Washington sanctionne des sociétés accusées de contourner les sanctions imposées à Téhéran

Fabrice Coffrini (Pool/AFP)“Le secrétaire d’état américain John Kerry (g) et le ministre des Affaires étrangères russe Sergei Lavrov à Bâle le 4 décembre 2014”

Fortement irritée par les dernières sanctions que lui ont imposé les Etats-Unis, la Russie a menacé mardi de mettre à mal la coopération qu’elle entretient avec Washington sur le dossier du nucléaire iranien et sur la crise syrienne.

Les relations russo-américaines se sont encore un peu plus dégradées suite à la décision de Washington d’imposer des sanctions économiques contre Moscou pour le punir d’avoir annexé la péninsule de Crimée en Ukraine et d’avoir soutenu l’insurrection pro-russe dans l’Est du pays.

Dernier épisode en date, la décision des Etats-Unis lundi d’interdire l’entrée sur leur territoire à quatre ressortissants russes prétendument liés à l’affaire Magnitski, du nom d’un juriste russe mort en prison à Moscou fin 2009 et qui a provoqué de vives tensions entre les deux pays.

Le ministère russe des Affaires étrangères a estimé mardi que les nouvelles sanctions américaines n’étaient pas fondées et a averti Washington que ses actions remettaient en cause “les perspectives de coopération bilatérale dans le règlement du dossier du programme nucléaire iranien, de la crise syrienne et d’autres problèmes internationaux aigus”.

“Nous ne laissons pas, et nous ne laisserons pas de tels gestes hostiles, sans réponse”, a déclaré le ministère.

La Russie est engagée avec les États-Unis et d’autres puissances mondiales dans les négociations sur le programme nucléaire iranien.

Washington a d’ailleurs rendu hommage au rôle constructif que Moscou a joué dans ces pourparlers en dépit des différences entre les deux pays sur l’Ukraine et sur d’autres dossiers.

Si la Russie a fermement soutenu le régime du président syrien Bachar al-Assad pendant la guerre civile qui a fait rage dans le pays, elle tente aujourd’hui de jouer un rôle de médiateur entre le gouvernement syrien et l’opposition. Le gouvernent russe a ainsi invité les deux parties dans la capitale russe en janvier pour de nouvelles discussions.

Des sociétés accusées de contourner les sanctions imposées à l’Iran sanctionnées

Atta Kenare (AFP)“La presse iranienne fait sa Une sur les négociations nucléaires de Vienne, le 25 novembre 2014 à Téhéran”

Les Etats-Unis ont ajouté mardi à leur liste noire neuf individus et sociétés accusés de contourner les sanctions imposées à l’Iran pour son programme nucléaire ou de se rendre complices de violations des droits de l’homme à Téhéran.

Cinq d’entre eux sont soupçonnés d’avoir apporté leur soutien “matériel, financier ou technologique” afin de permettre l’achat de bons du Trésor américains par le gouvernement iranien en violation des sanctions, détaille le Trésor dans un communiqué.

Egalement ciblée par Washington, une entreprise technologique iranienne, Douran Software Technologies, est elle sanctionnée pour avoir contribué à la “censure” exercée par le régime de Téhéran.

Les autorités américaines prennent soin de préciser que ces sanctions procèdent d’un cadre juridique existant et ne découlent pas d’un nouvel arsenal réglementaire visant Téhéran, au moment où les puissances occidentales négocient avec l’Iran sur son programme nucléaire.

“Même si nous ne soutenons pas de nouvelles sanctions liées au nucléaire au moment où les négociations sont en cours (…), nous avons été clairs, dans nos paroles et nos actes, sur le fait que nous continuerons à appliquer les sanctions existantes”, a déclaré le sous-secrétaire américain chargé de la lutte contre le terrorisme, David Cohen.

L’Iran et les grandes puissances pourraient se retrouver en janvier pour une nouvelle étape des discussions sur le dossier nucléaire de Téhéran, lancées en novembre 2013 en échange d’un allègement des sanctions imposées au pays.

Les grandes puissances exigent que l’Iran réduise ses capacités nucléaires afin d’empêcher qu’il puisse disposer un jour de la bombe atomique. Téhéran revendique son droit à une filière nucléaire civile complète et demande la levée des sanctions économiques occidentales.

(i24news avec AFP)