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L’Etat islamique en Irak et au Levant s’est emparé des armes de destruction massives de Saddam Hussein

By 26 juin 2014Etz Be Tzion

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Au rythme où vont les choses, les Français vont bientôt être aussi bien informés que les Russes l’étaient sous Brejnev.

C’est ce que je me suis dit ces derniers jours en parcourant la presse de ce pays pour y trouver, ces derniers temps, des informations concernant de nombreux aspects de la situation en Irak. J’aurais eu plus de chance de trouver une aiguille égarée dans une grange emplie de meules de foin que de trouver une bribe de vérité.

Pour la France, Saddam n’a jamais eu d’armes de destruction massive, donc la fabrique, le gaz moutarde, le sarin, le vx n’existent pas

Rien à ma connaissance n’a été dit en France concernant le fait que l’Etat Islamique en Irak et au Levant s’est emparé de la principale fabrique d’armes de destruction massive (bactériologiques et chimiques) fonctionnant sous Saddam Hussein, al Muthanna, où se trouvaient encore des stocks de gaz moutarde, de sarin et de vx. Et aucune image de l’inspection de cette fabrique par des agents des Nations Unies en 2001 ( ils n’ont, bien sûr, pas tout vu, car ils n’ont vu que ce que Saddam a bien voulu leur montrer) n’a été diffusée. Aucune image de la prise de cette fabrique par l’EIIL n’a été diffusée non plus. Les fragments de la conférence de presse de Jen Psaki, porte parole du Département d’Etat, parlant de la fabrique n’ont pas même été cités. Pour la France, Saddam n’a jamais eu d’armes de destruction massive, donc la fabrique, le gaz moutarde, le sarin, le vx n’existent pas. Merveilleux! Les Français n’auront pas à s’inquiéter.

Rien n’a été dit en France concernant le fait qu’Abu Bakr al Baghdadi, le chef militaire de l’EIIL était prisonnier des troupes américaines, devait être envoyé à Guantanamo, ne l’a pas été et a été relaché en 2009 sur décision d’Obama, bien qu’il soit considéré comme un djihadiste particulièrement dangereux. Strictement rien n’a été dit concernant le fait que des instructeurs américains, sur ordre d’Obama, ont formé les combattants de l’EIIL en Jordanie en 2011 et 2012. Pour la France, Obama ne fait pas d’erreur et n’a pas des comportements étranges vis-à-vis des islamistes. Les Français n’ont pas à s’inquiéter non plus.

A ce degré, ce n’est plus de la malhonnêteté journalistique, c’est autre chose, que je préfère ne pas qualifier, car je ne veux pas être insultant

Quant aux analyses censées accompagner les informations, c’est encore pire. Je lis ici ou là que la France de Jacques Chirac a eu la « sagesse » de ne pas intervenir en Irak et de tenter de sauver la dictature d’un gentil criminel contre l’humanité (le gazage de villages kurdes entiers, les immenses charniers découverts à la chute de Saddam ont été oubliés, les liens de Saddam avec le terrorisme islamique, exposés en détail à l’époque dans un livre de Stephen Hayes, The Connection: How al Qaeda’s Collaboration with Saddam Hussein Has Endangered America*, ont été oubliés aussi). Je lis que la situation actuelle en Irak est le résultat de l’intervention américaine entre 2003 et 2008. Le « surge » de 2007-2008 est escamoté (personne en France n’a lu des livres tels In the Wake of the Surge*, de Michael Totten). Le fait que l’Irak fin 2008 était un pays stable, sans attentats, allié du monde occidental est totalement passé sous silence. Les erreurs commises sous George W Bush sont soulignées à gros traits et la décision catastrophique prise par Obama de retirer toutes les troupes américaines d’Irak fin 2011 est, moyennant déformations grossières de la réalité, attribuée à Bush, bien sûr. Le fait qu’Obama se rapproche de l’Iran est présenté comme une bonne chose. A ce degré, ce n’est plus de la malhonnêteté journalistique, c’est autre chose, que je préfère ne pas qualifier, car je ne veux pas être insultant.

La réalité est que George W Bush, en 2007, avait énoncé très clairement et très précisément ce qui se passerait si les Etats Unis se retiraient totalement d’Irak, donc ce qui se passe présentement.

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La réalité est qu’Obama a favorisé la montée en puissance de l’EIIL en Syrie, a non seulement retiré toutes les troupes d’Irak fin 2011, mais retiré aussi au même moment les moyens de surveillance dont disposait l’armée américaine en Irak.

La réalité est qu’Obama a laissé le gouvernement Maliki tomber sous la coupe de l’Iran et l’a laissé se débrouiller avec une armée irakienne privée des moyens de surveillance dont l’armée américaine lui permettait de disposer. L’Iran a poussé ensuite Maliki à des purges anti-sunnites dans l’armée irakienne, ce qui a achevé de la désorganiser et a poussé les sunnites, ralliés au gouvernement de Bagdad au moment de la présence américaine, à la défiance.

La réalité est qu’aujourd’hui, l’EIIL s’est dotée d’un quasi Etat qui va d’Alep à Mossoul et aux portes de Bagdad. La réalité est que ce quasi Etat s’est emparé, outre les restes des armes de destruction massive de Saddam (Jen Psaki a dit qu’elles étaient détériorées et ne pouvaient être manipulées de manière sûre, ce qui est censé être rassurant), de moyens financiers considérables, d’armes de guerre très sophistiquées et de ressources énergétiques.

La réalité est que ce quasi Etat est bien plus puissant qu’al Qaida l’a jamais été, a pour objectif de déstabiliser d’autres pays sunnites, à commencer par la Jordanie, et de s’en prendre à Israël et à l’Occident.

La réalité est que ce quasi Etat a présentement en stage de formation environ trois mille Musulmans disposant de passeports occidentaux dans divers camps d’entrainement. Donc trois mille potentiels Mehdi Nemmouche (au mieux), de trois mille Mohamed Atta (au pire).

La réalité est que l’Iran entend préserver un pouvoir chiite à Bagdad et dans les régions chiites d’Irak, comme il entend préserver un pouvoir alaouite à Damas et dans l’Ouest de la Syrie, mais s’accommode très bien de l’EIIL. En insistant sur l’opposition sunnites chiites, on oublie l’opposition bien plus importante entre islamistes et musulmans du statu quo. L’Iran finançait et soutenait al Qaida. l’Iran finance l’EIIL, qui n’est pas en guerre avec l’Iran, et au sein de laquelle un certain général Qassem Suleimani, dirigeant des Gardes révolutionnaires iraniens, proconsul de l’Iran à Bagdad, joue le rôle d’éminence grise. L’Iran soutient à nouveau le Hamas. La Turquie d’Erdogan soutient l’EIIL. Et l’EIIL a des liens avec les mouvements djihadistes au Yemen, en Libye, en Afrique subsaharienne. L’islam radical ne s’est jamais aussi bien porté.

L’Arabie Saoudite tente d’influencer financièrement l’EIIL, sans grands résultats. La Jordanie est dans la ligne de mire. Le président Sissi en Egypte aura fort à faire pour stabiliser le pays. Obama entend laisser l’Iran avancer jusqu’aux portes de l’arme atomique, donc jusqu’à l’arme atomique.

Obama envoie présentement trois cent hommes en Irak. Pour rien. Ce sera très insuffisant. L’Irak sera partagé entre djihadistes de l’EIIL à la solde de l’Iran et islamistes à la solde de l’Iran. En attendant la suite…. Y aura-t-il des bombardements des positions de l’EIIL? C’est loin d’être certain. Ce serait se placer du côté de l’Iran. Ne pas bombarder? Ce serait aussi se placer du côté de l’Iran. Obama est du côté de l’Iran : il parle, gesticule, tente de brouiller les pistes, c’est tout. Seuls les Kurdes peuvent préserver un morceau de territoire non djihadiste et non islamiste en Irak, et encore le feront-ils avec l’assentiment de l’Iran… Le mot « désastre » pour qualifier tout cela est bien faible…

J’ai insisté en filigrane sur le danger terroriste qui monte ainsi. Devrais-je parler aussi du pétrole? L’Europe dépend bien plus du pétrole du Proche Orient que les Etats Unis, et va subir les effets de tout cela: pétrole iranien plus pétrole irakien égale dépendance accrue et, donc, asservissement accru, d’autant plus que le pétrole libyen ne coule plus. Devrais- je parler de la Russie, alliée de l’Iran, et qui tire tous les bénéfices de la situation actuelle, avec la hausse du prix des matières premières énergétiques et la prééminence accrue de l’islamisme chiite cachée derrière l’EIIL?

Qui suis-je pour dire ce que je dis, me répondrez vous peut être. La réalité n’existe pas, c’est vrai. Les Français sont très bien informés. Des spécialistes de la spécialité veillent. Moi, je n’ai aucune qualification. J’ai juste décrit dans deux livres successifs tout ce qu’Obama allait faire pendant que des spécialistes de la spécialité s’extasiaient devant leur nouvelle idole. Obama a fait tout ce que j’avais dit qu’il ferait. Les spécialistes de la spécialité ont dit n’importe quoi et se sont trompés. Je ne me suis pas trompé. Mais dans un pays où la réalité n’existe pas, je ne peux pas être un spécialiste de la spécialité.

Je ne m’étais pas trompé non plus en parlant des armes de destruction massive de Saddam Hussein, il y a dix ans. Je n’étais déjà pas un spécialiste de la spécialité.

J’aurais du le savoir. La réalité n’existe pas en France.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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Lève-toi ! / Etz Be-Tzion
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