Combien de fois avez-vous lu des informations de ce genre sans vous y attarder?
Tenez, la semaine dernière. Le Hamas tire six roquettes, dôme de fer en abat cinq, la sixième tombe en plein champ. Pas de victime. Circulez il n’y a rien à voir. En France la presse enchaine sur le fait que le tir était en réponse au raid israélien à Naplouse le jour précédent. De fait, cette réponse était attendue, et les habitants de Gaza se préparaient à l’éventualité de bombardements israéliens en cas de tirs de roquettes.
Ce que la presse ne dit pas, c’est que de l’autre côté de la frontière – une frontière internationalement reconnue, Israël s’est retiré unilatéralement de la Bande de Gaza en 2005 – dans les villes et les villages israéliens limitrophes les habitants étaient eux aussi en état d’alerte. Parce que si la réplique israélienne était dirigée contre des sites militaires du Hamas, les tirs de cette organisation terroriste visaient expressément les populations civiles. Comme d’habitude.
Qui s’aventure dans ces villes et villages rencontre au détour d’une rue ou sur une place, dans un jardin ou un carrefour ou même en plein champ, d’étranges blocs de ciment. Ce sont des abris préfabriqués destinés à offrir une protection aux passants surpris par une alerte et qui n’ont pas le temps de rentrer chez eux. On sait qu’en fonction de la proximité de la frontière les gens ne disposent que de quelques secondes à une ou deux minutes pour courir se mettre à l’abri. Pas toujours faciles pour les moins jeunes et les personnes à mobilité réduite. Chutes et accidents mineurs arrivent fréquemment. Aux conducteurs surpris au volant il est conseillé de sortir de leur véhicule et de se coucher au sol, sur le ventre, les mains sur la tête pour se protéger.
Certes le « dôme de fer » intercepte pratiquement toutes les roquettes mais il peut y avoir des exceptions et de toute façon, tombant au sol des débris de cette interception peuvent avoir un impact mortel. Dans les bâtiments officiels il y a obligatoirement un espace protégé. C’est aussi le cas dans les écoles, et des exercices d’évacuation rapide ont lieu périodiquement.
La situation est nettement plus dramatique la nuit. Réveillés en sursaut, les parents doivent se précipiter pour prendre leurs jeunes enfants en pleurs et les conduire à la pièce aménagée au sous-sol et censée résister à l’impact d’un missile. Souvent, l’alerte terminée, ils y passent le reste de la nuit. Bien sûr, là encore, les personnes âgées, prises de panique, trébuchent parfois avec des conséquences plus ou moins graves. Il arrive aussi qu’au petit matin, la famille hébétée découvre que le pire a été évité de justesse : toit éventré, vitres ayant volé en éclats, voiture endommagée. Des mécanismes ont été mis au point pour compenser ces dégâts matériels dont les agences de presse étrangères font rarement mention.
Ce qui ne peut hélas être compensé, c’est la souffrance des enfants, le traumatisme de ces nuits d’angoisse, d’une existence où le danger est quotidien, où l’alerte peut se déclencher à tout moment.
Mais c’est en vain que vous attendrez un reportage sur ce sujet. Pensez-y la prochaine fois que l’on vous dira que les roquettes du Hamas n’ont fait ni victimes ni dégâts.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Michèle Mazel pour Dreuz.info.
Oui , nous savons que la presse en France et dans bien des pays, n’est pas libre. Elle est orientée, » on ne parle pas de ce qui pourrait déranger les instances qui gouvernent ! » Que ces enfants, ces personnes âgées, ces familles puissent un jour se reconstruire de tous ces traumatismes !