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Le prix de la liberté – Luc Bussière

By 30 novembre 2013décembre 9th, 2013Lève-toi !

Le 27/05/2013

Chers frères et sœurs des écoles chrétiennes de France, Suisse, et Belgique, chers amis,

Je vous écris ce message pour vous tenir au courant de la bataille qui se livre en ce moment dans le champ de l’éducation scolaire en France, mais c’est la même bataille qui se livre ailleurs, de façon peut être plus cachée… L »ennemi faisant toujours une œuvre qui le trompe, cette bataille sera sûrement le levier nécessaire à la prise de conscience des chrétiens de la nécessité d’ouvrir leurs propres écoles. En tant qu’ AESPEF, soyons prêts à relever ce défi d’une vague de création d’écoles comme on n’en a pas encore vu…

Le prix de la liberté.

Engagés en tant que parents, enseignants, collaborateurs, donateurs ou amis, nous avons tous quelque expérience du prix que coûte une éducation scolaire qui soit cohérente avec notre foi et nos valeurs : coût en frais de scolarité et en transport pour les uns, en temps, en don de soi ou en choix d’un salaire minimum pour d’autres. C’est le prix de notre liberté. Ce choix d’une école hors-contrat, ne bénéficiant d’aucune aide de l’Etat, est la garantie du maintien de notre identité chrétienne, en particulier dans ces temps où notre ministre de l’éducation nationale, M. Vincent Peillon, veut « Refonder l’école de la République ». Etes-vous au courant de son contenu ?

Dans son livre-programme « Refondons l’école » publié en février 2013, le Ministre de l’éducation nationale explique en effet que « dans notre tradition républicaine, il appartient à l’école non seulement de produire un individu libre, émancipé de toutes les tutelles – politiques, religieuses, familiales, sociales – capable de construire ses choix par lui-même, autonome, épanoui et heureux, mais aussi d’éduquer le citoyen éclairé d’une République démocratique, juste et fraternelle. » La liberté consisterait donc à être son propre maître, son propre dieu, étant affranchis de toutes les tutelles, y compris de celle de Dieu.

L’école, nouvelle « Eglise de la République ».

Dans son livre « La Révolution n’est pas terminée », publié au Seuil en 2008, M. Peillon livre le cœur de sa pensée. Voici ce qu’il dit de l’école : « C’est à elle [l’école] qu’il revient de briser ce cercle [les déterminismes], de produire cette auto-institution, d’être la matrice qui engendre en permanence des républicains pour faire la République, République préservée, république pure, république hors du temps au sein de la République réelle, l’école doit opérer ce miracle de l’engendrement par lequel l’enfant, dépouillé de toutes ses attaches pré-républicaines, va s’élever jusqu’à devenir le citoyen, sujet autonome. C’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle Eglise, avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi. La société républicaine et laïque n’a pas d’autre choix que de «s’enseigner elle-même » (Quinet) d’être un recommencement perpétuel de la République en chaque républicain, un engendrement continu de chaque citoyen en chaque enfant, une révolution pacifique mais permanente. » (« La Révolution n’est pas terminée », Seuil, 2008, p17. Cité par Grégor Puppinck dans son article « l’école du petit père Peillon » article transmis par le CPDH) L’école n’a décidément rien de neutre, elle est le véhicule d’une idéologie, qui se montre au grand jour, et qui se nourrit de cet esprit de révolte contre Dieu qui remonte à l’origine des temps.

L’école, lieu pour « déconstruire l’idéologie de la complémentarité homme-femme ».

« L’éducation à l’égalité de genre » doit devenir une mission de l’école élémentaire, dès l’âge de 6 ans, « afin de substituer à des catégories comme le sexe (…) le concept de genre qui (…) montre que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature, mais sont historiquement construites et socialement reproduites ». Le récent rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales recommande que l’école s’engage dans la « lutte contre les stéréotypes de genre » « dès le plus jeune âge », qu’elle déconstruise « l’idéologie de la complémentarité homme-femme » pour « tendre vers une société» égalitaire. A cette fin, ce rapport recommande notamment aux enseignants de remplacer les appellations « garçons » et « filles » par les termes neutres « amis » ou «enfants », de raconter des histoires dans lesquelles les enfants ont deux papas ou deux mamans, etc. Il s’agit, dit le rapport, d’empêcher la « différenciation sexuée » et l’intériorisation par les enfants de leur identité sexuelle. Comme l’indique M. Peillon, «le gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités, notamment par le biais d’une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles. »

L’école au cœur du conflit entre deux visions du monde, deux sagesses.

Nous sommes donc les témoins d’une « guerre » entre des visions du monde incompatibles, qui s’affrontent sur le terrain de l’école, confrontation entre une sagesse qui vient « d’en bas » qui se veut autonome, indépendante, et une sagesse qui vient « d’en haut » qui reflète la nature et le caractère de Dieu. En lisant ce projet de refondation d’école, je ne peux m’empêcher de me remémorer ce verset : « Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous » (Romains 1. 22). Plus que jamais, nous devons prendre au sérieux ce mandat « d’enseigner les nations » que le Christ nous a donné, et cela commence par nos enfants, cela commence par enseigner les justes définitions que les Ecritures nous donnent au sujet de Dieu, de l’homme, de la famille, de l’alliance du mariage, de la vie et de tous les domaines de la Création ; il s’agit ici de vivre et de communiquer une vision chrétienne du monde, une juste représentation de « ce qui est dans le ciel et de ce qui est sur la terre » (2ème commandement, Exode 20. 4-6), condition pour être sel et lumière, condition d’une action pertinente dans ce monde. Tout enseignement peut soit asservir, soit affranchir. Et nous croyons qu’il n’y a pas d’affranchissement possible, pas de liberté possible en dehors de Dieu, de son amour, de Sa sagesse et de son œuvre de rédemption.

Quel fondement pour nos écoles ?

La Parole de Dieu nous avertit : « quand les fondements sont renversés, le juste, que ferait-il ? » (Ps 11. 3). Nous savons qu’il n’y a qu’un seul fondement, Jésus Christ (1Co 3. 11), et que nous sommes appelés à bâtir sur ce fondement avec de l’or et de l’argent. C’est à nous, chrétiens, de « refonder l’école » sur le fondement de la foi en Christ qui est le seul qui puisse nous rendre « réellement libres », nous communiquer notre véritable identité d’hommes et de femmes, créés à son image, pour entrer dans des œuvres préparées d’avance, des projets de bonheur et d’espérance qui donnent tout son sens à notre vie.La société est souvent (toujours?) le reflet de l’état de l’Eglise. Il y a longtemps que nous aurions dû nous occuper de bâtir d’autres fondements à l’école. Tout terrain dans lequel nous ne voulons pas prendre responsabilités est un terrain qui sera pris par l’Adversaire, qui, lui, cherche à détruire les fondements pour poser les siens, à détruire les signes pour ériger les siens (Ps 74. 4) « Il n’existe aucun territoire neutre dans l’univers tout entier, disait C.S Lewis : car Dieu revendique chaque mètre carré et chaque 10ème de seconde, et Satan lui répond en faisant de même.

Il ne faut pas que nous nous contentions de manifester notre désaccord, de nous contenter d’être en réaction, il faut que nous nous mettions à poser d’autres fondements, à bâtir autrement, à relever le mandat de l’enseignement. Investissons dans une éducation qui honore Dieu, et, par là même, qui honore l’homme, qui honore l’enfant, qui bâtit son identité, sachant que notre véritable identité ne se bâtit pas sans Dieu ! Une telle éducation souligne notre compréhension du prix que Dieu a payé lui-même pour notre liberté : le don de son propre Fils.

Soyons conscients des immenses enjeux actuels en matière de politique d’éducation, soyons reconnaissants pour la liberté que nous avons encore d’éduquer et d’enseigner nos enfants selon nos convictions religieuses ou philosophiques, droit garanti par la Constitution Européenne. Soyons de ceux qui soutiennent de toute leur force ce trésor confié par Dieu que sont nos écoles chrétiennes, modèles bien imparfaits sans doute, mais modèles tout de même, source d’inspiration pour beaucoup, et instrument qui contribue à la « liberté glorieuse des enfants de Dieu ». (Romains 8. 21) Soyons de ceux qui refusent de « plier » le genou devant toutes les idéologies asservissantes, avilissantes, aliénantes, et qui, comme les parents de Moïse qui avaient « vu que leur enfant était beau », n’ont pas craint l’édit du roi (Hébreux 11. 23) et ont pris leurs responsabilités. Que le temps vienne où ces écoles chrétiennes, qui se battent année après année pour leur survie, qui ont du mal à payer leurs enseignants et leurs factures, seront portées, chéries, adoptées, bénies, remplies, considérées, irriguées, portées par le Corps de Christ tout entier. Car dans ces temps d’ébranlement, Dieu lève une génération qui l’aimera de tout son coeur, de toute sa force, de toute sa pensée.

Luc BUSSIERE

Luc BUSSIERE
Président de l’AESPEF
15, Avenue du Maréchal Foch
68500 Guebwiller

Site internet: www.aespef.org
Courriel: luc.bussiere@aespef.org

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