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Nouveau coup bas pour étouffer la complicité des Polonais dans la persécution et l’assassinat des juifs pendant l’Holocauste

PUBLIÉ PAR JEAN-PATRICK GRUMBERG LE 1 JUIN 2023
Nouveau coup bas pour étouffer la complicité des Polonais dans la persécution et l’assassinat des juifs pendant l’Holocauste

Mardi, à l’Institut historique allemand de Varsovie, le professeur Jan Grabowski a donné une conférence intitulée « Le problème polonais (croissant) avec l’histoire de l’Holocauste ».

L’argument central de sa conférence – le problème de la Pologne avec sa responsabilité dans l’Holocauste – n’aurait hélas pas pu trouver une meilleure illustration de sa justesse : le politicien confédéré Grzegorz Braun a interrompu la conférence de l’historien et a hurlé : “Ça suffit. Sortez de Pologne !” en lui arrachant son système de sonorisation et brisant le micro du professeur.

Braun a envahi la conférence du professeur Jan Grabowski, l’un des plus grands et plus célèbres chercheurs polonais sur l’Holocauste. Il est monté sur le podium, a détruit le microphone du conférencier, renversé le matériel de sonorisation, insulté les hôtes de la réunion et le professeur. Braun a provoqué l’interruption de la conférence de l’historien et a crié : « Ça suffit. Sortez de Pologne ! »

« Ce micro aurait tout aussi bien pu être brisé sur ma tête. Je me sentais comme dans la Pologne des années 1930. Rien de tel ne m’est jamais arrivé », a déclaré plus tard M. Grabowski dans une interview accordée à « Gazeta Wyborcza ».

On peut dire que Braun a obtenu un « succès » : la conférence a été interrompue.

La police a été appelée sur place, ce qui n’a pas calmé l’ambiance.

« Partez ! Dégagez ! Allez-vous en de Pologne ! Sortez de Varsovie. Sors de Varsovie, provocateur ! Impudent provocateur, quelle impudence ! », hurla encore le politicien confédéré au professeur.

Plus tard, l’homme politique a déclaré que « les Allemands n’enseigneront pas aux Polonais l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ».

Il a déclaré, pour justifier son acte qui à lui seul confirme la thèse du professeur :

« J’ai agi dans un état de nécessité supérieure, parce que je considère qu’il est nécessaire de mettre fin à ce type de provocations contre la nation polonaise, quand une personne notoirement connue pour sa propagande historique anti-polonaise, malhonnête et contrefactuelle, décide de faire un récit dans lequel, comme d’habitude dans ses œuvres, les patriotes polonais sont considérés comme des méchants. Et je ne vais pas écouter passivement », a-t-il déclaré.

Le président de Yad Vashem, Dani Dayan, a réagit à l’agression et déclaré dans un communiqué :

« Cet incident représente un nouveau coup bas dans les tentatives d’étouffer toute discussion sur la complicité des Polonais dans la persécution et l’assassinat de leurs voisins juifs pendant l’Holocauste. Cet acte de vandalisme est plus qu’une ignoble attaque contre un universitaire de renommée internationale. Il s’agit d’une atteinte à la liberté académique, aux archives historiques et à la mémoire de l’Holocauste ».

Dans une société aussi profondément divisée politiquement que la Pologne, la falsification de l’histoire de l’extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale est devenue « l’un des rares domaines » où un « compromis permanent » a été achevé.

Complicité de Wikipedia

Ces dernières années, les domaines « traditionnels » d’attaque de l’histoire de l’Holocauste par la Pologne, tels que les menaces et la censure des articles de recherche, des livres, des journalistes ou des musées, ont été rejoints par des activistes numériques, principalement sur Wikipédia.

Shira Klein, professeur agrégé d’histoire à l’université Chapman, et Jan Grabowski, professeur d’histoire à l’université d’Ottawa, ont uni leurs efforts pour documenter la manière dont les nationalistes polonais ont pris le contrôle de la couverture par Wikipédia de l’histoire de l’extermination des Juifs en Pologne, en modifiant les documents pour glorifier l’héroïsme polonais et minimiser l’antisémitisme et la coopération avec les nazis.

« Il faut un effort herculéen pour contrer les récits trompeurs, et la fondation Wikimedia … doit prendre des mesures décisives pour défendre l’exactitude historique et sa propre réputation en tant que pourvoyeur de vérité », affirment M. Klein et M. Grabowski.

« Défier les déformateurs demande un temps monumental, plus que ce que la plupart des gens peuvent investir dans un passe-temps volontaire », écrivent-ils dans « Wikipedia’s Intentional Distortion of the History of the Holocaust« , publié dans le Journal of Holocaust Research.

« Peu de gens peuvent rivaliser avec les centaines d’heures que les rédacteurs de tendance nationaliste consacrent chaque année à Wikipédia.

Au cours de leur année la plus active, Piotrus a effectué 27 423 modifications, suivi par Xx236 (9 966), Volunteer Marek (9 450), MyMoloboaccount (5 598), Poeticbent (4 480) et GizzyCatBella (3 694). Ces chiffres sont stupéfiants si l’on considère que 96 % des rédacteurs de Wikipédia effectuent moins de 1 200 modifications par an ».

https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/25785648.2023.2168939

Quatre distorsions de la responsabilité des Polonais dans l’Holocauste dominent, écrivent les universitaires :

  1. Un récit de fausse équivalence suggérant que les Polonais et les Juifs ont souffert de la même manière pendant la Seconde Guerre mondiale,
  2. Un récit de fausse innocence, soutenant que l’antisémitisme polonais était marginal, et que le rôle des Polonais dans le sauvetage des Juifs a été immense,
  3. Des clichés antisémites insinuant que la plupart des Juifs soutenaient le communisme et conspiraient avec les communistes pour trahir les Polonais, et que les Juifs avides d’argent contrôlaient ou contrôlent toujours la Pologne, et
  4. L’affirmation que les Juifs portent la responsabilité de leur propre persécution.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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