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L’étau se resserre : Obama a t-il utilisé le FBI pour espionner puis détruire Trump? Dreuz

By 1 janvier 2018Monde
PUBLIÉ PAR MAGALI MARC LE 1 JANVIER 2018

Lee Smith, du magazine en ligne Tablet, a fait une enquête minutieuse pour établir les faits concernant le fameux dossier Steele, censé prouver la collusion entre le candidat à la présidentielle Donald Trump et les pirates informatiques russes.

Smith estime que ce dossier Steele a probablement servi à Obama pour tenter de battre et délégitimer Trump s’il emportait l’élection.

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Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit ce long article qui reprend systématiquement des informations éparses dans les médias de masse depuis 2016. 

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Le président Obama a-t-il lu le «Dossier Steele»
à la Maison-Blanche en août 2016 ?

Pourquoi la chronologie du rapport scandaleux qui a alimenté le «Russiagate» est importante.

Jusqu’à aujourd’hui, l’enquête concernant le scandale de la collusion (NDT : de Trump avec les Russes) fabriqué par Fusion GPS s’est concentrée en grande partie sur l’entreprise elle-même, ses alliés dans la presse, ainsi que sur les contacts au ministère de la Justice et au FBI.

Toutefois, si un président en exercice a utilisé les instruments de l’État, y compris les services de renseignements, afin de disséminer et légitimer une enquête de campagne (NDT l’«opposition research» est une pratique courante aux États Unis. En campagne électorale, un parti cherche des informations sur un adversaire, susceptibles de le discréditer ou de l’affaiblir) et obtenir d’abord des mandats pour espionner la campagne de l’autre parti, puis délégitimer les résultats d’une élection une fois que le candidat de l’autre parti a gagné ; ce que nous avons est un scandale qui éclipse le Watergate – l’histoire non pas d’un méchant à la Maison-Blanche, mais de la subversion des services de sécurité chargés de protéger les éléments fondamentaux du processus démocratique, tout en agissant dans l’ombre.

Une enquête de Tablet*, utilisant des sources gouvernementales afin de retracer l’évolution du dossier désormais célèbre, suggère que les éléments centraux du scandale du Russiagate ne sont pas issus des «sources» ultra-secrètes du gouvernement russe trouvées par l’ex-espion britannique, Christopher Steele – peu susceptibles de toute façon d’avoir échappé au contrôle du gouvernement russe- , mais viennent d’une série d’articles que Glenn Simpson, co-fondateur de Fusion GPS et son épouse Mary Jacoby ont co-écrit pour le Wall Street Journal bien avant que Fusion GPS ne soit créée, alors que Donald Trump n’était qu’un millionnaire de l’immobilier à la langue bien pendue parmi d’autres à Manhattan.

Il est particulièrement important de comprendre les origines du «dossier Steele» en raison de ce qu’il nous dit sur la nature et le fonctionnement de la campagne menée dans le fol espoir de ses instigateurs d’en arriver à destituer le président élu des États-Unis.

Pourtant, l’implication des responsables du renseignement – et d’un président en fonction- dans une telle campagne devrait causer l’effroi même de ceux qui méprisent Trump et s’opposent à toutes ses politiques, surtout à une époque où les possibilités de tels abus ont été multipliées par le pouvoir des tribunaux secrets, par la surveillance à grande échelle, et par la création centralisée et le contrôle des reportages qui circulent dans les médias sociaux tout en étant nourris par la sphère protégée de la bureaucratie fédérale.

Dans un post Facebook du 24 juin 2017, que Tablet a vu dans des captures d’écran, Jacoby a affirmé que c’est à son mari que revient tout le mérite du Russiagate. (Elle n’a pas répondu à nos demandes répétées de commentaires.)

«Il a été porté à mon attention que certaines personnes ne réalisent toujours pas quel a été le rôle joué par Glenn qui a exposé le contrôle exercé par Poutine sur Donald Trump», a écrit Jacoby.

«Soyons clairs. Glenn a mené l’enquête. Glenn a embauché Chris Steele. Chris Steele a travaillé pour Glenn.»

Cette affirmation n’est pas une simple expression de fierté familiale, elle traite directement de la nature de ce qu’on a appelé le «dossier Steele», sur lequel se fonde le récit du Russiagate. Le fait que Jacoby soit une journaliste qui partage souvent des liens avec son mari au Wall Street Journal est une autre raison de prendre son message sur Facebook au sérieux.

La révélation de la semaine dernière selon laquelle Simpson aurait embauché Nellie Ohr, la femme du fonctionnaire du ministère de la Justice, Bruce Ohr, afin de travailler sur le dossier vient certainement à l’appui de l’affirmation implicite de Jacoby qui pense que le rôle de Steele dans la compilation du dossier a été exagéré.

Nellie Ohr, qui détient un doctorat de Stanford, est une experte de la Russie, et elle semble parler couramment la langue. Peut-être a-t-elle mené des interviews avec, ou même au lieu de, l’ex-espion britannique grâce auquel le fameux dossier de recherche d’opposition a pu être présenté comme émanant des services de renseignement. Peut-être a-t-elle écrit des parties du dossier ou même le dossier au complet.

En tout cas, l’histoire du «dossier Steele» ne commence pas à l’été 2016 avec Christopher Steele ou Nellie Ohr ; il commence avec un reportage que Glenn Simpson et Mary Jacoby ont co-écrit pour le Wall Street Journal et qui est daté du 17 avril 2007.

quand les responsables de la campagne présidentielle de Trump ont nommé Paul Manafort comme directeur de campagne, le 28 mars 2016, vous pouvez parier que les yeux de Simpson et Jacoby se sont allumés.

L’article intitulé : «Comment les lobbyistes aident les ex-soviétiques à courtiser Washington» détaille comment les Républicains, y compris le candidat présidentiel républicain en 1996, Robert Dole, ont ouvert grandes les portes de la capitale américaine aux oligarques affiliés au Kremlin et à d’autres amis de Vladimir Poutine.

Parmi ces amis de Poutine, il y avait Viktor Ianoukovitch, qui est devenu président de l’Ukraine en 2010.

Selon l’article, l’un des riches protecteurs de Ianoukovitch payait un lobbyiste nommé Paul Manafort afin qu’il soit présenté aux personnages influents de Washington DC, y compris à l’ancien vice-président, Dick Cheney. Manafort figurait en bonne place dans le reportage.

Un an plus tard, quand Simpson et Jacoby ont découvert qu’un consultant de la campagne présidentielle de 2008 de John McCain travaillait avec Ianoukovitch, ils ne pouvaient guère être surpris de trouver Paul Manafort impliqué dans un nouveau scandale.

Comme ils l’ont rapporté dans un autre article du Wall Street Journal daté du 14 mai 2008, Davis Manafort, la firme de lobbying de Manafort, accompagnait Ianoukovitch lors de son séjour à Washington. Ainsi, en 2006, Manafort l’a accompagné lors d’un petit déjeuner avec les journalistes à l’Hôtel Willard.

Simpson et Jacoby avaient identifié Manafort comme un type louche de classe mondiale et ils avaient raison.

Diplômé en droit de Georgetown, faisant habilement son chemin dans les milieux du Parti Républicain depuis la campagne de Reagan, Manafort a utilisé ses talents et ses relations pour se faire rémunérer par des personnes peu recommandables.

J’ajouterai seulement que, d’après mon expérience personnelle, les journalistes n’ont pas l’habitude d’oublier les grands reportages qu’ils ont écrits, en particulier ceux centrés sur un personnage comme Manafort.

Alors, quand les responsables de la campagne présidentielle de Trump ont nommé Paul Manafort comme directeur de campagne, le 28 mars 2016, vous pouvez parier que les yeux de Simpson et Jacoby se sont allumés.

En l’occurrence, au moment même où Trump embauchait Manafort, Fusion GPS était en négociation avec Perkins Coie, le cabinet d’avocats représentant la campagne d’Hillary Clinton et le DNC (le Comité national démocrate), pour voir s’il y avait un intérêt à poursuivre l’enquête d’opposition de la campagne de Trump déjà commencée pour le Washington Free Beacon.

En plus des arguments de Simpson sur Manafort, la campagne de Clinton avait ses propres raisons de croire que la recherche sur les relations louches de Manafort pourrait rapporter de réels dividendes politiques : Alexandra Chalupa, consultante démocrate et militante américano-ukrainienne, avait mis au courant les responsables de la campagne de Clinton au sujet du travail de Manafort pour Ianoukovitch. «J’ai signalé au DNC l’importance que représentait son embauche», a déclaré Chalupa à CNN en juillet dernier.

Peut-être était-ce cet alignement des planètes qui a contribué à conclure l’affaire. Selon une lettre de Perkins Coie datée du 24 octobre 2017, l’entreprise a fait appel à Fusion GPS pour poursuivre ses recherches en avril, peu après l’embauche de Manafort par Trump.

À partir du moment où vous comprenez que Glenn Simpson savait exactement qui était Paul Manafort, il est impossible de ne pas remarquer comment l’ancien journaliste a fait preuve de créativité et d’astuce afin de monter un dossier, utilisant la notoriété de Poutine pour attirer l’attention sur la corruption qu’il avait documentée dans ses reportages.

«L’ex-président ukrainien Ianoukovitch confie directement à Poutine qu’il a autorisé des paiements de rétrocession à Manafort, comme le prétendent les médias occidentaux», rapporte le dossier. «Il assure le président russe qu’il n’y a pas de preuve/de piste documentaire.»

C’est comme si Simpson avait accroché un panneau «Frappez-moi» sur Manafort pour encourager un procureur à trouver la «preuve/piste documentaire» qui, en fait, existait.

Effectivement, le conseiller spécial pour l’enquête sur la collision avec les Russes, Robert Mueller, l’a trouvé. Son acte d’accusation d’octobre 2017 impute à Manafort des millions de blanchiment d’argent provenant de Ianoukovitch. La relation de Manafort avec Ianoukovitch était largement connue dans les cercles politiques ukrainiens, ainsi que chez le frère du responsable de la campagne de Clinton John Podesta, Tony Podesta, qui travaillait directement pour Manafort lorsque ce dernier représentait Ianoukovitch.

Une autre accusation dans la mise en examen de Mueller contre Manafort est qu’en faisant du lobbying auprès des autorités américaines au nom de l’Ukraine, il n’a pas pris la peine de s’enregistrer en tant qu’agent étranger. Le fait qu’il ne l’ait pas fait même après que Simpson et Jacoby l’aient signalé publiquement dix ans auparavant, à deux reprises, pour son travail avec Ianoukovitch, est un détail important car il suggère que Manafort n’était pas juste corrompu et trompeur mais affichait une arrogance à la limite de la sociopathie – qui est le genre de caractéristique personnelle qu’aucun journaliste attentif ne risque de rater, et qui devrait contribuer à disqualifier quelqu’un d’un rôle dans la vie publique américaine.

Il est juste de parier que nous tous, y compris – et surtout – les partisans de Trump, devons à Simpson et Jacoby des remerciements pour avoir débarrassé la politique américaine de Paul Manafort.

C’est peut-être ainsi que Simpson avait imaginé ce qui allait devenir le «Dossier Steele», une façon de clouer au pilori Paul Manafort, qui était clairement et ouvertement un très mauvais sujet.

Mais si le salissage de Manafort par Simpson donnait à l’enquête d’opposition une cible claire – les liens possibles de Trump avec la Russie, à travers son directeur de campagne apparemment malhonnête et sociopathe– cette question ne semblait pas faire partie des objectifs de Fusion GPS qui en savait beaucoup sur la Russie, le pays qui était le sujet apparent de ses recherches.

Il est difficile de concevoir que Fusion GPS aurait accepté un projet venant d’individus pro-Kremlin pour saper une loi américaine, la loi Magnitsky, en même temps qu’il était payé par la campagne d’Hillary Clinton et le DNC afin d’établir des liens entre Trump et ces individus pro-Kremlin. Peut-être que Christopher Steele a été embauché pour déguiser cette contradiction apparente.

En juin, trois mois après avoir été embauché par les avocats pour la campagne de Clinton et du DNC, Simpson avait fait venir Steele – mais ce dernier n’avait pas vécu ou travaillé en Russie depuis près de 25 ans.

Ayant été identifié comme un espion britannique qui avait dirigé le bureau russe du M16 lorsque des assassins russes ont tué le transfuge du FSB Alexandre Litvinenko dans un restaurant de sushis de la capitale britannique, Steele n’était guère en mesure de faire des recherches discrètement.

Pourtant, Simpson a dû penser que le nom de Steele serait au moins utile pour faire circuler les informations que son entreprise avait amassées. Selon les témoignages, Steele entretenait de bonnes relations avec le FBI et les journalistes adorent les espions qui révèlent des secrets.

Nellie Ohr, la prochaine recrue de Fusion, parlait russe et écrivait assez bien pour publier dans des revues spécialisées. Mais elle n’avait pas non plus vécu en Russie pendant des décennies, et elle n’était pas une espionne, ni même une journaliste. Dans cet univers, elle était certainement une amateure.

Suivant tout ce qui précède, il est vraisemblable qu’une grande partie du dossier était truffé du genre de bobards que les locaux des sociétés fermées ou semi-fermées racontent afin d’impressionner les expatriés – le genre de chose que vous entendez dans un bar, ou sur le trajet en taxi de l’aéroport à l’hôtel du genre : «Alors vous me dites que ce type, Carter Page, dont presque personne à Moscou n’a entendu parler, s’est vu offrir une participation de 19% dans Rosneft d’une valeur de 10 milliards de dollars– à condition que Trump lève les sanctions contre la Russie ? Da ! Certains disent même 21 pour cent.»

Le fait que Fusion GPS avait peu d’informations sur les agissements secrets des Russes, nonobstant les tractations de Trump en Russie, est, en partie, le résultat de l’état lamentable de l’expertise du gouvernement américain et de son manque de perspicacité concernant un pays, tourné en dérision depuis vingt ans et décrit comme bon à mettre au rancart. Le président Obama, pendant la campagne de 2012, décrivait la menace russe comme étant surtout le fruit de l’imagination américaine depuis la fin de la Guerre Froide.

Les Américains doivent concentrer leurs efforts de renseignement sur d’autres cibles : la poursuite des terroristes, l’espionnage des alliés supposés de l’Amérique, ou l’organisation d’une lutte pour le pouvoir à Téhéran entre durs et modérés.

Obama avait estimé que le retour à la case départ (reset) avec la Russie était une priorité de sa politique étrangère, et qu’il avait besoin du soutien de Vladimir Poutine concernant les sanctions contre l’Iran. Plus tard, il avait estimé avoir besoin de Poutine pour s’assurer que l’accord iranien soit conclu. Se mêler de trop près à l’entourage de Poutine risquait de causer des problèmes plutôt que d’en résoudre. En conséquence, même les meilleurs espions américains ne savaient que très peu de choses sur ce qui se passait en Russie.

Certains observateurs bien placés considéraient ce vide comme une menace potentielle. Le président du Comité permanent de la Chambre sur le renseignement (NDT : le House Permanent Select Committee on Intelligence ou HPSCI) l’a dit, juste au moment où la campagne de Clinton et le DNC engageaient Fusion GPS pour enquêter sur les liens de Manafort et de Trump en Russie.

En tant que président du HPSCI, Devin Nunes [prononcer Nunès] (NDT : un Républicain élu en Californie à la Chambre des Représentants), fait partie de la bande des huit, les quatre membres du Congrès et les quatre sénateurs qui supervisent l’ensemble de la communauté du renseignement, et savent quels sont les secrets dont le public américain n’a pas connaissance.

Nunes a déclaré à CNN le 12 avril 2016, soit plusieurs mois avant que le récit du «Russiagate» ne soit rendu public, que lorsqu’il s’agit de la Russie, les États-Unis y vont à l’aveuglette.

Il serait difficile de contester l’évaluation de Nunes. La communauté du renseignement américaine a été surprise par la prise de contrôle de la Crimée par Poutine.

Lorsque la Russie a intensifié sa présence militaire en Syrie à la fin de l’été 2015, les services secrets américains ont été de nouveau pris au dépourvu – même si Moscou envoyait des troupes et des armes à travers le Bosphore, une voie navigable contrôlée par un membre de l’OTAN.

«Le plus grand échec du renseignement que nous ayons eu depuis le 11 septembre», a déclaré Nunes à Jake Tapper, «a été notre incapacité à prédire les projets du leadership et les intentions du régime Poutine en Russie».

Il n’est donc pas surprenant que la communauté du renseignement n’ait pas identifié immédiatement la Russie comme responsable du piratage des courriels du Comité National Démocrate (DNC). Au lieu de cela, c’est le DNC lui-même et la campagne de Clinton qui ont pointé les Russes du doigt.

Après avoir découvert une activité de réseau inhabituelle à la fin d’avril 2016, un cadre du DNC a appelé un avocat du comité chez Perkins Coie, qui les a mis en contact avec CrowdStrike (une compagnie qui s’occupe de cybersécurité).

C’est CrowdStrike qui a d’abord dit que les acteurs étatiques russes étaient derrière le piratage et les ont transmis à Wikileaks. Après la publication des courriels le 22 juillet 2016, le chef de campagne de Clinton, Robby Mook, a déclaré à ABC News que «certains experts nous disent maintenant que le piratage a été fait par les Russes dans le but d’aider Donald Trump».

Quels experts ? Les experts en technologie de CrowdStrike pouvaient dire qui a fait quelque chose mais non pas dans quel but.

Mook n’a pas nommé les soi-disant «experts» qui l’avaient mis au courant des intentions de la Russie – mais la campagne des Démocrates d’Hillary Clinton avait mis sous contrat une entreprise d’investigation des opposants qui était en train de monter un dossier dans lequel il était dit que les Russes voulaient faire élire Donald Trump.

Puisque Steele a écrit le premier mémo du dossier un mois avant le commentaire de Mook, soit le 20 juin 2016, il semble juste de supposer que Mook avait saisi dans quel sens irait le dossier payé par la campagne d’Hillary et que ses prétentions concernant les interférences de la Russie étaient la première allusion publique à ce dossier.

Un porte-parole du FBI déclara que le bureau examinerait la violation de confidentialité mais sans indiquer s’il allait aussi enquêter sur les motifs politiques possibles du piratage.

C’est pourtant à la même époque, vers la fin du mois de juillet 2016, que le FBI a ouvert une enquête sur une possible collusion entre les responsables de la campagne de Donald Trump et des agents russes.

Selon le New York Times, «seulement une douzaine de personnes au FBI étaient au courant de l’enquête», y compris le directeur James Comey et Peter Strzok, qui avait été choisi pour superviser l’enquête.

Dans un article posté sur Facebook, Mary Jacoby accusait le FBI d’incompétence. Dans cet article sur Facebook, elle qualifiait d’«ignoble» l’article du New York Times daté du 31 octobre 2016, intitulé : «Enquête sur la Russie, le FBI ne voit aucun lien évident avec Trump», qui blanchissait Trump de tous liens avec le gouvernement de Poutine. «Cet article bidon du NYT a eu beaucoup d’effet juste avant l’élection», écrivait Jacoby. «Circulez, il n’y a rien à voir…»

Contrairement au FBI, selon Jacoby, la CIA «a sauté sur dossier et s’est immédiatement mise au travail pour le vérifier. En août 2016, la CIA avait déjà vérifié la principale conclusion du dossier au point que, comme le révélait le Washington Post, l’Agence tenait des réunions top-secrètes avec Obama au sujet de ces informations à diffusion restreinte».

Comment ? L’ancien directeur de la CIA, John Brennan, a témoigné devant le House Intelligence Committee en mai 2017 que le dossier Steele «ne faisait pas partie du corpus d’informations secrètes que nous avions… il n’a pas été utilisé comme fondement.» mais Jacoby dit qu’il l’a apporté au président Obama ?

Il semble que la femme de Glenn Simpson était dans le vrai.

En avril 2017, le New York Times a rapporté qu’à l’été 2016, Brennan était si préoccupé par les efforts russes pour aider Trump qu’il en a informé les législateurs les plus éminents, y compris le leader de la majorité au Sénat, Harry Reid. «Dans le briefing d’août pour M. Reid», a rapporté le Times, «M. Brennan a indiqué que la CIA, concentrée sur les renseignements étrangers, était limitée dans sa capacité juridique d’enquêter sur les liens possibles avec M. Trump.»

Ce briefing a incité Reid à écrire une lettre publique au FBI, l’agence responsable de la collecte de renseignement à l’intérieur des États-Unis.

Le 29 août 2016, M. Reid a écrit au directeur du FBI, James Comey, que la menace d’ingérence russe allait «plus loin qu’on ne le pense généralement et pourrait inclure l’intention de falsifier les résultats officiels des élections». L’interview du New York Times lui avait fait craindre que «l’objectif du président Vladimir Poutine était de falsifier cette élection».

Le dossier était-il la source de cette information explosive ?

En octobre 2016, peu après que Comey ait rouvert l’enquête sur les courriels d’Hillary Clinton, Reid a écrit une autre lettre publique au chef du FBI. Elle était encore plus brûlante – Reid était furieux que Comey ait semblé faire porter la pression sur Hillary Clinton tout en laissant Trump en réchapper.

«Lors de mes communications avec vous et avec d’autres hauts responsables de la sécurité nationale», écrivait Reid, «il est devenu clair que vous possédez des informations explosives sur les liens étroits et la coordination entre Donald Trump, ses meilleurs conseillers et le gouvernement russe. Un gouvernement ouvertement hostile aux États-Unis, que Trump louange chaque fois qu’il en a l’occasion», a-t-il déclaré.

«Je vous ai écrit il y a des mois pour demander que cette information soit rendue publique… et pourtant, vous continuez à résister aux appels pour informer le public de cette information critique.»

De quelles «informations» Reid parlait-il ?

Selon l’article de David Corn, paru dans Mother Jones du 31 octobre 2016, le législateur du Nevada faisait allusion aux conclusions d’«un ancien officier supérieur des services de renseignement d’un pays occidental spécialisé dans le contre-espionnage russe».

Corn expliquait en octobre 2017 que cet ancien agent secret – qui a passé presque deux décennies sur les questions de renseignement russe et qui travaille maintenant avec une société américaine et recueille des informations sur la Russie pour des entreprises clientes» se nomme Christopher Steele.

Selon M. Corn, M. Steele a déclaré que «ces derniers mois, il a fourni au bureau des notes, basées sur ses récentes interactions avec des sources russes, affirmant que le gouvernement russe a essayé pendant des années de coopter et d’aider Trump».

Il semble que Brennan informait Reid de l’existence du «dossier Steele».

Il est difficile de ne pas ressentir de la sympathie pour Comey dans cette situation. Il essayait de jongler en même temps avec un trop grand nombre de balles.

Il avait ouvert une enquête sur Clinton, les emails, et Trump, ses liens possibles avec la Russie, tout en tâchant de maintenir le FBI sur la droite ligne. En plus de cela, il avait sur le dos le chef de la majorité au Sénat qui le harcelait publiquement, l’accusant de ne pas avoir publié de documents que le directeur du FBI appellera plus tard «salaces et non vérifiés».

Comey a sûrement supposé que Brennan avait convaincu Reid d’écrire la lettre – et pire encore, il savait que son homologue de Langley en parlait avec leur patron.

En août 2016, la Maison-Blanche avait commencé à convoquer des réunions de haut niveau pour discuter de l’ingérence russe dans les élections.

Selon un article du Washington Post daté du 23 juin 2017, cela a commencé, quand «une enveloppe avec des restrictions de manutention extraordinaires est arrivée à la Maison-Blanche. Envoyé par la CIA, elle contenait des instructions d’accès restreint afin que son contenu soit montré à seulement quatre personnes : le président Barack Obama et trois de ses conseillers de haut-niveau.»

C’est de cet article du Post que Mary Jacoby parlait le lendemain de son apparition. Est-ce que le dossier Steele était dans l’enveloppe ?

«À l’intérieur était une bombe des services secrets», ont écrit Greg Miller, Ellen Nakashima, et Adam Entous du WAPO :

«Un rapport tiré de sources au sein même du gouvernement russe détaillait l’implication directe du président russe Vladimir Poutine dans une cyber-campagne visant à perturber et discréditer la course présidentielle Américaine».

«Mais c’est allé plus loin. Les services secrets ont trouvé les instructions spécifiques de Poutine concernant des objectifs audacieux de l’opération – défaire ou au moins endommager la candidate démocrate, Hillary Clinton, et aider à élire son adversaire, Donald Trump.»

Cela ressemble sûrement au dossier Steele – mais il se pourrait que ce soit un dossier différent, que Brennan ne pouvait pas partager même avec Reid, un autre membre de la bande des huit, qu’il avait déjà informé, semble-t-il, au sujet de ce dossier.

En effet, l’article explique que le «matériel était si sensible que le directeur de la CIA, John O. Brennan, l’avait gardé à l’écart du dossier quotidien du président, préoccupé par le fait que même la distribution de ce rapport restreint était trop large.»

Mais si le matériel était si sensible qu’il devait être tenu à l’écart du dossier quotidien remis au président, et même pas soumis au chef de la majorité au Sénat, comment se fait-il que quelqu’un en avait parlé au Washington Post ?

Les sources et les méthodes sont les joyaux de la couronne de la communauté du renseignement américain. Et pourtant, quelqu’un venait de raconter à un grand journal américain qu’il y avait un «rapport issu de sources au sein même du gouvernement russe… qui faisait état des instructions spécifiques de Poutine.»

Si la CIA avait une source de renseignement humain proche de Poutine, la publication de l’article pouvait exposer cette source et causer des dommages incalculables à la sécurité nationale américaine. Lui et beaucoup de ses proches seraient alors probablement morts de mort horrible.

Ou, comme l’a supposé Mary Jacoby, c’était le travail de son mari qui avait atterri sur le bureau du président.

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

* Tablet est un magazine en ligne juif américain fondé en 2009 par Nextbook.

 

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