plus hautes fonctions et responsabilités politiques, et dédommagé du faible score électoral des dernières élections, s’en donne à cœur joie et signe à tour de bras de tels décrets iniques. La veille du septième jour de Pessah, il a signé 5 nouveaux décrets, contre des pères de famille, leur infligeant en toute iniquité jusqu’à 6 mois d’emprisonnement, sans habeas corpus. Crime de faciès, puisqu’ils répondent tous aux critères détestés par cette gente politique, à savoir du Juif religieux et fier de vivre en peuple libre sur sa terre. Cette pratique abusive et totalement déplacée est deux fois plus exploitée qu’à l’époque du gouvernement des accords d’Oslo, ceux qui, de fil en aiguille, ont conduit à la situation que l’on sait. Et ce sont ces gens-là qui nous défendent. Que D. sauve Israël !
Pour en savoir plus sur cette sombre histoire aux conséquences tragiques :
Duma : sixième incendie criminel touchant la famille Dawabsheh
Un témoignage troublant à propos de la maison incendiée à Douma
A propos du Tag “Nekama”, vengeance, écrit sur la maison incendiée
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