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KEHILA ECCLESIA Tome 1 de Haïm Goël / Extrait N°31 : J’échapperai sur ce bateau à bien des pièges mortels. Plus loin, un homme juché sur je ne sais trop quoi tient un discours enflammé où les mots Sheitan (Satan) et America reviennent souvent. Et moi qui suis là avec toute mon allure d’occidental…

J’échapperai sur ce bateau à bien des pièges mortels. Plus loin, un homme juché sur je ne sais trop quoi tient un discours enflammé où les mots Sheitan (Satan) et America reviennent souvent. Et moi qui suis là avec toute mon allure d’occidental…

Un homme âgé tout habillé de blanc viendra me tirer d’affaire en m’expliquant en anglais que ces musulmans-là sont des extrémistes, des fous me dira-t-il même, l’index sur la tempe. Il m’entraîne avec autorité loin de là vers ses deux femmes accroupies sur le pont et elles aussi, si ma mémoire est bonne, vêtues de blanc. « Reste ici cela vaudra mieux pour toi ! »

Plus tard je remarquerai les lunettes d’une femme voilée particulièrement fixées vers moi. Une femme voilée et isolée. Un gosse m’apporte un papier. La femme aux lunettes m’y propose un rendez-vous galant. Quel audace, ici sur ce bateau en pleine foule religieuse. Je sais que je n’ai pas le droit à l’erreur et qu’en cas d’incident j’aurai tous les torts et que ma vie ne vaudra pas un kopeck. Je dois surveiller ma réaction car les lunettes fixes m’épient à vingt mètres alors que je viens de lire le mot. Je prie et je me souviens de l’épisode biblique où David contrefit la folie pour se tirer d’un mauvais pas. Avisant l’enfant qui venait de m’apporter le billet je fais l’idiot et celui qui ne comprend pas ce qui est écrit. Je fais vraiment l’idiot et y ajoute force sourires bienveillants et un brin bêtas vers l’enfant sans bien sûr lever un seul instant les yeux vers la femme. Cela prend et les lunettes se détournent de moi. Ouf !

Plus loin encore je serai « convié » à boire le thé par un quatuor de jeunes étudiants palestiniens. Des durs qui ont résolu de me cuisiner. J’aurais droit à toute une batterie de questions comme : « Es-tu israélien ? Fais-tu partie du Mossad (espionnage israélien) ? » Et bien d’autres. Compte tenu de ma situation de l’époque, je pus répondre non à tout. Compte tenu de ce que j’avais découvert concernant mes origines, je me dis à part moi :« et s’ils m’avaient demandé : Es-tu juif ? » Ils ne le firent pas.

Compte tenu de la situation et du contexte, c’était le genre de question qu’il ne serait venu à l’esprit d’aucun de ceux-là de poser. Un Juif sur un bateau transportant des pèlerins pour La Mecque juste après la première guerre du Golfe ?

Arrivée à Akaba. Enfin ! Promenade dans la ville. Atmosphère étrange du monde musulman au premier contact. Beaucoup d’hommes en rue, pas de femmes. Visite au souk.

Dans le souk, j’acquiers pour un prix plus que modeste une veste brodée que ma femme porte toujours. Nuit à l’hôtel. Le lendemain, taxi pour …….. .

L’autoroute est large comme les deux voies réunies d’une très large autoroute d’Europe. Une vraie piste de danse pour trois mille concours de valse. Un énorme lacet, gummi noir qui s’évade comme un mirage à travers les collines sèches… Des lignes blanches d’une espèce ou d’une autre, point. Chacun roule selon sa fantaisie. Au milieu voire à gauche, parfois à droite. Rencontre éprouvante avec trois ou quatre énormes « trucks » roulant de front, impeccablement alignés, klaxons en délire. Personne ne veut dévier de sa trajectoire. J’interpelle le conducteur de taxi, en vain. Il hurle en direction des camions, sûr de son droit de passage malgré la menace d’un écrasement qui se rapproche à grande vitesse. Cela crie et klaxonne encore plus. Nous sommes passés, mais je ne sais toujours pas comment aujourd’hui. Je me souviens juste d’un flot d’invectives dans la bouche du conducteur du taxi. Plus loin, voitures dans les fossés, deux familles décimées. Arrivée à ……… et inscription à l’hôtel. Chambre correcte.

Je me glisse alors peu à peu dans un univers qui m’est tellement étranger que je reste en veille, priant sans cesse d’une part pour ne pas commettre d’erreur, d’autre part pour discerner pas à pas le plan de D.ieu. Je comprends peu à peu que je suis envoyé ici pour me laisser désigner par D.ieu quelques personnes dont le cœur peut être touché par l’Évangile. La stratégie ? Elle me sera peu à peu révélée par l’Éternel.

D.ieu gouverne : un jeune homme de la famille de l’hôtelier me prend curieusement en amitié et de manière vraiment désintéressée, ce qui est rare sous ces latitudes, il faut l’avouer. Mais les hommes sont-ils si différents ailleurs ? Non ! Ici c’est simplement plus voyant car la précarité y est plus évidente. Dès mon arrivée il me prend en charge et nous partons à la découverte du pays environnant. Superbe ! Nous commençons une amitié en parlant de tout et puis de D.ieu aussi mais de façon prudente et générale. Il est d’un cœur bon et visiblement pas un musulman fervent comme c’est semble-t-il le cas de beaucoup ici. Le lendemain il m’invite chez ses parents ce qui lui vaudra des remarques très acerbes de sa sœur qui veut s’opposer à ma venue dans la maison familiale. Raison religieuse ? Je l’ignore mais mon nouvel ami, outré, me désigne le plus beau canapé en me poussant dans la maison.

Le lendemain, petit déjeuner en extérieur. Mon nouvel ami est toujours vivement attaché à ma personne (que lui ai-je fait pour mériter une si rapide et forte affection ? Aucune explication rationnelle mais je ressens tellement la présence de D.ieu autour de moi et avec moi que de toute évidence la réponse est là). Je l’appellerai Yousouf (prénom imaginaire) pour continuer ce récit. Yousouf me présente son frère et nous buvons un nescafé ensemble en devisant. Durant la conversation l’Esprit de D.ieu me visite et regardant les deux frères je vois l’un en esprit, clair et doux, pacifique, l’autre je le vois en esprit, sombre, meurtrier, féroce.

Et D.ieu me parle : « Autant tu auras la liberté bientôt de parler de moi et d’offrir une bible à Yousouf, autant tu t’en garderas bien avec son frère » Conseil reçu et vivement intégré.

Dans la semaine qui suit je visiterai …….. et la région de fond en comble. Quel endroit, quelle beauté ! Le Seigneur me parlera très prophétiquement concernant cet endroit et je sais qu’il concernera encore mon avenir mais lointainement. Les Bédouins, les nomades qui s’abritent ici et là pour y tenir les échoppes à touristes ou les familles qui s’abritent là sous un carré de toile comme ils le firent durant des siècles m’ont repéré avec mon presque mètre quatre-vingt-dix (ils sont en général petits et montant leurs fameux chevaux arabes je réaliserai que mes pieds arrivaient à seulement trente centimètres du sol).

Parfois de joyeux « Salam el Philippe » ponctuent mon passage. La présence de D.ieu est si forte que j’en ressens les effets physiquement tout au long des jours. Et cette présence semble ouvrir un étonnant chemin de sympathie alentour. Au cours de ces incursions dans la région je recevrai trois directions supplémentaires très nettes concernant deux Bédouins et un Arabe sédentaire. A chacun le Seigneur me déclare que je devrai donner une bible lors d’un prochain voyage. Deux événements forts clôtureront ce premier voyage. Un jour sortant de mon hôtel, je faillis m’étaler sur un fort important groupe de musulmans en prière juste devant l’hôtel sur la terrasse. Je pus me ressaisir à temps mais percevant l’atmosphère très chargée de ce temps de prière j’imaginai ce qui aurait pu arriver en m’étalant au beau milieu du groupe. Je reste donc là calmement à considérer discrètement la scène et je prends la mesure de l’esprit religieux qui accompagne cette dévotion.

Un autre jour, un beau matin, une scène étonnante se déroule. Alors que nous sommes en train de deviser quelque part sur une terrasse, un curieux personnage fait son apparition. C’est un vieillard à cheveux et longue barbe blanche. Quelqu’un me dit à voix basse : « Celui-ci est le notable du coin, (quelque chose comme un cheik si j’ai bonne mémoire) sois respectueux, tiens ta distance ». Je ressens une grande lumière sur moi et la présence de D.ieu (d’anges ?). Alors soudainement le vieillard se tourne vers moi et me désignant du doigt déclare quelque chose comme : « Cet homme est quelqu’un de digne et de valable, respectez-le ! ».

Je reste encore aujourd’hui sur ma faim quant à trouver une explication à cette attitude de la part d’un total inconnu mais il est un fait que tout dans ces jours-là baignait dans une atmosphère complètement surnaturelle et que sans le savoir ce vieillard apportait à mon action présente et celle qui suivrait une formidable caution. Seigneur tes voies sont réellement surprenantes et disposent même des ennemis en faveur de ton serviteur fidèle.

Je retournai en Belgique pour faire rapport à l’église de la façon extraordinaire dont D.ieu avait conduit les choses et soumettre à la prière le projet de retourner pour distribuer en privé à quatre hommes désignés par D.ieu une bible en arabe. Le temps de faire ce rapport et je me trouvais déjà sur la route. Direction le Sud de la France. J’étais invité à prêcher dans la Drôme. Week-end béni, culte dominical, contact sympathique avec l’église et déjà je me prépare au retour quand soudain le pasteur (hélas pyramidal) m’aborde vivement comme à son accoutumée. « J’ai là quatre énormes bibles en arabe. Je ne sais qu’en faire. Les veux-tu ? Sait-on jamais, elles pourraient t’être utiles ici ou là ». Je reçus ces bibles le souffle coupé car je n’avais pas eu l’occasion de dire un seul mot de mon récent voyage en Jordanie. Le signal était ainsi clairement donné pour mon retour à …….

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Lève-toi ! / Etz Be-Tzion
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