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Nir Barkat : les deux camps ont franchi les limites dans leur campagne hostile. Nir Barkat prochain Premier-ministre ? Oui, cent fois !

By 17 septembre 2019Israël & Moyen Orient

Se concentrant sur le programme économique du parti rival plutôt que sur les calomnies, l’ex-maire de Jérusalem du Likud clame que le “socialiste” Kakhol lavan fera reculer le pays

Le député du Likud MK Nir Barkat lors d'une réunion de faction avant la cérémonie de prestation de serment de la nouvelle Knesset, le 30 avril 2019 (Crédit :  Noam Revkin Fenton/Flash90)

Le député du Likud MK Nir Barkat lors d’une réunion de faction avant la cérémonie de prestation de serment de la nouvelle Knesset, le 30 avril 2019 (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

En s’inscrivant aux primaires du Likud, au début de cette année, l’ancien maire de Jérusalem Nir Barkat avait fait part de sa volonté de faire tout ce qui était nécessaire pour aider à la réélection du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Aujourd’hui, le député fraîchement élu à la Knesset admet qu’après neuf mois de campagne, il a découvert les limites de ce qu’il serait capable de faire pour obtenir un gain politique – des limites qui, selon lui, ont été franchies par son parti comme par les autres formations dans leur quête des voix des Israéliens.

« Ce n’est pas ma manière de faire », a indiqué Barkat, dimanche, alors qu’il lui était demandé s’il était satisfait de la campagne agressive et souvent hostile mise en place par Netanyahu. Il a ajouté que les deux parties se rendaient coupables de recourir aux extrêmes.

« Eh bien, je considère que toutes les parties dans ces élections – en avril et aujourd’hui – ont parfois dépassé une limite qui, je pense, devrait être respectée quelles que soient les circonstances », a dit Barkat. « Et par nature, les campagnes donnent lieu à des paroles extrêmes ».

Pendant les cinq mois qui se sont écoulés depuis les élections d’avril – et dans les semaines qui ont également précédé ce scrutin – Netanyahu n’a cessé de salir ses rivaux, diffusant de nombreuses vidéos d’eux bégayant au cours d’interviews ou affichant un profil suspect, avec une musique inquiétante et des voix-off intervenant en arrière-fond.

Il a affublé à tous ceux qui s’opposent à lui – ou qui ont suggéré même qu’ils soutiendraient sa présence à la tête d’un gouvernement d’unité – l’étiquette de « gauchistes » et s’est référé au processus démocratique qui viserait potentiellement à le déchoir de son poste de Premier ministre d’effort visant à le « renverser » ou à « l’abattre ».

En même temps, le chef du gouvernement a renforcé sa rhétorique contre les partis arabes en avertissant que ses adversaires formeraient un « gouvernement arabe de gauche » et a même été sanctionné par Facebook pour avoir disséminé des messages racistes contre les millions de citoyens arabes que compte l’État d’Israël.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (2G) vu avec le maire de Jérusalem Nir Barkat (C) et le ministre de Jérusalem Zeev Elkin (D) lors d’une réunion spéciale du cabinet à Jérusalem le 2 juin 2016. (Marc Israel Sellem/POOL)

Préférant se concentrer plutôt sur l’approche économique différente du Likud et de Kahol lavan, Barkat a déclaré que tandis que sa propre formation « s’est focalisée sur la nécessité d’élargir le gâteau, d’ouvrir les marchés, et nous avons une grande expérience dans ce domaine », ses adversaires offrent « une approche socialiste avec à sa direction un leadership inexpérimenté en matière d’économie ».

Et tout en soulignant qu’il ne croit pas que Benny Gantz, chef de Kakhol lavan, sera en mesure de former une coalition gouvernementale, il a insisté sur le fait qu’indépendamment des résultats électoraux, il ne servirait pas comme ministre dans un gouvernement dirigé par cette formation : « Point final ».

Ce qui suit est une retranscription légèrement révisée de l’entretien qui a eu lieu en hébreu et en anglais.

Times of Israel : Il ne reste que quelques jours avant les élections. Quel est le message que le Likud veut transmettre à la population israélienne au cours de ces dernières journées de campagne ?

Eh bien, je dirais qu’aujourd’hui, nous nous efforçons de parler à ceux qui ne se sont pas encore décidés en leur rappelant que le défi déterminant qu’incarne cette élection est de savoir qui aura la charge de diriger le pays au cours du prochain mandat.

D’un côté, nous avons Netanyahu et le Likud, avec son gouvernement de droite, qui ont engrangé de nombreuses réussites au cours de la décennie qui vient de s’écouler et, de l’autre côté, nous avons des personnalités sans expérience du centre-gauche qui nourrissent des points de vue très différents sur les relations internationales, l’économie et l’intégration de ces éléments au sein de la société.

Les partisans du Premier ministre Benjamin Netanyahu au marché de Mahane Yehuda à Jérusalem, le 13 septembre 2019 (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

Ainsi, la question la plus importante est la suivante : qui voulez-vous à la tête du pays ? Voulez-vous continuer à emprunter la voie sur laquelle nous nous trouvons ou non ? Les discussions que nous avons avec celles et ceux qui ne se sont pas encore décidés dureront probablement jusqu’au dernier jour, jusqu’à mardi.

Le deuxième message que nous avons à transmettre est : allez voter. Le taux de participation électorale sera vraisemblablement significatif en termes de résultats pour ces élections. Alors parvenir à convaincre ceux qui ne sont pas convaincus, ceux qui ne se sont pas décidés, et les persuader d’aller voter sont les deux messages sur lesquels nous travaillons.

Certains disent que la plus importante question de cette élection n’est pas de savoir qui sera le Premier ministre, mais bien de savoir ce que vont devenir les services de base de l’Etat : les systèmes de santé et d’éducation, les transports et les infrastructures – ces choses qui touchent les Israéliens au quotidien – et ce sont des sujets dont nous avons très peu entendu parler au Likud : pas de programme, pas de projet pour les services de santé, pas d’augmentation budgétaire en faveur du ministère de l’Education. Pourquoi ces messages ne figurent-ils pas au menu de la campagne du Likud ?

Je ne pense pas que ce soit le cas. Je pense que quand on fait campagne, on se focalise sur l’ensemble, sur l’essentiel du message, qui est que le Likud soutient une économie libérale, une idéologie qui est très clairement de centre-droit, et les messages que nous transmettons sont lisibles. Si vous regardez rétrospectivement les choses, vous verrez que nous nous sommes concentrés à élargir le gâteau, à ouvrir les marchés et que nous avons beaucoup d’expérience dans ce domaine.

De l’autre côté, Kakhol lavan et la gauche sont socialistes dans leurs approches sous de nombreux, nombreux aspects, et ils se concentrent sur la manière de dépenser l’argent que nous ne possédons pas – alors même que nous nous focalisons sur la nécessité d’élargir le gâteau et d’investir en faveur de l’augmentation du PIB en gérant ensuite le capital dont nous disposons.

C’est une grande différence, elle est fondamentale et de nombreux Israéliens craignent que si nous changeons notre approche libérale, prônée par Netanyahu, pour opter pour une approche socialiste dirigée par un responsable inexpérimenté en matière d’économie comme Avi Nissenkorn [ancien chef du syndicat de la Histadrout et actuel député Kakhol lavan], le pays ne soit amené à régresser.

Un panneau de campagne électorale pour le Likud montre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président américain Donald Trump faisant face à un panneau de la circulation aux abords de l’implantation d’Ofra, au nord de Ramallah, en Cisjordanie, le 11 septembre 2019 (Crédit : AP Photo/Nasser Nasser)

Nous nous consacrons à cela. Personnellement, en tant qu’entrepreneur, en tant que maire de Jérusalem et personnalité des affaires ayant de l’expérience, il est indubitable, dans mon esprit, que notre message et notre approche sont les bons – en particulier d’un point de vue économique.

Avant les élections d’avril et encore maintenant, des critiques se sont fait entendre sur la tonalité de certaines campagnes, en particulier celle du Likud, dont on a dit qu’elle avait été excessivement hostile et qu’elle avait entraîné des divisions en délégitimant les adversaires politiques et en se focalisant sur la forme plutôt que sur le fond. Êtes-vous satisfait de la manière dont a été dirigée la campagne du Likud ?

Je pense globalement que tous les partis en lice dans ces élections – au mois d’avril et aujourd’hui – ont, si vous me le demandez, franchi une limite qui, à mon avis, aurait dû être respectée, quelles que soient les circonstances. Et la nature même des campagnes électorales est de porter son message à l’extrême. Ce n’est pas ma manière de faire, mais cela a été fait par les deux camps.

Je pense que Kakhol lavan, à gauche, n’a pas beaucoup à offrir aujourd’hui. Ainsi, son attitude globale, c’est de l’anti-Bibi et des tentatives visant à faire le procès du Premier ministre Netanyahu, à le salir… Peut-être que le dénominateur commun à la gauche de la sphère politique israélienne, c’est la haine à l’égard de Netanyahu et c’est quelque chose qui conduit immanquablement le centre-droit à riposter.

Le leader de Kakhol lavan Benny Gantz lors d’un rassemblement de campagne à Tel Aviv, le 15 septembre 2019 (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

J’espère – et je crois aussi – que la bonne chose à faire est de vraiment comparer les deux approches différentes. La nôtre qui, je le répète, est très forte au sujet de l’ouverture aux marchés internationaux et du travail de proximité avec les dirigeants internationaux, ce que Netanyahu a fait, est liée de manière déterminante à une économie de marché ouverte et libérale et à une sécurité vigoureuse.

L’autre camp n’a pas la capacité de convaincre le public israélien de ce qu’il a à lui offrir, et tous se concentrent sur une campagne très négative à l’encontre de Netanyahu.

Et, une fois encore, il s’avère que certains franchissent les limites et, quand ils le font, ça me met mal à l’aise – mais c’est la nature même de la campagne.

Avec cette « nature de campagne » et le discours public clivant, certains disent qu’après le scrutin, la meilleure chose, pour les citoyens israéliens, serait la formation d’un gouvernement d’unité nationale pour tenter de guérir les divisions. Pourquoi un gouvernement d’unité nationale n’est-il pas une option ?

Parce que je pense que nous avons besoin d’un gouvernement de droite très fort avec une position très claire sur la manière dont nous devrons travailler avec nos voisins, sur la manière d’intégrer les défis israéliens. Et donc, en tant que membre du Likud, je voudrais voir avant tout un gouvernement de droite – puis, je serais heureux de voir si nous pouvons élargir le cercle. Les personnalités de gauche, je veux parler de Kakhol lavan, ne seront pas en mesure d’arriver au pouvoir à moins de rejoindre le Likud.

Ainsi, de leur point de vue, il n’y a qu’une seule option – celle d’un gouvernement d’unité. Mais de notre point de vue à nous, la première et seule option, c’est d’abord la formation d’un gouvernement de droite – puis un élargissement du cercle pour voir si d’autres, nombreux, peuvent s’aligner sur notre vision des choses. C’est une possibilité qui sera sur la table – mais pas en prenant la place de nos partenaires de droite.

Y a-t-il d’ores et déjà des efforts en cours pour explorer ces possibilités de voir d’autres députés, venus d’autres partis, traverser les lignes ?

Le Likud dit très clairement que nous devrions accepter que des formations supplémentaires viennent rejoindre le gouvernement de droite placé sous l’autorité de Netanyahu.

Malheureusement, on a entendu Kakhol lavan et d’autres, si défavorables à Netanyahu, déclarer qu’ils ne rejoindraient jamais un gouvernement Netanyahu. Avec un peu de chance, ils adouciront leurs propos publics après le scrutin et nous également, si nous pouvons créer le lien et calmer l’animosité qui règne aujourd’hui. Mais pour moi, si on regarde seulement l’intérêt d’Israël, il faut un gouvernement de droite très fort puis, comme je vous l’ai déjà dit, élargir le cercle. Nous serions heureux de cela.

Pensez-vous qu’il soit approprié que le statut pénal du Premier ministre et la possibilité de lui fournir l’immunité face aux poursuites fassent partie des pourparlers de coalition et des conditions préalables imposées aux partis pour intégrer cette dernière ?

Nous devons permettre au Premier ministre Netanyahu, comme nous le permettons à tout le monde, de prouver son innocence et rappeler à tous qu’il reste innocent tant qu’il n’est pas reconnu coupable.

Ce qu’on entend dans la presse, chez Kakhol lavan et dans les autres partis de gauche, c’est qu’ils ont déjà décidé de l’inculper.

Le premier ministre Benjamin Netanyahu est interviewé par Rina Mazliah sur la Douzième chaîne, le 14 septembre 2019. (Capture d’écran Douzième chaîne)

Ils l’ont d’ores et déjà reconnu coupable et ne lui ont même pas donné une chance juste et honnête de se défendre. Il y a une possibilité raisonnable que Netanyahu ne soit pas traduit en justice et notre recommandation, au Likud, ainsi que notre position très claire, c’est qu’il faut distinguer le processus judiciaire de ce qui est bon pour l’avenir de l’Etat d’Israël, pour nos enfants et nos petits-enfants.

Ainsi, de mon point de vue, il faut séparer les deux choses. Rappeler à tous que selon la loi, le Premier ministre Netanyahu peut continuer à officier à son poste même s’il est traduit en justice – ce qui n’est pas encore le cas et ce qui, je l’espère, n’arrivera pas – et permettre aux gens de se concentrer sur la manière de créer une coalition sans conditions préalables et à simplement nous rejoindre pour nous aider à gérer le pays.

Kakhol lavan a dit que le Likud resterait au gouvernement, quels que soient les résultats des élections, soit comme parti chargé de former la coalition ou comme parti qui les rejoindrait au sein d’un gouvernement d’unité nationale. Siégeriez-vous personnellement à un poste de ministre dans un gouvernement d’unité nationale sous l’autorité de Kakhol lavan ?

Je pense que c’est leur désir et leur rêve, mais les chiffres ne se prêtent pas à leur réalisation. Si on regarde les opportunités de création d’une coalition, Netanyahu est de loin celui qui a le plus de chances de créer et de gérer un nouveau gouvernement, une nouvelle coalition.

Kakhol lavan n’a aucune chance d’y parvenir sans le Likud. Ils ne pourront pas gérer le pays si le Likud ne se joint pas à eux.

Je pose donc la question… Est-ce que vous pourriez être ministre dans un gouvernement dirigé par Kakhol lavan ?

Non. La réponse est non. Nous ne siégerons que dans un gouvernement placé sous la direction de Netanyahu et du Likud. Point final.

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