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Prise de Palmyre, Père Jacques Mourad «ils ont tué beaucoup de gens en coupant leur tête. Priez pour nous!» (Europe Israël)

By 22 mai 2015Lève-toi !

Prise de Palmyre, Père Jacques Mourad «ils ont tué beaucoup de gens en coupant leur tête. Priez pour nous!»

Dans cette ville située à une centaine de kilomètres à l’ouest de Palmyre, des hommes en armes ont enlevé le prêtre chrétien Jacques Mourad. Cela annonce le pire.

La veille, il avait envoyé un message qui pourrait s’avérer sinistrement prémonitoire. «Les extrémistes de Daech s’approchent de notre ville. A Palmyre, ils ont tué beaucoup de gens en coupant leur tête. Priez pour nous, SVP.» Le Père Jacques Mourad a été enlevé jeudi dans son monastère de Mar Elias, à Qaryatayn, un gros bourg planté au milieu du désert syrien, à une centaine de kilomètres de Palmyre.

«Beaucoup d’hommes en armes sont arrivés cet après-midi. Ils l’ont mis dans un véhicule et sont repartis. Ils ont aussi pris sa voiture et son ordinateur. Depuis, nous n’avons aucune nouvelle de lui», déplore au téléphone Marie Rose, qui partageait au quotidien la vie de Mar Elias. Sous le choc, les membres de la petite communauté se sont réunis dans la cour centrale: craignant le pire, ils ont abandonné le monastère pour se réfugier chez l’habitant.

Fuite des chrétiens

La petite ville de Qaryatayn est-elle la prochaine dans la progression des djihadistes de l’Etat islamique (Daech)? Située sur la route aussi bien de Homs que de Damas, cette oasis, dont l’ancien nom (le Village des Sources, Haçar-Einôn) apparaît plusieurs fois dans la Bible, abritait quelque 30 000 habitants avant le début de la guerre. Ils sont pratiquement le double aujourd’hui, avec l’afflux de personnes déplacées par les combats.

«La plupart des chrétiens ont quitté la ville, poursuit Marie Rose, qui a elle-même fui Alep il y a un an. Pour nous, c’est de plus en plus difficile de nous sentir en sécurité ici

Le Père Jacques Mourad, un syriaque, ne voulait pas de cette fatalité. Venu à Qaryatayn il y a une dizaine d’années pour faire revivre le monastère, il multipliait les gestes de rapprochement entre les différentes populations. Avec le durcissement de la guerre, plusieurs centaines de personnes s’étaient réfugiées dans le monastère pour passer l’hiver. Enfants, femmes, hommes, chrétiens, musulmans, l’homme d’Eglise ne faisait aucune différence.

«Il a fait des appels de fonds pour leur venir en aide, pour amener des citernes d’eau, des générateurs, des outils d’agriculture, afin que ces gens puissent rentrer chez eux», explique Nadia Braendle, qui œuvre en Suisse au sein de l’association Les amis de Mar Moussa, du nom d’un autre monastère perché sur des falaises au nord de Damas. «Le Père Jacques est profondément Syrien en ce qu’il croit à la coexistence de tous. Tenace, lumineux, il est guidé par l’amour des gens.»

Otage libéré

Il y a quelque mois, Jacques Mourad est allé négocier auprès du Front Al-Nosra la libération d’un jeune homme que cet autre groupe islamiste détenait en otage. Aux côtés des notables de Qaryatayn, il a aussi obtenu un accord tacite entre l’armée syrienne et les groupes rebelles afin que tous épargnent le centre de la ville. L’armée fidèle au régime de Bachar el-Assad est retranchée dans une garnison à proximité. Les groupes islamistes, eux, pullulent tout autour.

Préparer le terrain

L’enlèvement de Jacques Mourad est-il l’annonce d’une volonté de Daech d’avancer en direction de la ville de Homs? «A chaque étape de leur progression, les gens de Daech sont accueillis par des sympathisants qui ont préparé leur arrivée», affirme un autre prêtre chrétien de la région. Une activation de «cellules dormantes» qui passe souvent par le «retournement» (c’est-à-dire par l’achat) des groupes islamistes rivaux, et qui s’accompagne souvent de la disparition de figures locales, responsables politiques, chefs de village, hommes d’Eglise, qui pourraient faire barrage à cette progression.

«Maintenant, nous ne savons que faire. Nous n’avons aucun endroit où aller», explique au téléphone Marie Rose. Nul bruit de combat ne secoue pour l’instant Qaryatayn. Mais la population reste terrée chez elle, comme tétanisée.

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