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KEHILA ECCLESIA Tome 1 de Haim Goel / Extrait N°36 : L’on-dit, la rumeur, sont des choses qui spontanément se bloquent à la porte de mon cœur. Il n’y a aucun mérite à cela, car Christ détruit en principe en nous le désir de dominer autrui, d’exercer un pouvoir, une influence néfaste, politique, religieuse, intellectuelle, morale, que sais-je, sur autrui. Très étonnamment, je dois sans doute cette tendance au fait d’avoir grandi dans un milieu d’armée et loin de la caricature habituelle de ce milieu. Milieu d’officiers où l’on entretenait bien plus les liens de la camaraderie et du soutien d’autrui qu’une soif de dominer, contrôler, que j’ai étrangement rencontrée à foison dans nos milieux dits chrétiens, hélas.

L’on-dit, la rumeur, sont des choses qui spontanément se bloquent à la porte de mon cœur. Il n’y a aucun mérite à cela, car Christ détruit en principe en nous le désir de dominer autrui, d’exercer un pouvoir, une influence néfaste, politique, religieuse, intellectuelle, morale, que sais-je, sur autrui. Très étonnamment, je dois sans doute cette tendance au fait d’avoir grandi dans un milieu d’armée et loin de la caricature habituelle de ce milieu. Milieu d’officiers où l’on entretenait bien plus les liens de la camaraderie et du soutien d’autrui qu’une soif de dominer, contrôler, que j’ai étrangement rencontrée à foison dans nos milieux dits chrétiens, hélas. Mon père avait comme enseignant un rang d’officier et cela se passait en Allemagne occupée juste après la deuxième guerre mondiale. Nous avions, il est vrai, les Russes en face de nous et d’autres préoccupations essentielles (ah, le souvenir des alertes de nuit où les familles devaient pouvoir évacuer en quelques heures, et le souvenir du visage de mon père baigné de larmes à l’audition des speakers hongrois suppliant les Alliés de venir alors que l’on entendait à la radio les chars russes tirer à Budapest…). Des préoccupations essentielles qui requéraient maturité et virilité morale pour la cohésion du corps d’armée. Il devait en être de même chez nos voisins d’armée anglais, français ou américains, je suppose.

Je le répète, je n’ai aucun mérite. Celui-ci revient à Christ qui habite dans mon cœur et qui il y a plus de vingt-trois ans déjà m’a convaincu de l’extraordinaire vanité de nos jours d’hommes.

Le fait est aussi que je viens par chance de cette culture d’armée qui certes a ses failles (castes, vase clos, isolement social d’une armée d’occupation et la psychologie spécifique de ses membres) mais pas ce défaut-là : recevoir aisément la rumeur.

Cela m’a fourni un poste d’observation.

Curieusement, ce que nous appelons toujours péjorativement « le Monde », nous chrétiens, m’a laissé quelques souvenirs superbes d’amour et de solidarité que je n’ai jamais rencontrés dans l’Église.

Je me souviens de ce théâtre subventionné et du dernier spectacle auquel je participai comme acteur, juste avant ma rencontre avec le Seigneur. Ce spectacle obtint le prix Europalia cette année-là. Une récompense qui nous hissait au rang de meilleure production européenne de l’année. Le budget de ce spectacle subventionné était limité mais les dépenses énormes et risquées. Les options du metteur en scène l’exigeaient et le risque était permanent comme dans toute aventure artistique. Nina Ricci nous avait taillé des costumes qui à eux seuls valaient une fortune. L’heure de répétition revenait très cher au budget de la production et faire vivre ensemble une équipe d’acteurs, metteur en scène, décorateurs, etc. est toujours une prouesse dans des conditions plus que stressantes. J’ai le souvenir pourtant que pas un incident ne vint brouiller l’atmosphère relationnelle de cette équipe chauffée à blanc durant de longs mois du fait des conditions de travail particulières à plusieurs égards et du travail de création artistique délicat, risqué compte tenu de l’option du metteur en scène.

Savez-vous quel était notre secret ? Nous aimions notre travail. Nous aimions le responsable (c’est un choix plus qu’un « sentiment, senti-ment ») et nous nous aimions les uns les autres avec toutes les patiences nécessaires face à nos inévitables différences de tempérament (c’était aussi un choix ! Un choix d’adultes).

Nous aimions et nous avions un même but, une même affection, l’œuvre à accomplir. Le fruit direct fut un spectacle plus que réussi. Une œuvre d’art bien sûr discutable d’un point de vue chrétien, mais saisissante au point d’entraîner un succès sans jalousie de toute la corporation.

J’ai aussi assisté là à des événements où les hommes se révèlent pour ce qu’ils sont. Un beau matin, une des actrices vint à la répétition visiblement atteinte par un chagrin. Je vous le répète, nous ne pouvions nous offrir le luxe, le budget étant ce qu’il était, de perdre une miette, une seconde de notre temps.

Savez-vous ce qu’il advint pourtant ce matin-là ? Le Directeur du théâtre nous invita avec des trésors de patiente délicatesse et de cœur à passer avec lui du temps autour de notre collègue en difficulté. Toute une matinée s’écoula ainsi à la cafétéria du théâtre, des heures précieuses furent sacrifiées car personne n’aurait imaginé passer à côté des souffrances de notre amie.

Notre cher Directeur se révéla homme intelligent, homme de cœur, un père bon. Je n’oublierai jamais cet homme même si nos convictions nous ont séparés. Que certains ignorants ne me parlent plus jamais des milieux d’artistes comme de milieux fatalement dégénérés .Il existe autre chose que la rumeur et la presse à sensation, les gazettes pour se faire une opinion ! J’ai connu dans ces milieux d’artistes de tout, comme partout ailleurs, de l’excellent et du pire, mais l’illusion propre à trop de superficiels, voire l’hypocrisie et une sottise certaine, en moins le plus souvent.

L’infantilisme et l’esprit gazette, la lâcheté de nos milieux réputés pourtant chrétiens sont épouvantables, font honte en regard des comportements décrits ci-dessus et de ce que l’on rencontre ou vit parfois dans le monde, de « l’autre côté de la barrière ».

Comment expliquons-nous qu’un jeune artiste mourant (ou quasi) de faim dans une grande métropole d’Europe traverse à pieds toute une ville pour rapporter à son propriétaire un portefeuille bourré de billets de banque et que devenu chrétien ce même homme sera un jour, homme vivant pourtant par la foi dans une stricte obéissance à D.ieu, affublé du titre d’escroc par la rumeur de son nouveau milieu ? En se convertissant, il serait donc devenu pire ! Comment expliquer que le même jeune homme qui fréquenta une infirmière du temps de sa jeunesse et qui la visitant alors qu’elle était en garde de nuit à l’hôpital ne put, cœur brisé, résister au devoir de compassion qui lui commandait de demeurer toute une nuit auprès d’un moribond agonisant seul, abandonné de tous, et que devenu chrétien ce même jeune homme sera traité de gourou, d’homme sans cœur par les « gazettes » évangéliques ? L’agonisant eut du fond de son lit où couchait déjà la mort un regard de reconnaissance que n’oublia jamais le jeune homme qui ne connaissait pas encore (officiellement) Christ. Mais il semble là encore qu’en se convertissant cet homme soit devenu pire, du moins si l’on en croit les gazettes. Invraisemblable ? Non, et il y a pire, encore et encore !

La « tchatche » ne fait pas partie des codes de communications à l’armée face à l’urgence et au danger ni chez les artistes professionnels face au défi. Les principes, le caractère adulte et l’obéissance qui sont intelligence, oui.

Accepter d’écouter un ragot, une histoire concernant autrui en sachant qu’il sera sans doute impossible d’en vérifier la véracité ou en refusant d’en rechercher le bien-fondé par une simple prière personnelle adressée à D.ieu, prouve que fondamentalement l’on souhaite que le mal qui est rapporté soit vrai. Pourquoi cette complaisance criminelle, infantile ? Toute la réponse est dans la question :

PARCE QU’ON Y TROUVE AU FOND DE SOI, OU A DEUX, L’OCCASION D’EXERCER UN JUGEMENT, DONC D’AVOIR UN POUVOIR SUR AUTRUI. C’est lâche ? Éminemment, oui bien sûr et pourtant banalisé parmi nous et à quel point ! A ce point d’un constat que nous savons tous exact, il nous faut nous arrêter et réfléchir. Si des hommes comme Van Gogh ou Nietzche dont question dans l’introduction de ce livre ont perdu la trace de la porte étroite, s’en sont éloignés, ils n’en étaient pas moins fils de pasteurs et donc des nôtres a priori ou par destinée. Qu’est-ce qui les a égarés ? De toute évidence le témoignage de leur entourage chrétien y fut pour beaucoup. Combien de fois ces dernières années n’ai-je entendu ce discours angoissé : « frère, j’aimerais tellement amener ma mère, un ami, une voisine à Christ mais ensuite où les conduire, frère, où ? » ?

Est-ce donc que pour beaucoup devenir chrétien, être chrétien c’est exercer un pouvoir ? O Croix, quel sens as-tu encore dès lors ? O Seigneur, toi qui acceptas pour Toi-même toutes les injustices pour nous rendre paix et douceur et nous commanda de nous aimer, tout étant accompli !

Et c’est exactement ce que cherchait par jalousie à faire Satan face à D.ieu : accuser, créer une forme de contre–pouvoir en s’assujettissant au passage Adam et Eve dont il se fichait d’ailleurs comme d’une guigne.

Chers amis, retenez cela ! Ceux qui cherchent à faire de vous les complices de leurs discours négatifs à l’égard d’autrui se moquent de vous et de l’état de votre âme comme d’une guigne. Mensonge, calomnie, exagération néfaste, perversion intellectuelle et morale et égoïsme pur vont de pair.

La raison profonde pour laquelle nous acceptons, au mépris d’un pourcentage pourtant énorme de la Parole de D.ieu 1 Timothée 5, v.19, 1 Corinthiens 13, v.5, Matthieu 12, v.37, pour donner trois citations parmi bien d’autres, de tomber dans le piège est que nous sommes aisément séduits par l’idée de dominer, de contrôler, d’exercer un jugement sur autrui,

de PRENDRE LA PLACE DE D.IEU LUI-MEME, DE DEVENIR COMME D.IEU.

Exactement comme le serpent l’a promis en Éden. Quel « honneur » il nous est fait là ! Quelle sauvage et terrible médiocrité nous est aussi révélée là !

Comment ne pas résister à une telle tentation quand on a compris que c’est l’aspect le plus déchu de notre personne qui est sollicité là ?

Nous allons réaliser ensemble un peu mieux dans quelques instants en examinant le verset 4 du chapitre 3 de la Genèse ce que ces choses signifient.

Quatre signifie accomplissement, rappelons-le.

Chaque fois que, dans une similitude de scénario avec ce qui arriva à Eve dans le jardin d’Eden, nous sommes confrontés à la rumeur et à une mise en doute concernant autrui, c’est-à-dire subitement, sans y être préparés, nous n’avons qu’un instant, une micro-seconde pour réagir juste ou faux. Notre réaction, celle de notre cœur, nous jugera instantanément, soit pour la vie, soit pour la mort (oui, pour la mort, voyez la fin de ce chapitre). Notre réaction dévoile notre état réel.

Voyons ensemble dans les versets 4 et 5 la raison pour laquelle Adam et Eve chutèrent.

« Le serpent dit à la femme : Non, vous ne mourrez point ; mais D.ieu sait que, du jour où vous en mangerez, vos yeux seront dessillés, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal. » (Version Zadoc Kahn).

Relisons à présent la deuxième partie du verset 5 : « … et vous serez comme D.ieu, connaissant le bien et le mal. »

Ce que le diable propose ici en réalité lorsqu’il parle de connaître comme D.ieu le bien et le mal, c’est d’avoir soudain la capacité nouvelle et souveraine de porter un jugement concernant le bien et le mal, pouvoir suprême et absolu qu’aucun ange déchu ou non, qu’aucun homme n’a jamais eu. Il est certes écrit que nous jugerons les anges, mais ce n’est pas demain… Rappelons-le, l’homme et la femme furent créés innocents, et le seul « privilège » auquel justement ils ne pouvaient avoir accès était celui de juger le bien et le mal.

Derrière la réception de la calomnie, de la mise en doute d’autrui, c’est toujours la même promesse fallacieuse que fait le diable : « reçois, prends le pouvoir divin de juger comme D.ieu. ».

Mais nous ne sommes pas D.ieu. Certains semblent l’avoir oublié.

Et, chers amis, les deux éléments essentiels du scénario démoniaque qui conduisirent Adam et Eve dans la chute, à savoir l’irruption de la rumeur, du mensonge, et la promesse mensongère de recevoir la capacité divine de juger, sont indissociables. La preuve en est que dès que nous ouvrons la porte à la rumeur, ce qui surgit en nous et qui flatte lâchement notre vanité est le jugement et son étrange ivresse malsaine. N’est-ce pas le cas ?

Quand la rumeur nous atteint, et nous invite à la complicité, soit nous préservons notre innocence édénique reconquise par Christ et en Christ à la Croix et au travers de sa résurrection, et confirmée par notre « Mikvé » (baptême d’eau dont la signification profonde est un changement d’état), soit nous souillons cette nouvelle innocence dans une nouvelle mort dont les fruits terribles et le moteur sont l’orgueil, le zèle amer et… la mort.

L’état du cœur à l’audition d’une parole négative concernant autrui ou la diffusion de celle-ci s’accompagnent toujours de l’affermissement d’une forme de pouvoir humain. J’ai dans l’esprit plusieurs exemples.

En voici un : l’année dernière, je fus invité par le président d’une certaine organisation à prêcher dans une convention dans la foulée de la sortie de mon livre « Bénédiction du Père, bénédiction des pères ». Le président avait été particulièrement touché par le contenu de ce livre ainsi que la majeure partie de son bureau. Un des membres de ce bureau déconseilla pourtant de m’inviter car, disait-il, il avait entendu de mauvais échos me concernant.

Le président de cette organisation m’informa, assez embarrassé et déçu, des accusations de Monsieur Jérôme (nous l’appellerons ainsi sans divulguer une vraie identité et par commodité dans la suite de ce récit).

J’écrivis donc au président, lui demandant de bien vouloir coucher par écrit ce qu’il avait entendu me concernant car je souhaitais que les serviteurs de D.ieu avec lesquels je suis en relation de communion fraternelle au sein d’un groupement qui s’appelle « EHAD » aient connaissance de ces accusations et exercent sur celles-ci un jugement, mais dans des conditions bibliques. Faut-il vous dire que je ne reçus jamais le moindre courrier ? Les accusateurs et vecteurs de rumeurs ne vont jamais jusqu’au bout de leur démarche quand il s’agit de mettre en lumière car ils savent au fond qu’ils courent le risque d’être confondus.

Satan aussi nous accuse, bien qu’il sache que cela est vain. Cet homme, Monsieur Jérôme, sans doute sous l’emprise de la crainte, me téléphona. Son long monologue constitua une infinie introduction dont le but était de justifier une attitude qu’il savait injuste, répréhensible.

Et lorsque je convainquis cet homme de faute avec la Parole de D.ieu : « Ne reçois point d’accusation contre un ancien, si ce n’est sur la déposition de deux ou de trois témoins. » (1 Timothée 5, v.19), il refusa obstinément de reconnaître l’autorité de cette parole.

Il finit par me dire dans un élan passionné par lequel il trahit les motivations réelles de son cœur : « Mais je suis conseiller dans le bureau de cette organisation. Et c’est donc mon rôle (comprenez mon pouvoir, mon bon droit) d’y rapporter ces choses. »

J’eus beau argumenter que l’on n’a strictement aucun droit d’écouter et de rapporter une rumeur qui n’a pas été jugée à fond et dans des conditions bibliques, cela fut vain.

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Lève-toi ! / Etz Be-Tzion
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