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QU’ELLE DEMEURE DANS LE SILENCE ! d’Elishéva Goël / Extrait N°2

By 30 avril 2021mai 7th, 2021Elishéva Goël, LECTURE QUOTIDIENNE

                                                 Chapitre 1

 

Aime ton prochain comme toi-même

Ce que tu veux que les autres fassent pour toi, fais-le de même pour eux

 

C’est donc à mes sœurs, les femmes, que je souhaite m’adresser au travers de ce livre. Bien que j’aie accumulé de nombreuses notes depuis des mois sur le sujet du ministère féminin, je me suis trouvée devant une évidence. Il me fallait commencer cette étude par une lecture tirée d’un livre que j’ai parcouru lors d’un récent séjour en France : Le monde comme il me parle d’Olivier de Kersauson.

« Notre ignorance est une vraie clef de lecture de ce que nous sommes. C’est l’une des clefs les plus indiscutables que je connaisse.

Construire une réflexion sur le savoir, c’est ouvrir les portes de l’erreur et de la vanité. Se glorifier, se nourrir du savoir (de son savoir) pour déclarer sa construction faite, c’est aussi ridicule, intellectuellement, que l’acquisition matérielle : dès lors que l’on commence à traiter les choses de l’esprit comme des biens matériels, on dénature l’essentiel de ce qu’est l’esprit. Si l’on pense posséder l’esprit à cause de nos connaissances ou des diplômes que l’on a acquis, on se trompe fondamentalement : c’est comme penser qu’on est riche en fonction de ce qu’on a. Le mécanisme est identique. Or, il ne s’agit pas d’avoir, il s’agit d’être.

De même qu’il y a plus de mer que de terre, il y a davantage d’ignorance que de savoir. On habite l’ignorance et non pas le savoir – qui est minuscule. C’est imparable.

Si l’on parle de savoir, alors on va dire que nous, les hommes blancs, on a su construire des fusées, piloter des avions… A côté de nous, les Noirs ne savent pas (on voit où ces raisonnements mènent, l’histoire l’a montré). Chaque fois qu’on va partir du savoir pour réfléchir, on va se tromper et ce sera l’impasse. Chaque fois qu’on va partir de l’ignorance, on va déboucher sur des choses généreuses et, surtout, réelles.

On ignore, par exemple, la souffrance de l’autre. On ne peut pas y accéder. Mais on peut en tenir compte. Il faut faire très attention. Ne pas ajouter du chagrin au chagrin. Je pense souvent à cela. Sur la route, en voiture, un type qui roule doucement devant nous, il est malvenu de le klaxonner car on ne sait pas quelle est la taille du fardeau qu’il porte. On n’a pas le droit d’en rajouter, même un gramme. Comme on ne sait pas la souffrance de celui qui est à côté de nous, qu’on ne peut pas la percevoir, il faut se comporter de telle façon que jamais notre attitude n’augmente cette souffrance. On doit s’interdire d’ajouter à la douleur de l’autre. Derrière un conducteur qui traîne manifestement sur une petite route, j’ai à choisir entre son sans-gêne et son désarroi. Je parie sur son désarroi – et je me trompe souvent !

On ne peut pas passer son temps à ne pas respecter autrui. Tôt ou tard, ceux qui n’ont pas respecté les autres s’en mordent les doigts – et ça n’est que justice. Moi, je ne suis pas, loin sans faut, obséquieux, mais je respecte l’autre. Je ne veux pas ajouter de souffrance à mon prochain, je le respecte. C’est un principe de délicatesse. Il faut prendre soin de ne pas humilier.

Je me souviens qu’un jour, j’allais déjeuner dans une brasserie branchée de Paris avec une amie, une jeune femme d’une vingtaine d’années. Un serveur assez âgé – il ne devait pas être loin de la retraite – vient à notre table, apporte nos plats et, maladroitement, laisse tomber à terre des couverts. La jeune femme qui m’accompagnait s’est levée pour les ramasser. Je me suis dit aussitôt que cette fille était vraiment quelqu’un de bien. Voilà la vraie bonne éducation. Pour moi, ce sont des choses capitales. Cette jeune femme avait réagi comme il fallait sans se moquer – comme l’auraient fait beaucoup d’autres. On pouvait penser, lorsqu’on voyait cet homme encore à la tâche à son âge, que la vie, sans doute, n’avait pas été très clémente avec lui. L’élégance, c’était de se lever et de ramasser. Oui, l’élégance. »

Aimer son prochain comme soi-même c’est, comme le dit l’auteur de ce texte, reconnaître sa petitesse et admettre qu’on ne sait pas tout. C’est aussi ne pas ajouter du chagrin au chagrin de l’autre, ni un fardeau à son fardeau. Et enfin, savoir se sacrifier soi-même, renoncer à sa bonne réputation, son image en société, pour avoir des gestes d’amour et de respect envers celui qui en a besoin à ce moment précisément, quoi que cela nous coûte. A mon sens, ce sont là les qualités primordiales pour servir Celui que nous honorons, le Seigneur créateur du ciel et de la terre.

Voici un exemple, l’exemple par excellence que l’on trouve dans la Bible, qui nous parle de ces qualités exceptionnelles qui vont dévoiler un cœur de servante (comme celui d’un serviteur, d’ailleurs, mais je me contenterai ici de parler aux femmes). Car il s’agit bien, selon D.ieu, et selon la conception que j’ai personnellement du service, de manifester du cœur envers l’autre.

                            « Abraham était vieux, avancé en âge ; et l’Éternel avait béni Abraham en toute chose.

Abraham dit à son serviteur, le plus ancien de sa maison, l’intendant de tous ses biens : Mets, je te prie, ta main sous ma cuisse ; et je te ferai jurer par l’Éternel, le D.ieu du ciel et le D.ieu de la terre, de ne pas prendre pour mon fils une femme parmi les filles des Cananéens au milieu desquels j’habite, mais d’aller dans mon pays et dans ma patrie prendre une femme pour mon fils Isaac.

Le serviteur lui répondit : Peut-être la femme ne voudra-t-elle pas me suivre dans ce pays-ci ; devrai-je mener ton fils dans le pays d’où tu es sorti ?

Abraham lui dit : Garde-toi d’y mener mon fils ! L’Éternel, le D.ieu du ciel, qui m’a fait sortir de la maison de mon père et de ma patrie, qui m’a parlé et qui m’a juré, en disant: Je donnerai ce pays à ta postérité, lui-même enverra son ange devant toi; et c’est de là que tu prendras une femme pour mon fils. Si la femme ne veut pas te suivre, tu seras dégagé de ce serment que je te fais faire. Seulement, tu n’y mèneras pas mon fils.

Le serviteur mit sa main sous la cuisse d’Abraham, son seigneur, et lui jura d’observer ces choses.

Le serviteur prit dix chameaux parmi les chameaux de son seigneur, et il partit, ayant à sa disposition tous les biens de son seigneur. Il se leva, et alla en Mésopotamie, à la ville de Nachor.

Il fit reposer les chameaux sur leurs genoux hors de la ville, près d’un puits, au temps du soir, au temps où sortent celles qui vont puiser de l’eau. Et il dit : Éternel, Dieu de mon seigneur Abraham, fais-moi, je te prie, rencontrer aujourd’hui ce que je désire, et use de bonté envers mon seigneur Abraham !

Voici, je me tiens près de la source d’eau, et les filles des gens de la ville vont sortir pour puiser l’eau. Que la jeune fille à laquelle je dirai : Penche ta cruche, je te prie, pour que je boive, et qui répondra : Bois, et je donnerai aussi à boire à tes chameaux, soit celle que tu as destinée à ton serviteur Isaac ! Et par là je connaîtrai que tu uses de bonté envers mon seigneur. Il n’avait pas encore fini de parler que sortit, sa cruche sur l’épaule, Rebecca, née de Bethuel, fils de Milca, femme de Nachor, frère d’Abraham. C’était une jeune fille très belle de figure ; elle était vierge, et aucun homme ne l’avait connue. Elle descendit à la source, remplit sa cruche, et remonta. Le serviteur courut au-devant d’elle, et dit : Laisse-moi boire, je te prie, un peu d’eau de ta cruche.

Elle répondit : Bois, mon seigneur. Et elle s’empressa d’abaisser sa cruche sur sa main, et de lui donner à boire. Quand elle eut achevé de lui donner à boire, elle dit : Je puiserai aussi pour tes chameaux, jusqu’à ce qu’ils aient assez bu. Et elle s’empressa de vider sa cruche dans l’abreuvoir, et courut encore au puits pour puiser ; et elle puisa pour tous les chameaux.

L’homme la regardait avec étonnement et sans rien dire, pour voir si l’Éternel faisait réussir son voyage, ou non.

Quand les chameaux eurent fini de boire, l’homme prit un anneau d’or, du poids d’un demi sicle, et deux bracelets, du poids de dix sicles d’or. Et il dit : De qui es-tu fille ? dis-le moi, je te prie. Y a-t-il dans la maison de ton père de la place pour passer la nuit ?

Elle répondit : Je suis fille de Bethuel, fils de Milca et de Nachor. Elle lui dit encore : Il y a chez nous de la paille et du fourrage en abondance, et aussi de la place pour passer la nuit.

Alors l’homme s’inclina et se prosterna devant l’Éternel, en disant : Béni soit l’Éternel, le Dieu de mon seigneur Abraham, qui n’a pas renoncé à sa miséricorde et à sa fidélité envers mon seigneur ! Moi-même, l’Éternel m’a conduit à la maison des frères de mon seigneur. » (Genèse 24 : 1-27).

Je pourrais m’arrêter là. Ces lectures sont parlantes, au-delà de tout, pour nous faire comprendre ce que l’Eternel, notre Père, attend de nous. Il ne s’agit pas de considérer le ministère, contrairement à ce que l’on voit partout, comme une manifestation d’un charisme particulier, d’un don pour la parole ou pour la conduite d’une assemblée, ni surtout la manifestation d’un esprit supérieur (« moi, je sais ! »), d’une autorité humaine capable d’avoir une influence sur les âmes, ni encore moins d’une volonté humaine personnelle d’exercer cette influence sur les autres. Ce que j’ai vu bien souvent partout dans le milieu des dits « serviteurs et servantes » de D.ieu.

Non, il s’agit avant tout de considérer le ministère comme une émanation du cœur, un cœur comme celui de Rivka, pleine de ‘hessed (bonté, générosité), qui donnait sans compter (pensez donc, dix chameaux à abreuver !) et sans attendre en retour une récompense. Un cœur qui donne avec joie et empressement, sans qu’on le lui demande… Bien que le cœur ne suffise pas, car il faut aussi être passé par la mort à soi-même qui conduit à l’obéissance au Maître, en vue d’accomplir les œuvres qu’Il a préparées d’avance pour nous.

Ceci étant, on pourrait dire que chaque croyant est appelé à ce service-là, sans qu’il soit nécessaire de parler de ministère. Les gens qui nous entourent ont besoin de voir Christ en nous (« J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vit, c’est Christ qui vit en moi. » Gal. 2 : 20) et pas d’entendre nos théories ni voir notre agitation. Je parle d’agitation car je considère que bien souvent ceux qui disent servir D.ieu le font dans un état d’esprit charnel, pour se faire voir ou pour se prouver à eux-mêmes qu’ils sont des personnes de qualité, ayant été remarquées par D.ieu pour leurs mérités personnels.

Or, qu’est-ce qu’être serviteur ? C’est servir son maître. C’est être humble comme l’était le Seigneur Yeshoua Lui-même, servir sans attendre de récompense (Phil. 2 : 3-11 : « Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de D.ieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec D.ieu, mais s’est dépouillé Lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, Il s’est humilié Lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix.

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Lève-toi ! / Etz Be-Tzion
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