Netanyahou téléphone au père de Mohamed et lui assure que les assassins subiront “toute la rigueur de la loi”
Trois des six suspects de l’assassinat de Mohamed Abu Khdeir ont été emmenés lundi matin par les enquêteurs sur les lieux où le corps de la victime a été découvert, indiquent les services de la sécurité intérieure (Shabbak) et la police.
Ils ont donné des détails sur l’enlèvement de l’adolescent palestinien et les circonstances dans lesquelles il a été assassiné. Un des 3 suspects a confessé avoir participé au meurtre et dénoncé les autres suspects arrêtés.
L’arrestation de 6 jeunes Juifs Israéliens suspectés d’avoir brûlé vif l’adolescent palestinien Mohamed Abu Khdeir a provoqué une onde de choc en Israël.
Le président Shimon Peres et le président élu Reuven Rivlin, qui prendra ses fonctions à la fin du mois, ont écrit lundi une tribune commune sous le titre “le sang n’a qu’une couleur”, paraissant dans les principaux journaux du pays.
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a téléphoné lundi matin à Hussein Abu Khdeir, le père de Mohamed. “Je tiens à vous faire part du choc causé par cet assassinat épouvantable Nous avons tout fait pour retrouver les meurtriers et ils seront traduits en justice. Nous condamnons ce type de comportement barbare. C’est un assassinat odieux.”, a dit le chef du gouvernement au père de la victime.
Netanyahou s’était déjà exprimé dimanche, promettant que “les auteurs de ce crime horrible subiraient toute la rigueur de la loi”.
“Les meurtriers de Mohamed doivent être condamnés à la peine maximale (…) Israël ne fait aucune distinction entre du terrorisme palestinien et du terrorisme israélien”, avait ajouté le chef du gouvernement.
Condoléances de la famille Frankel
Le maire de Jérusalem, Nir Barkat, a téléphoné aux parents de Mohamed Abu Khdeir alors qu’il rendait une visite de condoléances à la famille Frankel dont le fils, Naftali a été assassiné par des terroristes palestiniens le 12 juin dernier. Le père du jeune Palestinien et l’oncle du jeune Israélien se sont parlés, Yishaï Frankel a transmis ses condoléances et exprimé son horreur après avoir appris que les meurtriers de Mohamed sont juifs. La famille Frankel a indiqué qu’elle se rendrait prochainement à Chouafat pour rendre visite à la famille Abou Khdeir.
Selon la police israélienne et les services de sécurité intérieurs (Shabak), les auteurs présumes de l’assassinat du jeune Palestinien, dont l’un d’entre eux a avoué le meurtre durant son interrogatoire, auraient commis le crime par haine des Arabes et par volonté de venger l’assassinat des 3 adolescents israéliens.
Selon de hauts responsables sécuritaires, les tueurs font partie d’une cellule de terroristes juifs d’extrême-droite radicale, il s’agirait d’un groupe bien organisé qui avait planifié à l’avance le rapt et l’assassinat d’un Palestinien. Les mêmes sources indiquent qu’elles disposent de preuves solides contre les six suspects.
Les suspects, âgés de 16 à 22 ans, sont originaires de Beth Shemesh (une trentaine de kilomètres à l’ouest de Jérusalem) et d’Adam, une implantation en Cisjordanie.
Les enquêteurs suspectent également les assassins présumés d’avoir tenté d’enlever, la veille de l’assassinat de Mohamed, un enfant palestinien de 9 ans de Beit Hanina, que sa mère a réussi a sauvé. La famille avait porté plainte, mais la police, selon les parents, n’avait pas donné de suite à l’incident. La police a réagi à cette mise en cause en affirmant que le témoignage des parents a “induit les enquêteurs en erreur”.
Leur garde à vue a été prolongée de 9 jours par un tribunal de Jérusalem.
Incidents dans les localités arabes
Dès l’annonce de l’arrestation des 6 Juifs suspectés de l’assassinat de Mohamed Abu Khdeir, les incidents violents ont repris dans plusieurs localités arabes du sud comme du nord d’Israël.
Des jeune manifestants masqués lançaient des engins incendiaires et caillassaient des véhicules sur la route menant à Omer au nord-est de Beershéva. Une douzaine d’assaillants ont été arrêtés.
La localité de Tamra (20 kilomètres à l’est de Akko-St Jean d’Acre) dans le nord était le théâtre d’affrontements très violents entre plusieurs centaines d’émeutiers et les forces de l’ordre, en dépit des appels au calme des élus locaux. Nazareth et Shfaram ont également connu des incidents. Un calme précaire était constaté avec l’Iftar, le repas pris chaque soir par les musulmans au coucher du soleil pendant le jeûne du mois de ramadan.
Des incidents ont également été notés près du tombeau de Rachel à l’entrée de Bethléem et aux abords du tombeau de Joseph que des émeutiers palestiniens ont tenté d’incendier à Naplouse (Cisjordanie).
Le comportement de la police israélienne
En marge de l’assassinat du jeune Mohamed, une autre affaire éclabousse le comportement de la police israélienne. Tareq Abou Khdeir, âgé de 15 ans, est un Américain d’origine palestinienne et cousin de Mohamed Abu Khdeir.. Originaire de Tampa, en Floride, le jeune homme est accusé d’avoir lancé des pierres lors d’une manifestation à Chouafat. Une vidéo montre le jeune homme passé à tabac par des gardes-frontières israéliens.
Le porte-parole de la police israélienne, Micky Rosenfeld, déclare que Tareq Abou Khdeir faisait partie d’un groupe de six manifestants qui ont été interpellés jeudi durant des heurts avec les forces de l’ordre. Le ministère de la justice a ouvert une enquête interne concernant cet incident qualifié de “grave”.
Les Etats-Unis se sont dits “profondément troublés” par cet affaire et ont demandé une enquête aux autorités israéliennes.
La piste nationaliste pour le meurtre de Shelly Dadone
Par ailleurs, la Cour suprême a autorisé dimanche la publication d’informations concernant l’enquête sur l’assassinat de Shelly Dadone, cette jeune Israélienne de 19 ans, retrouvée morte début mai dans une zone industrielle de Migdal Ha’emek au nord d’Israël.
Un chauffeur de taxi arabe israélien , Hussein Khalifa, 34 ans, a ainsi avoué dans un premier temps le meurtre de la jeune femme, puis est revenu sur son témoignage, avant de confirmer finalement. Pour les services de sécurité israéliens le mobile de l’assassinat n’a pas encore été déterminé de façon définitive, mais ils évoquent un crime nationaliste.