Guy Millière – Au moment où ces lignes paraîtront, les élections israéliennes seront en train de se dérouler. Au moment où vous les lirez, les résultats seront connus peut-être.

Je veux penser qu’un sursaut se produira au sein de l’électorat israélien.

Je suis loin d’être certain que ce sursaut aura lieu.

Je sais que le peuple israélien vote en pensant à ses conditions de vie. Et je le comprends.

Je sais qu’il y a de la pauvreté en Israël, que des prix sont trop élevés, que des secteurs entiers de l’économie ne sont pas libéralisés, ce qui entraîne des effets de monopole ou d’oligopole. Je sais que le prix du logement a monté de manière très forte, ce qui entrave l’accès à la propriété.

Je pense néanmoins utile de le dire en tant qu’économiste : rien dans ce que proposent les opposants à Netanyahou n’est à même de remédier aux effets de monopole ou d’oligopole, et rien dans ce qu’ils proposent n’est à même de faire baisser les prix de l’immobilier et de faciliter l’accès à la propriété. Ce qui manque à Israël n’est pas un ensemble de solutions de gauche, mais un sucroît de liberté économique et de concurrence. Je ne doute pas que Netayahou le sait, car il est pour beaucoup dans les éléments de libéralisation qui ont permis à Israël d’être la « nation start up », de continuer à avoir de la croissance quand le reste du monde développé glissait vers la stagnation, et de connaître des chiffres du chômage que les pays européens envieraient à juste titre. Je considère que Netanyahou a fait une erreur en ne mettant pas davantage l’accent sur les dossiers économiques ces dernières semaines. Il a, plutôt, mis l’accent sur les questions de sécurité, et je le comprends : ces questions sont, plus que jamais cruciales.

Je pense utile sur ce point de dire que, tout comme ils font des promesses vaines aux allures de semaine des quatre jeudis, les opposants à Netanyahou sont dangereux pour la sécurité du pays, et, ou bien sont des imbéciles, ou bien prennent ceux qui les écoutent pour des imbéciles.

Cet article vous a intéressé ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.

Je pense utile de dire en tant que géopolitologue que le discours des opposants à Netanyahou est porteur de dimensions très délétères. Ils semblent faire confiance à Obama pour négocier un « bon accord » avec l’Iran et éviter le passage de celui-ci au nucléaire militaire : ils n’ont sans doute pas lu les éléments divulgués de l’accord en voie de ratification et n’ont sans doute pas vu qu’il peut être qualifié de capitulation. Ils n’ont pas vu vraisemblablement que, discernant l’opposition du Congrès, Obama entend contourner celui-ci en voulant faire de l’accord qu’il est en train de passer une motion à faire adopter au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Obama veut un Iran doté de l’arme nucléaire et hégémonique sur la région. Les Européens le suivent, tout comme la Chine et la Russie.

Ils semblent penser que le « processus de paix » peut redémarrer et qu’il y a un « partenaire pour la paix » chez les « Palestiniens ». Ils n’ont sans doute pas remarqué que le « processus de paix », depuis les accords d’Oslo n’a cessé d’être un processus de guerre, qui, sous la forme du terrorisme, a fait plus de mille cinq cent morts, et sous forme diplomatique a conduit à la reconnaissance croissante d’un « Etat palestinien » qui ne cherche aucunement la paix, mais poursuit systématiquement la délégitimation internationale d’Israël, et n’entend s’arrêter qu’une fois obtenue la destruction d’Israël.

Les prochaines étapes sont des motions anti-israéliennes déposées au Conseil de Sécurité susdit, avec l’appui des Européens, et, sans doute, la bienveillance d’Obama, et des plaintes contre Israël déposées à la Cour Pénale Internationale. Les opposants à Netanyahou veulent faire la paix avec des gens qui ne veulent pas la paix et veulent la guerre par tous les moyens disponibles, et la diplomatie et la propagande sont des moyens très disponibles. Les opposants à Netanyahou sont face à des gens pour qui tout ce qu’ils ont arraché à Israël est à eux, et pour qui tout ce qui est encore à Israël devrait être à eux. Ils sont face à des gens qui ne négocient rien et qui veulent tout. Pour citer Winston Churchill une fois encore, ils choisissent le déshonneur pour ne pas avoir la guerre, ils ont le déshonneur, et ils auront la guerre, sous forme de défaite pour Israël. Le plus triste est qu’ils parviennent à entraîner des anciens militaires et responsables de services de sécurité sur leur opération aux allures de Titanic en route vers l’iceberg.

Les opposants à Netanyahou pensent qu’ils peuvent remédier aux tensions entre Israël et les dirigeants européens, et entre Israël et l’administration Obama. Ils n’ont pas encore discerné, semble-t-il, que les dirigeants européens et l’administration Obama veulent la mort d’Israël et s’accomoderont, en attendant, des « frontières d’Auschwitz » évoquées autrefois par Abba Eban. Qu’ils entendent occuper la place du mort est leur affaire, qu’ils s’efforcent d’entrainer leur pays avec eux est criminel.

Je veux penser que les opposants à Netanyahou, même s’ils paraissaient l’emporter ne pourront former une majorité et que Netanyahou pourra quand même former une majorité.

Mais un Netanyahou affaibli représenterait une victoire pour tous les ennemis d’Israël sur la planète.

Je ne puis me résoudre à une victoire pour tous les ennemis d’Israël sur la planète.

Je considère les opposants à Netanyahou, à commencer par l’ « Union Sioniste », comme des alliés des ennemis d’Israël, donc comme des ennemis d’Israël.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

Tags: Elections israéliennes